Les points de vue sur la Vltava à Prague
Peu de villes au monde offrent des décors fluviaux aussi divers que les vues sur la Vltava à Prague. Sur 26 km, on voit alterner des îles, des ponts, des pics rocheux et, bien évidemment, la silhouette unique du Château de Prague, ainsi que les innombrables tours d’église qui ont valu à la capitale tchèque le surnom de « ville aux cent clochers ». C’est en prenant de la hauteur sur l’une ou l’autre des rives qu’on apprécie le mieux ces panoramas variés.
Aussi exhaustive qu’elle soit, notre liste de points de vue sur la Vltava à Prague est forcément incomplète. Puisque même une promenade sur les quais offre des vues magnifiques... Et si certains panoramas sont tellement prisés qu’il faut parfois y faire la queue parmi d’autres groupes pour pouvoir prendre une photo souvenir, d’autres permettent au contraire d’y rester jusqu’à obtenir le plus parfait des selfies. Dans tous les cas, ces points de vue sont facilement accessibles, en transports en commun ou autrement.
La petite Vltava et la grande Berounka
En certains endroits de la capitale tchèque, les rives de la Vltava sont éloignées l’une de l’autre de cinquante mètres seulement. Mais ailleurs, la largeur de son lit est multipliée par dix... Là où la Vltava pénètre sur le territoire de la ville de Prague, seulement un kilomètre et demi après le barrage de Vrané nad Vltavou, la rivière semble un peu étouffée entre les coteaux de Zvolské homole et les pentes de la carrière de Zbraslav, où la pierre est extraite depuis plus de cent ans. Non loin de la zone interdite au public se trouve un ancien village minier, Baně, d’où un sentier balisé bleu mène à la limite de la carrière. Le point de vue Vyhlídka na Zvolskou homoli est le seul endroit du secteur d’où l’on peut voir de façon légale la vallée de la Vltava, en s’éloignant de quelques mètres du sentier.
Après Zbraslav, entre les quartiers de Lahovice et Komořany, la Vltava ressemble plutôt à un petit filet d’eau... qui peut néanmoins se transformer en véritable lac en cas de crue. Depuis la petite tour du pont de Lahovice, on peut voir le confluent de la Vltava et de la Berounka. Et bizarrement, l’affluent qui vient de l’ouest de la Bohême est bien plus large que la rivière dans laquelle il se jette... Au niveau de la voie d’accès au pont, côté Lahovice, un monument honore la mémoire des victimes du massacre de Lahovice. La Vltava s’écoule paresseusement jusqu’à l’hippodrome de Chuchle et à la réserve naturelle Chuchelský háj, avant de parvenir à une section de rivière bordée d’un côté par les pentes raides de la colline Děvín, et de l’autre par les rochers abrupts de la réserve naturelle Branické skály.
Le 7 mai 1945, un affrontement sanglant entre les unités SS en retraite et les insurgés, aidés par les membres de l’Armée de libération russe, s’est inscrit dans l’histoire sous le nom de massacre de Lahovice. Les Allemands ont fini par s’emparer du pont stratégique sur la rivière Berounka. Quelque 16 membres de l’Armée de libération russe y ont laissé leur vie, ainsi que 41 habitants de Lahovice, tués en représailles par les SS une fois la bataille terminée.
Un coin pique-nique parfait
La végétation steppique de la colline de Děvín (310 m) en fait un territoire en partie protégé, compris dans la réserve naturelle Prokopské údolí et le monument naturel Ctirad. C’est ici qu’aurait eu lieu la sanglante « guerre des filles » (« dívčí válka ») : d’après la légende tchèque, après la mort de la fondatrice de Prague, la princesse Libuše, une certaine Vlasta aurait fédéré autour d’elle toutes les femmes du pays et mené une guerre de sept ans contre les hommes. Elle se serait terminée dans le sang des jeunes filles.
Par beau temps, les Pragois sont nombreux à venir profiter, à l’occasion d’une promenade ou d’un pique-nique, de la vue sur la Vltava et l’église de Zlíchov ainsi que, sur la rive opposée, les gratte-ciel de Pankrác, le quartier de Podolí et les rochers de Braník (Branické skály). Les pentes de la colline Děvín sont visiblement calcaires, et non loin de là, le géologue et chercheur français Joachim Barrande a trouvé, en 1833, ses premiers fossiles tchèques de trilobites et de céphalopodes.
De l’autre côté de la Vltava, les rochers de Braník (Branické skály), eux aussi calcaires, sont un lieu de promenade tout aussi populaire. Mais leur passé récent est plus sombre : pendant la Seconde Guerre mondiale, l’armée allemande avait construit une usine secrète à l’intérieur de ces roches. En haut des rochers de Braník, le parc forestier Dobeška offre une belle vue sur la capitale, notamment grâce au petit belvédère en bois qui y a été construit par l’architecte David Vávra, également cofondateur du légendaire théâtre Sklep, qui ne se trouve d’ailleurs pas bien loin.
Des châteaux de part et d’autre
Alors qu’au sud de Prague, les rives de la Vltava sont le domaine des cyclistes et des patineurs, plus en aval, là où la rivière a joué au Moyen Age un rôle historique dans le développement des premiers quartiers de la ville, ce sont les piétons qui dominent : par beau temps, les quais entre Vyšehrad et la Vieille-Ville sont pris d’assaut. Au niveau de Vyšehrad, les rochers ne laissaient pas le choix : pour qu’une route puisse longer la rivière, il fallait un tunnel – qui a été percé au début des années 1920.
En hauteur, le château des Přemyslides surveillait l’accès à la ville. Les ruines dites des « bains de Libuše » ont été construites dans le cadre des fortifications édifiées sous le règne de Charles IV. Aujourd’hui, outre la basilique Saint-Pierre-et-Saint-Paul, Vyšehrad doit son caractère aux imposantes murailles de la forteresse, qui datent du XVIIe siècle. Les bastions qui s’en dégagent offrent des vues imprenables sur les ponts de Prague, le Château ainsi que la rivière entre Podolí et Smíchov, avec l’île Veslařský entre les deux berges.
Même en plein centre-ville, dans le quartier de Letná, par exemple, on trouve de beaux points de vue sur la rivière et ses ponts.
A Letná, des points de vue branchés... depuis le XIXe siècle
Entre 1891 et 1916, il était possible de venir à Letná en funiculaire, qui faisait le lien avec le premier tramway électrique conçu par František Křižík. Entre les deux guerres mondiales, c’est un escalator qui permettait de monter jusqu’au parc de Letná. Sous le régime communiste, Letná s’est à nouveau trouvé sous les feux de la rampe avec l’immense monument à Staline qui y a trôné de 1955 à 1962. C’était également le lieu de rassemblement des foules lors des immenses défilés du 1er mai.
Aujourd’hui, on y vient en promenade, ou pour boire une bière à côté du château de Letná (Letenský zámeček). A l’ouest du parc se trouve le pavillon Hanavský qui, tout comme le funiculaire, a été construit à l’occasion de l’exposition universelle de Prague, en 1891. Tout proche du pavillon, une plateforme offre une vue magnifique sur la Vieille-Ville et la Vltava.
A l’endroit du monument à Staline – qui était à l’époque le plus grand ensemble de statues en Europe – aurait dû être construit un monument honorant la libération de la Tchécoslovaquie, mais il n’a jamais vu le jour. Néanmoins, le socle resté en place est depuis longtemps très apprécié des skateurs. Depuis 1991, il est surmonté d’un monumental métronome.
Œuvre du sculpteur et représentant de l’art cinétique Vratislav Novák, le Métronome mesure (avec son pendule) 25 mètres de hauteur. Il y a encore quelques années, c’était de là qu’était tiré le traditionnel feu d’artifice du jour de l’An.
Depuis les escaliers du château de Letná, on a une vue sur la Vltava traversée par le pont Svatopluk Čech. Un peu plus à l’est, la terrasse du pavillon EXPO 58 offre quant à elle une vue sur l’île de Štvanice et sa petite centrale hydroélectrique.
Des rochers noirs et blancs
Dans le quartier de Libeň, à l’est de Prague, deux points de vue aux noms antinomiques se trouvent de part et d’autre de la rue Bulovka : Černá skála (rocher noir) et Bílá skála (rocher blanc). Tous deux offrent des vues sur le visage changeant du quartier autrefois très populaire, au charme rétro il y a encore peu, et qui voit aujourd’hui pousser des complexes résidentiels haut de gamme.
Un décor sauvage au nord de Prague
Au nord de la capitale, la Vltava passe devant le zoo avant de couler à nouveau entre rochers et collines, comme au sud de la ville. On trouve là des points de vue dont certains s’élèvent à 80 m au-dessus de la rivière. Avec ses ruines qui ont autrefois accueilli un pressoir à vin, et peut-être même une chapelle, le point de vue Baba est sans doute le plus connu de ces panoramas. Le bâtiment a été modifié à l’époque romantique, et il évoque donc plutôt un petit château. En contrebas, la Vltava est divisée en deux bras par l’île impériale (Císařský ostrov), sur laquelle se trouve une station de traitement des eaux usées.
De l’autre côté du monument naturel Baba, on voit la fin de la vallée Šárecké údolí et, de l’autre côté, la formation Podbabské skály, très peu fréquentée. A cet endroit, la rivière est traversée par le bac, qui relie donc Podbaba au quartier de Podhoří. Plus loin au nord, un méandre de la Vltava accueille côté ouest le quartier de Sedlec, tandis que la rive opposée est extrêmement escarpée. Sur les hauteurs de Bohnice se trouvait autrefois la forteresse Na Farkách, d’où rien de ce qui passait sur la rivière ne pouvait échapper aux habitants d’alors. Ce n’est pas là le seul point de vue du quartier : pour les couchers de soleil, le point de vue qui se trouve derrière le terrain de softball est particulièrement apprécié.
De l’autre côté, les rochers schisteux de Sedlec offrent une belle vue, en dépit de la tragédie qui y a eu lieu en 1975, lorsqu’un avion s’y est écrasé. Faisant 79 victimes, il s’agit de l’accident aérien le plus meurtrier sur le territoire tchèque. Après l’embouchure du ravin Drahanské rokle, la Vltava entre dans la région de Bohême centrale, sortant ainsi des limites territoriales d’une grande ville qui n’aurait sans doute jamais vu le jour sans elle.
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