Prague : « Trouver son chant », une résidence d’été d’artistes français et tchèques
Un symposium d’artistes français et tchèques a été organisé cette semaine à Prague. A partir de ce jeudi et jusqu’à fin août, leurs travaux sont exposés dans le cloître du monastère Emmaüs au terme de huit jours de création.
L’initiative du projet remonte à une trentaine d’année, en 1986, lorsque deux amies, la Tchèque Lucie Crocro et la Française Anne Sarrazin participent à un échange entre leurs classes des Ecoles des Beaux-Arts de Prague et de Paris. Depuis, les amis se réunissent lorsqu’ils le peuvent, laissant le temps de quelques jours, leur métier principal, afin de créer ensemble des projets. À l’été 2022, à Bergerac, en France, les sept artistes étaient réunis pour un projet similaire de création commune. Aujourd’hui, ils réitèrent l’expérience, ici, à Prague.
Veronika Doutlíková nous décrit son œuvre faite à partir d’un papier utilisé pour les ordinateurs. Une œuvre éphémère conçue spécialement pour l’exposition et composée en direct sous le regard des invités :
« Je travaille sur un papier thermique dont l’image apparaît avec le changement de chaleur et de réaction chimique. C’est un support assez faible qui disparaît. Il laisse passer la lumière du soleil. Cette technique éphémère montre la vanité. Ce qui m’intéresse est qu’elle ne reste pas. La technique apprend à ne pas apprivoiser la chose, à ne pas la garder comme une toile. Le tableau reste normalement, mais ce type de papier disparaît. »
Une autre œuvre est un concept de décor. Hissée en hauteur dans la deuxième pièce d’exposition, devant le vitrail qui laisse passer la lumière, une voile se présente au premier regard dans ce lieu. Son auteure Agnès Badiche explique :
« Je prépare des peintures dans le cadre d’un spectacle sur un bateau à Bordeaux, en France. Je vais peindre sur la grande voile du bat`eau. Une danseuse, des musiciens et des conteurs seront aussi présents. Le spectacle partira de Bordeaux à Lisbonne, où il sera rejoué au Portugal. La toile représente la danseuse en mouvement qui se transforme progressivement en monstre marin. Chaque posture devient un monstre marin comme le crabe, un dragon, une pieuvre, etc. L’image du corps qui se transforme pris par la tempête. Une autre peinture montre la fin du spectacle. Le personnage s’envole rempli d’énergie du soleil. Il emmène avec lui ses pensées positives. »
A l’origine de ce projet artistique franco-tchèque, Anne Sarrazin, nous présente, à son tour, son œuvre créée lors du symposium de Prague :
« Mon travail est aujourd’hui en noir et blanc. Il s’inspire de la nature et d’une idée du mouvement du vent ou de la lumière dans les arbres. L’émotion que me procure cette vision, j’essaye de la capter d’abord et de la transcrire par différents procédés graphiques, picturales et même textiles, car je présente aussi des pièces textiles qui, exposées dans l’espace de cette salle, vont créer un effet visuel particulier (…).
Les œuvres d’Anne Sarrazin, Veronika Doutlíková, Lucie Crocro, Michal Bouzek, Agnès Badiche, Václav Krejčí et Xavier Rautureau sont exposées jusqu’à fin août au monastère Emmaüs, Palackého náměstí. L’entrée est libre.