Fête nationale : le lieutenant des soldats français sauvés par Petr Pavel invité à la cérémonie
Eric Zanolini sera parmi les participants à la cérémonie au Château de Prague ce 28 octobre, 30 ans après avoir été sauvé par Petr Pavel et ses hommes en ex-Yougoslavie.
Vous aviez raconté sur nos ondes votre première rencontre avec Petr Pavel en ex-Yougoslavie. Qu'est-ce qui vous amène à Prague aujourd'hui ?
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Eric Zanolini : « Je suis venu initialement pour voir mon fils qui est Saint-Cyrien en 3e année et qui est actuellement en stage scientifique à Brno. Et bien évidemment, j'ai repris contact avec mon ami Petr Pavel qui est le président de la République maintenant. »
Comment s'est passé votre rencontre avec le chef de l’État ?
« C'était très sympathique. Nous avons eu droit avec mon épouse et mon fils à une visite du château et ensuite un dîner privé. On a pu un peu raconter nos campagnes et échanger sur divers sujets.»
Comme l'avez-vous trouvé, il a changé maintenant qu'il est chef de l'État ?
« Je ne l'ai pas trouvé changé, je l'ai trouvé assez détendu alors que je pense qu'en ce moment il doit avoir un timing un peu serré, surtout avec la fête nationale demain, mais il était vraiment décontracté. »
Vous êtes invité au Château pour la cérémonie, qu'est-ce que vous en attendez ?
« Le hasard a fait que nous venions à Prague à cette période. Je ne savais pas que c'était la fête nationale, l’anniversaire de la fondation de la Tchécoslovaquie. Et donc nous avons été invités, je crois que c'est une très belle opportunité donc je suis très honoré, mon épouse aussi et surtout mon fils, de découvrir les fastes du château et de découvrir une cérémonie fondatrice. »
Est-ce qu'il y a un lien avec le fait que votre fils face cet échange avec Brno et votre expérience personnelle avec le président Petr Pavel ?
« Pour moi non, dans la mesure où mon fils avait à choisir entre pour son stage international des destinations qui compatibles avec son projet scientifique. Mais il est possible que dans son inconscient… En tout cas il ne me l'a pas dit. »
Est-ce que vous avez gardé des contacts avec d'autres soldats que Petr Pavel après cette aventure en commun tragique dans l'ex-Yougoslavie il y a 30 ans ?
« Les contacts sont des contacts avec les soldats français qui étaient présents à l'époque et le major Petr Pavel que j'avais connu à l'époque et dont j'avais retrouvé les coordonnées quand j'étais en Afghanistan. »
Il faut rappeler que lors de cet épisode tragique, deux de vos soldats sont morts. Est-ce qu'on peut rappeler leur nom, 30 ans après ?
« Oui alors c'est le sergent-chef James Canavese et il a donné son nom assez rapidement à une promotion d'élèves sous-officiers de Saint-Maixent et le 28 juillet dernier, donc 30 ans après, l'adjudant en chef Patrick Rodange a donné son nom à une promotion de sous-officiers aussi à l'École Nationale de formation des sous-officiers de Saint-Maixent. »
Un moment déterminant dans la carrière de Petr Pavel
Cet épisode dans lequel l'actuel président Petr Pavel a joué un rôle actif pour sauver des soldats français est un moment très important dans sa carrière selon les analystes et même selon sa page wikipédia. Est-ce que pour vous ça a été un moment déterminant qui l’a amené ensuite à la direction de l'OTAN puis aujourd'hui à la présidence de la République ?
« Je ne pense pas que ce soit suffisant mais je pense qu'effectivement c'est un élément ou une action dans laquelle il a pu prouver sa qualité mais bon, je pense qu'il faut aussi d'autres qualités en particulier intellectuelles et morales pour poursuivre le beau cursus qu'il a eu. »
Quand vous dites que vous avez retrouvé son contact après, c'est donc vous qui avez fait la première démarche - comment ça s'est passé ?
« Oui c'est à dire qu’étant en Afghanistan, j'ai eu contact avec des forces spéciales tchèques et quand j'ai demandé des nouvelles du major Petr Pavel, on me dit ‘mais c'est notre général commandant les forces spéciales en opérations spéciales !’. Donc j'ai repris contact avec lui à ce moment-là, c'était en 2006. »
L'Afghanistan, où des soldats Tchèques sont également tombés dans les années où ils étaient présents sur place. Quand deux anciens soldats se croisent comme ça pour un dîner au Château de Prague, est-ce qu'ils parlent des guerres actuellement en cours et hélas trop nombreuses ?
« Non, je pense que le président a fait un break, on n’en a pas parlé. »
Quand vous le recroisez comme ça vous parlez de ce qui s'est passé, il y a 30 ans ?
« Nous en avons reparlé quand il est venu en Corse mais bon, ce n'est plus un sujet d'actualité, voilà ça reste enfoui dans nos cœurs. »
Est-ce que c'est un épisode que vous avez raconté à votre fils ici ?
« Oui, j'ai dû le raconter à mes fils parce que d'abord ils ont embrassé la carrière militaire et puis ils en ont entendu parler donc forcément, ils m'ont questionné. »
Est-ce que, de vos anciens collègues en uniforme, d'autres ont connu Petr Pavel ?
« Oui, il y en a un en particulier qui lui a remis sa décoration - la croix de la valeur militaire à Prague -, pas longtemps après les événements. J'aurais bien aimé lui remettre à sa place, puisque c'était moi qui avais demandé cette décoration, mais c'est comme ça... »