She AI : un hackathon inclusif organisé par la French Tech Prague
L’intelligence artificielle se développe à une vitesse fulgurante et devient progressivement un outil incontournable au quotidien, dans le monde professionnel comme dans la vie de tous les jours. Dans ce contexte, le hackathon She AI, organisé ce week-end par la French Tech Prague, émerge comme une initiative novatrice dont le but est d’inclure les femmes dans le domaine des nouvelles technologies en les initiant à l’utilisation des outils de l’intelligence artificielle, domaine encore nettement dominé par les hommes. En effet, les femmes y sont largement sous-représentées, tant au niveau universitaire que dans le milieu professionnel : en Tchéquie, elles ne représentent ainsi que 11% du personnel du secteur, ce qui constitue le plus faible pourcentage d’Europe.
Tout d’abord, qu’est-ce qu’un hackathon ? C’est un événement où des individus, des développeurs, se rassemblent en équipes pendant quelques jours pour créer une preuve de concept, l’ébauche concrète d’’un projet. Cela offre aux participantes l’’opportunité de travailler en équipe et de réfléchir à tous les aspects d’une idée, de la conceptualisation à la réalisation. Le hackathon implique d’être rapide et efficace dans la création d’un outil, d’un produit, d’un service ou d’une idée, avec l’objectif qu’il puisse potentiellement être utilisé par d’autres. En plus de développer des compétences pratiques, les participantes apprennent à présenter et à défendre leurs idées, leur pertinence et leur utilité. En réunissant des individus dans un environnement créatif, le hackathon favorise la génération rapide de projets informatiques innovants et certains projets issus de hackathons ont même donné naissance à des entreprises importantes dans le monde de la tech aujourd’hui.
L’objectif de ce hackathon était donc d’ouvrir la voie aux femmes intéressées par le sujet en leur permettant de se rencontrer et de s’entraider pour développer leurs idées. Véronique Debord-Lazaro, attachée de coopération scientifique et universitaire à l’Institut Français de Prague, explique la visée de ce hackathon au micro de Radio Prague International :
« Notre objectif, c’est de permettre à ces jeunes et moins jeunes femmes de s’approprier les outils de l’intelligence artificielle qui sont désormais présents dans nos vies de manière très importante. Le secteur de la tech en général est un secteur qui est extrêmement masculin, et c’est encore plus vrai en Tchéquie, qui est le pays européen ayant le plus faible pourcentage de filles travaillant dans le domaine de la tech. C’est très important de pouvoir créer des espaces qui permettent aux femmes de se sentir à l’aise, sur un sujet qu’elles ne maîtrisent traditionnellement pas et sur lequel elles sont peu représentées. Cela leur permettra ensuite de se positionner sur des hackathons mixtes, ouverts à tout le monde. L’idée, c’est d’offrir une première expérience dans un secteur où elles sont sous-représentées. »
Le hackathon She AI a donc pour but d’encourager les femmes à se lancer dans le domaine de l’intelligence artificielle et de la programmation. Hind Dadoun, spécialiste de l’intelligence artificielle et de l’utilisation de ces technologies dans le domaine médical, est venue de Paris spécialement pour l’occasion afin d’accompagner les participantes du hackathon en apportant son expérience et ses connaissances en la matière.
« C’est important qu’elles soient représentées dans les entreprises et dans les décisions qui sont prises, on représente quand même la moitié de la population sur terre ! Ces événements-là en particulier sont importants car on montre des exemples de femmes qui sont dans le domaine de la tech, des IA, et ça permet de réduire la crainte qu’on a quand on ne connaît pas le sujet. Tous les ‘role-models’ qu’on a sont des hommes, on se dit que ce n’est pas fait pour nous alors que des événements comme ça montrent que des filles font de l’IA, qu’elles adorent ça, que ce n’est pas uniquement pour les hommes. On nous a dit toute notre vie que ce n’était pas intéressant pour nous donc je trouve ça très cool de montrer l’exemple et d’avoir de plus en plus de femmes qui sont représentées. »
Cédric Maloux, co-président de la French Tech Prague et animateur de ce hackathon, insiste de son côté sur la nécessité de sensibiliser au plus grand nombre à l’utilisation de l’intelligence artificielle au vu du contexte actuel :
« Quand vous avez une équipe de développeurs uniquement composée d’hommes vous ratez la moitié de la population en termes d’utilisateurs. L’intelligence artificielle va devenir incontournable dans les années qui viennent donc il est important de l’appréhender et le meilleur moyen de le faire est de mettre les mains dans le cambouis. Faire un hackathon à destination des femmes sur l’IA, c’est leur donner l’opportunité de travailler avec des outils IA, de les découvrir tout en travaillant sur des idées qui les intéressent. »
Pour Magali Voisin-Ratelle, directrice de Business France République tchèque et membre fondateur de la French Tech Prague, qui a décidé de participer elle-même au hackathon, l’objectif est d’en ressortir avec une connaissance plus fine des outils de l’intelligence artificielle qu’elle ne maîtrise pas assez, selon elle, dans l’espoir d’améliorer son quotidien professionnel, mais aussi personnel. Le hackathon a donc pour objectif de promouvoir l’utilisation de l’intelligence artificielle en tant qu’outil en permettant aux participantes de se les approprier autour d’un projet concret.
Au-delà de cet aspect, She AI revêt également un caractère presque diplomatique, puisque c’est la concrétisation de la collaboration entre la France et la Tchéquie dans le domaine de l’intelligence artificielle, secteur dans lequel les deux pays excellent à l’échelle européenne et dont la coopération est essentielle pour faire face aux géants de la technologie, chinois et américains notamment.