Avortement par erreur à Prague : la direction de l’hôpital explique la faute de ses employés
Un accident peu banal s’est produit récemment à l’Hôpital universitaire de Bulovka à Prague. Lundi 25 mars, un avortement a en effet été effectué par erreur sur une femme enceinte en bonne santé venue pour un examen de routine. Selon la direction de l’hôpital, qui s’est exprimée sur cette affaire jeudi 4 avril, deux employés ont confondu la victime avec une autre patiente qui devait subir un curetage, une voie chirurgicale de l’avortement.
L’erreur est humaine, selon la célèbre locution, et aussi graves ses conséquences puissent-elle être, comme dans le cas de cet avortement réalisé sur une femme enceinte en bonne santé à l’Hôpital universitaire de Bulovka à Prague, elle n’en reste pas moins une erreur. Pour autant, la faute commise, même si elle ne devait plus se reproduire, peut-elle être excusée ? Est-elle pardonnable ?
C’est une des principales questions que pose cette affaire de confusion de deux femmes enceintes, et à laquelle s’efforce depuis de répondre la direction de l’hôpital, et ce bien que le ministère de la Santé, la semaine dernière, ait rapidement réagi à l’annonce de cette tragédie en la qualifiant de « défaillance inexcusable du facteur humain ». De même, vendredi dernier, la police a informé qu’une enquête pour coups et blessures involontaires avait été ouverte et qu’elle avait été contactée par l’avocat de l’une des victimes.
En attendant de savoir quelle suite sera donnée à cette enquête, alors que la volonté des différentes parties concernées semble être de trouver un accord à l’amiable, lors de la conférence de presse qui s’est tenue jeudi, soit donc une dizaine de jours après l’accident, Jan Kvaček, directeur de l’hôpital, a confirmé qu’une erreur d’inattention de deux employés était à l’origine de l’accident :
« Ce qui ressort de la première partie de l’analyse que nous avons menée, c’est qu’il ne s’agit pas d’une défaillance des procédures appliquées à l’hôpital, mais malheureusement d’une erreur humaine en raison de laquelle les procédures de contrôle habituelles n’ont pas fonctionné comme elles le devraient et ont entraîné cette confusion. Certaines circonstances, notamment la barrière linguistique, peuvent expliquer partiellement les choses, mais le plus important reste que les procédures n’ont pas fonctionné en raison de cette erreur. »
Les deux femmes sont des ressortissantes étrangères d’origine asiatique qui possèdent, certes, un permis de séjour longue durée en République tchèque mais ne parlent pas tchèque. Selon l’hôpital, la femme en bonne santé victime de l’avortement, après avoir été préalablement informée par le personnel de l’hôpital de la procédure qui l’attendait, a signé un document en tchèque sur lequel figurait le nom de l’autre femme qui, elle, aurait dû subir l’intervention chirurgicale.
Si cette barrière linguistique, malgré la présence d’une interprète, exlique donc en partie l’erreur commise, jeudi, le directeur de l’hôpital a surtout regretté que l’erreur d’identification commise par le premier fautif du personnel n’ait pas été détectée par le second malgré les protocoles écrits.
Responsable du département de droit de la santé à la Faculté de droit de l’Université Charles à Prague, et invité de la Radio tchèque jeudi soir, Petr Šustek estime que malgré une situation très inhabituelle et particulièrement inconfortable pour l’hôpital, les explications de son directeur sont les bienvenues :
« Ces déclarations sont bien entendu justifiées et compréhensibles. Si je m’en tiens aux informations dont nous disposons, je ne parlerais pas, moi non plus, d’erreur du système dans la mesure où plusieurs milliers de patients sont traités chaque jour dans un hôpital universitaire comme celui de Bulovka. Il s’agit plutôt d’un cas de figure vraiment exceptionnel qui est la conséquence de plusieurs circonstances, y compris les profils des deux patientes. Néanmoins, je pense que c’est une bonne chose que l’hôpital assume ses responsabilités, qu’il communique ouvertement, qu’il reconnaisse son erreur et que des discussions soient en cours avec l'avocat de la victime pour indemniser celle-ci. »
Jeudi toujours, le directeur de l’hôpital pragois a précisé que si l’un des fautifs avait été mis à pied à titre provisoire dans l’attente d’une décision quant à son maintien ou non au sein du personnel, le second, en revanche, allait pouvoir reprendre du service, et ce, en étant supervisé par ses collègues.