« CzechSex » : les Tchèques font de moins en moins l’amour
Plutôt satisfaits de leur vie sexuelle, les Tchèques font toutefois moins l’amour qu’il y a onze ans, d’après une vaste étude menée en 2023-2024 par l’Institut national de la santé mentale (NÚDZ). Ces résultats ont été publiés cette semaine.
Il s’agit de la première enquête portant sur le bien-être sexuel des Tchèques réalisée depuis 2013, sur un échantillon de plus de 6 600 personnes.
Entre novembre 2023 et mars 2024, les chercheurs ont obtenu les réponses d’environ 4 000 personnes en ligne, tandis que 2 000 hommes et femmes ont participé aux entretiens individuels. Les questions ont touché à pratiquement tous les aspects de la sexualité, y compris les troubles et dysfonctionnements, la contraception et les maladies sexuellement transmissibles, l’orientation sexuelle, le rôle des nouvelles technologies dans la vie amoureuse des Tchèques, le suivi de la pornographie ou encore la pratique de la masturbation.
Le document, intitulé « CzechSex », a notamment dévoilé un recul de l’activité sexuelle chez les Tchèques au cours des dix dernières années, une tendance qui serait d’ailleurs enregistrée dans d’autres pays européens également. C’était d’ailleurs le constat d’une enquête Ifop publiée début février pour la France. En Tchéquie, près de 6 % des femmes et 8 % des hommes n’ont jamais eu de rapports sexuels.
L’étude a démontré que la fréquence moyenne des activités sexuelles avec une autre personne au sein de la population était inférieure à une fois par mois. Les jeunes Tchèques âgés de 18 à 25 ans sont malgré tout un peu plus actifs, avec une moyenne de 1,7 rapport sexuel par mois pour les femmes et de 1,3 pour les hommes. Explications avec Kateřina Klapilová, une des auteurs de l’étude :
« Les données que nous avons obtenues, c’est-à-dire un rapport sexuel par mois, voire moins chez les femmes, contrastent effectivement avec la situation en 2013, où la fréquence était de deux à trois rapports par semaine. Cependant, notre enquête porte sur la prévalence de la population, ce qui signifie que nous avons inclus dans l’étude également les personnes qui vivent seules et qui n’ont jamais eu de rapport sexuel, en tout cas pas au cours des douze derniers mois. La moyenne est donc un peu plus basse. »
« En ce qui concerne les personnes vivant en couple sous le même toit, les chiffres nous indiquent que les Tchèques ont une activité sexuelle environ une ou deux fois par semaine dans le cadre d’une relation à long terme. Il s’agit là d’une diminution, mais elle n’est pas flagrante. Elle est surtout liée au vieillissement de la population. Par ailleurs, nous observons également une inactivité sexuelle de plus en plus importante chez les jeunes Tchèques âgés de 18 à 25 ans. »
Kateřina Klapilová précise que les couples tchèques se rencontrent le plus souvent grâce à leurs amis (29,6 %), au travail ou à l’école (20 %), ou encore dans le cadre d’activités sociales (17,5 %). Les données provenant de l’étranger montrent qu’un peu partout, les rencontres se font de plus en plus en ligne. En Tchéquie aussi, environ 13 % des couples se rencontrent via des applications et des sites, comparé à 9 % en Allemagne, selon l’enquête GeSiD réalisée dans ce pays en 2019.
Toujours d’après l’étude de l’Institut national de la santé mentale, 7 % de la population tchèque, c’est-à-dire 740 000 personnes, déclarent avoir une orientation non-hétérosexuelle. Un nombre considérable, selon les experts. Ils précisent que la majorité de ces personnes (environ 3,2 %) se disent bisexuelles, tandis que les gays représentent 2 % et les lesbiennes 0,6 %.
« Pour 33,5 % des Tchèques, il est parfaitement acceptable que les couples homosexuels aient les mêmes droits que les couples hétérosexuels. En même temps, ceci est absolument inacceptable pour environ 14 % de la population », a ajouté Andrea Stašek de l’Université Masaryk de Brno.
Enfin, l’étude « CzechSex » s’est intéressée au rapport sexuel non désiré et obtenu par chantage, vécu par 17 % des femmes et 5 % des hommes. Les experts trouvent particulièrement alarmant que plus de 90 % des victimes n’ont pas signalé ces agressions sexuelles à la police.