50 ans depuis la dernière exécution d’une femme en Tchécoslovaquie

Olga Hepnarová
  • 50 ans depuis la dernière exécution d’une femme en Tchécoslovaquie
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Il y a 50 ans, Olga Hepnarová était la dernière femme à être exécutée en Tchécoslovaquie pour un crime de sang-froid qui a traumatisé la population à l’époque.

Il y a une dizaine d’années, les réalisateurs Tomáš Weinreb et Petr Kazda s’étaient emparés de la personnalité d’Olga Hepnarova pour en faire un film historique, sobre, en noir et blanc, ni à charge ni à décharge, dont la proposition formelle avait été saluée par la critique, notamment en festival, mais pas vraiment le public. Il faut dire que l’histoire de cette jeune femme qui, le 10 juillet 1973, à l’âge de 22 ans, a foncé avec un camion sur un groupe de personnes qui attendaient à un arrêt de tramway à Prague, tuant huit personnes et en blessant douze, a choqué la Tchécoslovaquie à l’époque et suscite toujours, tant d’années plus tard, beaucoup d’émotion et de colère. Une des raisons principales étant, l’absence totale de remords de la jeune femme qui, dès le début, revendiquera le caractère délibéré de son acte et regrettera de n’avoir pas tué davantage de personnes.

Le 10 juillet 1973,  à l’âge de 22,  Olga Hepnarová a foncé avec un camion sur un groupe de personnes qui attendaient à un arrêt de tramway à Prague,  tuant huit personnes et en blessant douze | Photo: ABS

Aleš Kýr | Photo: ČT24

Selon Aleš Kýr, chef du département d’histoire et de documentation de l’administration pénitentiaire tchèque, sa vie troublée, sa tentative de suicide en 1964, suivie d’une année passée en hôpital psychiatrique où elle a subi des maltraitances et des abus, tout cela a joué un rôle, mais ne l’a pas dédouanée lors de la procédure judiciaire :

Le 10 juillet 1973,  à l’âge de 22,  Olga Hepnarová a foncé avec un camion sur un groupe de personnes qui attendaient à un arrêt de tramway à Prague,  tuant huit personnes et en blessant douze | Photo: ABS

« Dès son plus jeune âge, c’était une personnalité problématique, et ces traits de caractère se sont exprimés tant dans sa famille qu’à l’école. Elle a néanmoins réussi à suivre une formation de relieuse et a occupé plusieurs emplois avant de devenir conductrice de camion pour les services municipaux de Prague en 1972. Elle a subi un examen psychiatrique qui a démontré qu’elle a accompli son crime volontairement, sans altération du jugement et en toute connaissance de causes quant aux conséquences. Elle n’a en outre jamais regretté son crime. »

Le 10 juillet 1973,  à l’âge de 22,  Olga Hepnarová a foncé avec un camion sur un groupe de personnes qui attendaient à un arrêt de tramway à Prague,  tuant huit personnes et en blessant douze | Photo: ABS

Les demandes de grâce déposées par sa mère seront rejetées, la peine d’Olga Hepnarová réexaminée et confirmée par la Cour suprême fédérale, et l’exécution programmée pour le 12 mars 1975. La jeune femme est pendue au matin dans le sous-sol du bâtiment principal de la prison de Pankrác à Prague.

« Olga Hepnarová a été la 73e femme à avoir été condamnée à mort en Tchécoslovaquie après 1945. Après la guerre, 67 femmes ont été exécutées pour crimes nazis ou collaboration. Ensuite, il y a eu le cas de Milada Horáková, mais elle a été exécutée pour des raisons politiques. Puis cinq femmes condamnées à mort pour meurtre, et la cinquième est justement Olga Hepnarová. »

La salle d'exécution à la prison de Pankrác | Photo: ČT24

Depuis l’époque de l’empire austro-hongrois, mais aussi pendant la Première République tchécoslovaque, on procédait par pendaison lors des exécutions. Dans des cas très rares, pendant la loi martiale ou en temps de guerre, les condamnés pouvaient être fusillés.

Les deux dernières peines capitales à avoir été mises en œuvre concernaient un Tchèque, Vladimír Lulek, exécuté le 2 février 1989 et un Slovaque, Štefan Svitek, le 8 juin 1989. Le dernier condamné à mort de Tchécoslovaquie était Zdeněk Vocásek, reconnu coupable de deux meurtres. Son exécution était prévue pour décembre 1989. Cependant, la révolution de Velours et un changement de la loi ont commué sa peine en prison à vie qu’il purge actuellement dans la prison de Horní Slavkov.

La peine de mort a été officiellement abolie en Tchécoslovaquie en 1990, après la chute du régime communiste. Mais au cours des trois dernières décennies, une majorité de Tchèques se disaient favorables à son rétablissement. En 2023 toutefois, un sondage a montré que pour la première fois, les opposants à la peine de mort étaient  plus nombreux que ses partisans, avec 42 % des personnes interrogées favorables au rétablissement de la peine de mort dans le pays, tandis que 51 % se disaient opposées à cette idée. Le nombre d’opposants étaient ainsi presque quatre fois plus élevé qu’en 1992. A noter que depuis 2011, la part des opposants augmente régulièrement.