Ladislav Niznansky, un homme de quatre-vingt-huit ans, d'origine slovaque et naturalisé allemand, soupçonné d'avoir perpétré des crimes de guerre sur la population slovaque, pendant la Deuxième guerre mondiale, vient de bénéficier d'un non-lieu prononcé par la cour de Munich. Résumé de l'affaire qui est très suivie, aussi, en République tchèque et de son dénouement.
Ladislav Niznansky, photo: CTK
Qui est donc Ladislav Niznansky ? Dans les sombres années de la Deuxième Guerre mondiale, il était le commandant de la partie slovaque de la tristement célèbre unité des SS portant le nom poétique d'Edelweiss. Une unité qui a perpétré d'innombrables massacres contre la population civile de plusieurs pays, au moment où la machine de guerre hitlérienne était à bout de souffle. L'un de ces massacres a eu lieu en Slovaquie centrale : deux petits villages de montagne, Klak et Ostry Grun, ont été rasés, une partie de leur population assassinée. Un mémento des horreurs de cette guerre, comme Lidice en Bohême ou Oradour-sur-Glane en France... Après la guerre, les puissances victorieuses se sont partagées l'Europe, il y a eu le rideau de fer. Grâce à cette réalité, Ladislav Niznansky a réussi à se faire oublier pendant un certain temps et a disparu à l'Ouest. Le mystère plane un peu sur sa vie : agent secret des services de renseignement tchécoslovaques ? Un fait est certain : peu de temps après la Libération, il commence à travailler pour les services secrets américains et se retrouve dans les locaux de la station Radio Europe Libre. En 1962, le nom de Niznansky refait surface dans l'ancienne Tchécoslovaquie : il est l'objet d'un procès et la justice tchécoslovaque de l'époque le condamne à mort pour crimes de guerre. L'atmosphère de la Guerre froide joue en sa faveur : Niznansky affirme que le procès a été manipulé par les autorités communistes. En effet, il est un émigré d'une Tchécoslovaquie qui est devenu communiste, et les rapports entre l'Est et l'Ouest ne sont pas des meilleurs. Niznansky peut donc rester tranquille, car la justice communiste ne peut intervenir en République fédérale d'Allemagne, où il réside. Pourtant, le fait qu'il travaille à Radio Europe Libre, une station internationale bien mal vue par les autorités communistes tchécoslovaques, devient une arme de propagande, mais qui se retourne contre les instigateurs. A l'Ouest, on ne croit pas à la culpabilité de Niznansky.
Les années passent, Niznansky reçoit la nationalité allemande en 1996... Intouchable ? Non, car le journaliste investigateur, Stanislav Motl, de la chaîne de télévision privée tchèque, Nova, attire l'attention sur son cas. Ladislav Niznansky est incarcéré en 2004. Jugé par la cour de Munich, il vient de bénéficier d'un non-lieu. Le journaliste qui a relancé l'affaire, déclare qu'il s'y attendait, car malheureusement les témoins cités à la barre n'ont pas été capables de démontrer que Niznansky s'était rendu coupable du meurtre de 164 personnes, lorsqu'il commandait les Slovaques servant dans l'unité SS Edelweiss. La défense a réussi à faire admettre au tribunal qu'il n'était pas prouvé que Niznansky était présent lors des massacres en Slovaquie, qui sont imputés à l'unité SS Edelweiss. Déception pour le journaliste ou les quelques survivants des massacres ? Non vraiment. Le principal est que Niznansky ait comparu devant la justice...