Notre-Dame en feu « allume aussi les cœurs » en Tchéquie
L’incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris, dans la nuit de lundi à mardi, a été suivi et abondamment commenté en République tchèque également. Comme ailleurs dans le monde, la presse et la scène politique tchèques ont réagi à l’émotion suscitée par les images de l’édifice en flammes.
« L’anéantissement de Notre-Dame », « Notre-Dame en flammes », « Un immense incendie a envahi la célèbre cathédrale Notre-Dame ». Lidové noviny, Mladá fronta Dnes et Hospodářské noviny, trois des principaux titres de la presse écrite tchèque ont encore réussi à caler, lundi soir, avant le bouclage des journaux, l’information en Une de leur édition de ce mardi.
Les impressionnantes photos de la cathédrale en proie aux flammes, l’effondrement saisissant de la flèche, les passants atterrés, sous le choc, massés autour du site, les sapeurs-pompiers en action, représentent l’essentiel des articles consacrés à la catastrophe. Les quotidiens tchèques rappellent aussi que Notre-Dame, un des « plus beaux exemples de l’architecture gothique française » selon Hospodářské noviny, attire tous les ans 13 millions de visiteurs.
Internet n’étant évidemment pas limité par des impératifs d’impression, dès lundi soir certains sites tchèques ont également ouvert des « live », égrenant au fil de la soirée les informations venant de Paris.
Déjà présente sur place, la journaliste francophone Emma Smetana est intervenue dans la soirée pour la chaîne en ligne DVTV : l’île de la Cité en arrière-plan lointain, l’incendie n’était toutefois pas visible derrière la journaliste qui rappelle au cours de cette nuit blanche pour les Parisiens que « la cathédrale n’a jamais connu un tel sinistre, et que depuis la Révolution, la France n’a pas été touchée par quelque chose qui porte atteinte aussi puissamment à un symbole national ou à sa vie culturelle et spirituelle. »
Au cours de la soirée, la chaîne d’info en continu ČT24 de la Télévision tchèque a également réagi, invitant sur son plateau le porte-parole des sapeurs-pompiers de la ville de Prague afin de commenter l’aspect technique d’une intervention d’une telle envergure, ainsi qu’Ondřej Šefců, directeur de l’Institut national du patrimoine qui a livré à chaud son expertise d’architecte :« On peut dire dès maintenant que c’est une énorme perte culturelle. Pas seulement pour Paris et la France, mais pour le monde entier. Notre-Dame était un des symboles de l’architecture cathédrale. C’est un édifice somptueux, de grande importance, qui s’est conservé depuis le Moyen Age. Je veux croire que les Français, sous l’emprise de la nécessité et en coopération avec le monde entier, vont reconstruire la cathédrale, tout comme de nombreux bâtiments l’ont été après la Seconde Guerre mondiale. Mais malheureusement, ce ne sera jamais plus la cathédrale telle qu’on l’a connue. »
Du côté des politiques également, les réactions ont afflué via les réseaux sociaux essentiellement. Le Premier ministre Andrej Babiš (ANO) a exprimé sa tristesse en voyant « ces images terribles de la cathédrale », et a affirmé au quotidien Deník N, dans le cadre de son fil live, l’intention du gouvernement tchèque de participer à la souscription nationale lancée par le président Emmanuel Macron.« Soyons par les prières avec Paris », a aussi enjoint le porte-parole du président de la République Miloš Zeman, ajoutant que « la perte de Notre-Dame a profondément attristé monsieur le président ». Le ministre de la Culture Antonín Staněk a par ailleurs proposé l’aide des meilleurs spécialistes tchèques pour la rénovation du monument.
Enfin, l’archevêque de Prague Dominik Duka a estimé pour sa part qu’il s’agissait là « d’une des plus grandes pertes culturelles européennes depuis la destruction de l’ancienne abbaye bénédictine de Monte Cassino. »
Dans la langue de Molière, le maire Pirate de Prague a posté sur son compte Twitter des mots de solidarité avec la capitale française. « Prague est aux côtés de Paris et compatit avec les Français ! », a notamment écrit Zdeněk Hřib, rappelant à l’instar du ministre des Affaires étrangères Tomáš Petříček, que les Pragois et les Tchèques savent combien « il est tragique et douloureux de voir un symbole national brûler devant (ses) yeux » en référence à l’incendie du Théâtre national en 1881. « Notre-Dame en feu a également allumé nos cœurs! Paris... Nous sommes avec Toi ! », a-t-il conclu.La mairie de Prague a d’ailleurs décidé d’exprimer symboliquement sa solidarité avec la ville de Paris : ce mardi soir, la tour panoramique de Petřín, copie en dimensions réduites de la Tour Eiffel, s’illuminera en bleu, blanc, rouge, en hommage à Notre-Dame.