Nouvelle loi : radios et télés tenues de s'exprimer en « bon tchèque »

« Les stations de radio et les chaînes de télévision diffusant sur l'ensemble du territoire sont tenues de veiller au caractère cultivé de la langue dans laquelle ils s'expriment. Les présentateurs, animateurs, ainsi que les journalistes des programmes d'information ont pour obligation de s'exprimer en langage littéraire. Les diffuseurs cités dans la première phrase se font les garants de l'évolution de la langue tchèque et mettent en évidence l'héritage linguistique. » C'est ainsi que le paragraphe de la nouvelle loi sur les médias, adoptée, mardi, par la Chambre des députés, a été formulé.

La loi, qui doit encore être examinée par le Sénat et le président de la République, impose de s'exprimer dans un tchèque littéraire aux présentateurs et annonceurs des chaînes de télévision et de stations de radio privées. Une mesure qui ne concerne pas les médias publics, puisque leur code interne le stipule déjà.

Le projet a été présenté par une députée communiste. Un paradoxe si l'on se souvient qu'en leur temps, les fonctionnaires du parti, alors au pouvoir, avaient tenté d'instaurer une langue qualifiée de « populaire », et ce pour être plus prêt du peuple. L'adoption de la loi n'a pas manqué de provoquer des critiques en provenance de ses opposants, très nombreux. Les linguistes, notamment, s'accordent ainsi pour dire qu'il est impossible de codifier le caractère de ce qui est ou n'est pas littéraire dans une langue en évolution constante. Ensuite, d'autres voix se sont également élevées estimant que pour certains journalistes en reportage sur le terrain, par exemple, il est souvent impossible de s'exprimer autrement que dans un tchèque commun de conversation.

N'empêche, même si son non-respect n'aura aucune conséquence pour les fautifs, le texte ne prévoyant aucune autre sanction qu'une éventuelle remontrance, et bien que critiquée, la loi aura au moins eu le mérite de soulever le débat de l'évolution plutôt inquiétante de la langue tchèque et de sa tendance générale à s'appauvrir.