Nouvelle organisation en vue pour les transports en commun pragois

C’est une petite révolution dans le système des transports en commun à Prague : ce mardi, le conseil municipal a donné le feu vert à la plus importante modification du réseau tram et bus depuis trente ans. Le nouveau système devrait être appliqué dès la rentrée, et ce malgré le désaccord de certains spécialistes des transports, mais surtout des arrondissements municipaux.

Photo: Štěpánka Budková
Rendre les déplacements dans la capitale plus rapides, souples et simples, tout en réalisant des économies : voilà l’idée de départ de la mairie de Prague. Plus concrètement, le projet prévoit la suppression d’une soixantaine de lignes de tram et de bus et la mise en place de ligne principales, parmi lesquelles les trams n° 3, 9, 11, 17 et 22, qui traverseront toute la ville. Une autre nouveauté : la création des métro-bus, lignes qui seront reliées aux stations de métro et devraient, tout comme les principales lignes de tramway, circuler à intervalles réduits, fixés à 4 minutes en heures de pointe pour les trams et à 6 à 8 minutes pour les bus. Or les spécialistes des transports craignent l’effet contraire, c’est-à-dire le ralentissement de la circulation et des embouteillages du fait que Prague ne dispose ni de voies prioritaires pour les bus ni de la signalisation appropriée. On écoute Petr Moos de l’Université technique de Prague (ČVUT) :

« Ce nouveau système n’a pas été bien élaboré, il n’a pas été bien réfléchi. Pourtant, les transports publics à Prague sont très appréciés à l’étranger. Paradoxalement, ces modifications les rendront moins attractifs et confortables aux yeux des Pragois. Les gens feront la queue aux arrêts de bus. Finalement, ils préféreront prendre leur voiture pour ne pas arriver en retard au travail. »

Petr Moos a coréalisé une étude approfondie sur les transports publics à Prague, commandée par la maire de Prague, mais dont les résultats ont finalement été ignorés par cette dernière. Les conseillers municipaux sont également restés sourds aux objections des maires d’arrondissement de la capitale qui demandaient notamment de repousser le lancement du nouveau système au début de l’année prochaine. Si ces édiles craignent surtout le chaos qui risque de se produire dans les rues de la ville à la rentrée, Josef Nosek, chargé des transports à la mairie de Prague, garde son sang froid. Il explique :

Josef Nosek
« Nous voulons par là concurrencer le transport individuel qui a commencé, ces derniers temps, à prendre le dessus sur le transport public. Nous comptons lancer, dans les prochains jours, une vaste campagne d’information à ce sujet. Je pense que grâce à cette campagne et grâce aux médias qui commencent à en parler, tout le monde sera suffisamment renseigné. »

Reste à savoir donc si le plus grand bouleversement du réseau « MHD », comme les Tchèques appellent les transports en commun, survenu depuis 1985, facilitera réellement les déplacements des Pragois, ainsi que ceux des touristes… et s’il permettra effectivement d’économiser plus de 400 millions de couronnes par an, comme l’espèrent tant les initiateurs du projet.