Odonymes : Prague expliquera désormais l’histoire qui se cache derrière les noms de ses rues
Qu’elles s’appellent Vejvodova, Vodičkova ou Mezibranská, certaines rues dans le centre historique de Prague ont une signification et une origine parfois bien mystérieuses. C’est pourquoi la mairie du 1er arrondissement, là où se trouvent la plupart des quartiers historiques de la capitale tchèque, prévoit d’installer des petites plaques bleues explicatives.
Vieille-Ville et quartier juif d’un côté de la rivière Vltava, Malá Strana et Hradčany (Château de Prague) de l’autre, tous ces quartiers qui, en temps normal, attirent chaque année des millions de touristes, se situent dans le Ier arrondissement de Prague.
Pour le moment, la municipalité a sélectionné 73 rues dans le cadre de ce projet. La plupart d’entre elles, bien évidemment, portent le nom de Tchèques célèbres tels que František Palacký et Josef Jungmann, personnages emblématiques du Réveil national au XIXe siècle, ou encore du poète Jan Neruda.
Mais quels étaient les noms de toutes ces rues il y a cent ans, quand l’allemand était encore la langue principale à Prague ? Ou il y a plusieurs siècles ? Pourquoi certains noms ont-ils été conservés et d’où viennent-ils ?
Archiviste retraité et mémorialiste de Prague, auteur d’une douzaine de livres, Antonín Ederer a été mobilisé pour ce nouveau projet afin d’expliquer la manière dont les rues du centre historique ont été baptisées.
M. Ederer, qui a rédigé la plupart des textes explicatifs, souligne que la rue Vodičkova, par exemple, s’est appelée « rue de l’eau » pendant plus d’un demi-millénaire, ou du moins il semblerait.
« Les noms des rues étaient en allemand sous le règne de Marie-Thérèse et le sont restés ensuite. Le tchèque n’a pris le dessus qu’à partir du XIXe siècle. ‘Wasserstraße’ était parfois traduit par ‘rue Vodní’ (‘de l’eau’) ou ‘rue Vodnická’ (‘Ondine’), mais ce nom est resté usité pendant 500 ans. Monsieur Vodička était un boucher fortuné et propriétaire de la maison au numéro 699, aujourd’hui Palác u Nováků. Donc, ce nom était lié à cet homme et non à un génie ou déesse des eaux, ni même à l’eau en tant que telle. »
Antonín Ederer affirme qu’il retrace l’histoire la plus récente des noms des rues. Pour cela, il s’inspire en partie de la Chronique royale de Prague écrite il y a un siècle par un collègue archiviste nommé František Ruth– et des œuvres du folkloriste et poète Karel Jaromír Erben, plus connu pour son recueil de légendes populaires intitulé ‘Kytice’ (Le Bouquet).
Ces plaques bleues explicatives devraient être installées au printemps, juste à temps donc pour un pique-nique sur l’île de Kampa – nommée ainsi car, au XVIIe siècle, des soldats espagnols y ont établi un campement pendant la Bataille de la Montagne-Blanche, alors qu’il s’agissait d’un champ. Mais Antonín Ederer raconte encore une toute autre histoire à propos de Kampa :
« ‘Kampa’ tire son origine probablement d’un mot latin signifiant ‘champ’ ou ‘lieu’. Il y avait là des pêcheurs et des champs. Quand Hradčany, le quartier du Château de Prague, a brûlé en 1541, les restes calcinés ont été transportés à Kampa, qui s’est ainsi étendu d’un mètre ou deux. L’île s’est développée plus tard au XVIe siècle. Le nom vient probablement du mot ‘champ’, mais peut-être aussi du surnom de Tycho Ganzeb, un parent du célèbre astronome Tycho Brahe. »
Si vous vous demandez dans quelles mesures toutes ces histoires seront détaillées sur les plaques, sachez que chacune d’entre-elles aura son propre QR code. Il suffira donc de le scanner pour pouvoir lire l’histoire en entier.