Presse : l’élection présidentielle en Tchéquie sous le signe des références au passé 

Le premier sujet abordé dans cette nouvelle revue de presse est consacré à l’élection présidentielle prévue d’ici une semaine. Il y sera également question des élections qui se dérouleront cette année en Europe et qui auront une importance particulière pour la Tchéquie. Quelques observations ensuite sont liées au 30ème anniversaire de la séparation entre la Tchéquie et la Slovaquie. Deux autres sujets à son menu : l’évolution du niveau de vie des Tchèques et les noms les plus donnés aux rues de Prague.

On peut s’attendre à ce que pendant au moins les dix prochaines années encore, les Tchèques votent pour un moindre mal. Un constat fait par l’auteur d’un texte mis en ligne sur le site Seznam Zprávy en lien avec l’élection présidentielle tchèque dont le premier tour se déroulera les 13 et 14 janvier :

« Les candidats présidentiels favoris déploient la majorité de leurs forces pour expliquer ou pour justifier leurs erreurs du passé. Or, ils n’ont pas le temps de présenter leurs visions aux électeurs. Au cas où celles-ci existent quand même, elles demeurent malicieusement cachées aux électeurs. Pour cette raison, les gens ne s’intéressent pas aux idées, aux capacités intellectuelles ou encore à l’aptitude de tel ou tel candidat de devenir un leader fort et raisonnable pour le XXIe siècle qui s’annonce dynamique et agité. Au lieu de cela, ils se retournent en arrière, cherchant le candidat le moins inacceptable. »

Le commentateur du journal en ligne Forum24.cz souligne que cette élection présidentielle représente un enjeu de taille pour la Tchéquie :

« Le public tchèque semble être bercé par une situation stable du pays qui est géré par une coalition de cinq partis démocratiques qui sont tant bien que mal constructifs. Il y a donc le risque que la majorité des gens ne réalisent pas à quel point cet enjeu est important et quelles sont les menaces auxquelles la société aurait à faire face si elle voulait emprunter un mauvais chemin. »

« L’élection présidentielle en Tchéquie attire traditionnellement une attention particulière, suscitant de fortes émotions et passions », peut-on lire dans une récente édition du quotidien Deník N qui relève un paradoxe :

« Depuis le début de l’existence de la Tchécoslovaquie, respectivement de la République tchèque, la fonction présidentielle jouit d’un respect incomparable auprès des gens. Et ce malgré le fait que parmi une dizaine de présidents que le pays a connus on ne trouve que deux véritables personnalités, deux hommes d’Etat authentiques : T. G. Masaryk et Václav Havel. A part cela, le bilan est plutôt sinistre. »

Ces élections européennes qui seront suivies en Tchéquie

Le commentateur de Hospodářské noviny s’est penché pour sa part sur les élections qui auront lieu cette année en Europe et qui seront importantes pour la Tchéquie. Ce sont notamment celles qui vont se tenir en Slovaquie, en Pologne et en Turquie qui seront selon lui très suivies :

Source: Pixabay,  Pixabay License

« Les élections législatives en Slovaquie étant prévues pour le mois de février 2024, des élections anticipées en juin ou en septembre ne sont pas à exclure dans ce pays. Un retour de l’ancien chef de gouvernement Robert Fico soutenu par l’extrême droite pro-russe est-il possible ? Une alternative qui serait mauvaise eu égard à l’unité de la coalition occidentale et à son soutien à l’Ukraine. Ou bien verra-t-on s’imposer une coalition pro-occidentale ? Autant de questions qui seront pertinentes à ce propos. »

S’agissant des prochaines élections législatives en Pologne, le chroniqueur du quotidien économique a remarqué :

« Un éventuel succès de l’opposition en Pologne perturberait l’axe conservateur Varsovie-Prague-Rome, favorisé par le Parti civique démocrate (ODS), principal parti de droite en Tchéquie. Si tel était le cas, il serait un peu plus compliqué de poursuivre la coopération fructueuse et historiquement inédite autour de l’Ukraine entre la Tchéquie et la Pologne. Bref, une telle évolution mettrait à l’épreuve la qualité des relations tchéco-polonaises, dépourvues de fondement idéologique ».

« Les élections législatives et présidentielle en Turquie seront importantes du point de vue de la sécurité en Europe et des perspectives ultérieures de la démocratie dans une région voisine de l’UE », estime encore le commentateur avant de conclure :

« Ces trois élections s’inscrivent dans la complexité des relations internationales qui se transforment plus vite que jamais durant les trente dernières années et qui auront des retombées sur la petite économie ouverte qui est la nôtre. »

Le divorce de velours des Tchèques et des Slovaques: une expérience intransmissible

La presse a également largement commenté les différents aspects de la séparation entre les Tchèques et les Slovaques, trente ans après la fin de la Tchécoslovaquie. Lidové noviny, par exemple, a écrit :

L’exposition de Plantu pendant du Festival du film français en 2011 | Photo: ČT24

« En des temps incertains, la dissolution à l’amiable de la Tchécoslovaquie, qui a su calmer les émotions et les malentendus entre les sociétés tchèque et slovaque, se présente comme un événement exceptionnel. Certes, cette expérience n’est pas transmissible aux sociétés qui sont divisées différemment. Quoi qu’il en soit, trente ans après, elle mérite d’être appréciée. »

Le journal Deník a observé qu’au moment de sa naissance, la République tchèque n’avait pas de vision. « Ce n’est que son premier président Václav Havel qui lui a insufflé une idée en mettant l’accent sur les valeurs de la démocratie et de la liberté et en dénonçant l’égoïsme », écrit-il avant d’ajouter :

« Les idées de Havel et la raison d’être de la République tchèque ont fait leurs preuves l’année dernière. Son aide généreuse accordée à l’Ukraine et le succès de sa présidence du Conseil de l’Union européenne en sont des exemples marquants. Au bout de trente ans, la Tchéquie a enfin trouvé un sens. »

Il est évident, comme l’estime le commentateur du site aktualne.cz, que les fédérations post-communistes ne pouvaient pas échapper à des effervescences nationalistes. L’auteur d’un texte publié dans le journal Deník N a de son côté écrit :

« En dépit des difficultés de ces trois dernières décennies, l’Etat démocratique tchèque s’en est bien sorti. La prochaine élection présidentielle est appelée à mettre un terme symbolique à l’impact sur la société tchèque du post-communisme, dont le président sortant Miloš Zeman et l’ancien chef de gouvernement Andrej Babiš sont les derniers représentants. »

Quelle évolution du niveau de vie en 2023 ?

« Cette année, la crise va frapper dur. » C’est ce qu’indique un texte publié dans une récente édition du quotidien Lidové noviny. Son auteur explique :

Source: Rosy,  Pixabay,  Pixabay License

« Vu l’évolution de leur niveau de vie comparé aux revenus réels, les Tchèques ont devant eux la deuxième plus mauvaise année de l’histoire du pays, après celle qui vient de s’achever. L’année 2022 a effectivement touché le niveau de vie des gens le plus négativement depuis l’année 1993, date de naissance de la République tchèque. On peut donc estimer que même si la baisse prévue des revenus réels -  de quelque 3% -  sera moins marquante que l’année dernière, les gens vont affronter leurs problèmes économiques avec plus de peine.»

Le commentateur du journal justifie cette hypothèse par des arguments d’ordre psychologique. « Ce n’est qu’avec un certain retard que les gens se rendent pleinement compte de leur détresse économique. Et c’est ce qui peut effectivement arriver cette année », écrit-il.

Les noms les plus donnés aux rues à Prague

Le journal en ligne Deník Referendum a fait part d’une analyse effectuée dans le cadre d’un projet international concernant la diversité, coordonné par le Réseau européen de datajournalisme. S’agissant de données qui concernent Prague et les noms donnés à ses rues, il indique :

Photo: Miloš Turek,  Radio Prague Int.

« Dans la capitale tchèque, il n’y a que 5% à peine de l’ensemble des rues qui portent le nom d’une personnalité féminine, l’écrivaine Božena Němcová étant représentée le plus fréquemment. La grande majorité des personnalités dont les noms sont les plus fréquemment donnés aux rues sont nées sur le territoire tchèque au XIXe siècle et sont également d’origine tchèque. A Prague tout comme dans les autres villes du pays prédominent les noms d’artistes et de patriotes qui se sont fait remarquer à l’époque du Réveil national. Les héros de guerre sont également très fortement représentés. Une très faible partie seulement de ces personnalités est née en dehors de l’Europe, surtout aux Etats-Unis. Parmi celles-ci on compte par exemple trois présidents américains. »

Deník Referendum conclut que les données relatives aux noms les plus attribués aux rues à Prague témoignent d’une faible diversité en matière de personnalités et de nationalités.

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