Ondrej Karel Kadlec

Ondrej Karel Kadlec
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La Mongolie, un pays lointain qui reste toujours mystérieux et d'autant plus intéressant que le compositeur du premier hymne national de la République de Mongolie (ancienne Mongolie - Extérieure) fut un Tchèque, en l'occurrence le chef d'orchestre Ondrej Karel Kadlec, né le 18 février 1859 dans la famille d'un menuisier. Très connu surtout en Russie et en Mongolie, où il a vécu pendant de longues années, il a composé la musique des opéras bouffes Aleko et le Diplomate de campagne (Venkovsky diplomat), des ballets Akis et Galatée, Kermesse, la Ligne aquatique (Vodni linie) et le Marché (Trziste), la suite Daphnis et Chloé et bien d'autres oeuvres encore. En guise de remerciement pour la composition de l'hymne national de la République de Mongolie, O. K. Kadlec a été décoré de l'Ordre Erdenin-Otchir de deuxième classe, 4e ddegré, par le dirigeant suprême (bogdgegén) de l'Etat et de l'Eglise mongols.

La musique séduit le compositeur dès sa plus tendre enfance. Il fait ses études au conservatoire de Prague, chez le professeur Antonin Bennewitz. Son rêve est de voyager à travers le monde, d'acquérir de nouvelles expériences et de se rendre célèbre au-delà des frontières de son pays. Un rêve qui deviendra réalité. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, O. Kadlec se rend à Saint-Pétersbourg. Il est loin d'être le premier Tchèque à se rendre dans la capitale de la Russie. Le directeur de l'ensemble des orchestres de Saint-Pétersbourg et du Théâtre Mariinské, le compositeur et chef d'orchestre Vojtech Hlavac, le chanteur d'opéra Josef Palecek, Eduard Napravnik - chef d'orchestre du Théâtre Mariinské, étaient tous des compatriotes qui s'étaient déjà fait une place au soleil en Russie. O. Kadlec entre au conservatoire où il étudie la composition et le violon. Il se présente sous le nom d'Andrej Vjaceslavovitch Kadlec. Il n'est donc guère étonnant que ses amis le prennent pour un Russe. Et c'est probablement la raison pour laquelle il était considéré comme un Russe également par les autorités tchèques. Le 1er septembre 1887, O. Kadlec est engagé à l'orchestre du Théâtre Mariinské. Pendant une vingtaine d'année il jouera le premier violon, sera le chef d'orchestre et un compositeur très apprécié. Il se lie d'amitié avec les célèbres compositeurs russes comme, par exemple, P. I. Cajkovski, N. A. Rimski - Korsakov, les chanteurs d'opéra F.I. Saljapin ou L. V. Sobinov. Et c'est aussi à Saint-Pétersbourg qu'il trouve la femme de sa vie, Frantiska Albertovna Schacht. Femme jolie et gracieuse, issue d'une riche famille d'origine allemande, qui lui donnera six fils.

Mais faisons une parenthèse pour une petite explication sur le Théâtre Mariinske. Il a été projeté par l'architecte italien A. Cavos, qui a fait élever le bâtiment sur les ruines de l'ancien théâtre incendié. Le théâtre portait le nom de l'épouse du tsar Alexandre II qui s'appelait Marie. Mariinske veut dire - de Marie. De 1935 à 1992 le Théâtre Mariinske s'est appelé Théâtre de l'opéra et du ballet de S. M. Kirov.

Mais revenons à Ondrej Kadlec. Après avoir mis un terme à son engagement au Théâtre Mariinske en 1907, il accepte le poste de chef de l'Orchestre symphonique des troupes cosaquesà Vladikavkaz. L'ensemble récolte un énorme succès dans la région. Le chef d'orchestre et compositeur a cinquante ans lorsqu'il revient à Saint-Pétersbourg, où il est chef d'orchestre du régiment finlandais de garde, chef d'orchestre de l'opéra et enseigne dans plusieurs lycées.

En 1911, la Mongolie proclame son indépendance et devient un pays autonome. Le dirigeant suprême du pays décide que le nouveau statut de sa patrie nécessite un nouvel hymne. Comme il a beaucoup apprécié la musique de l'hymne russe intitulé Que Dieu garde le tsar (Boze, tsarja chrani), qu'il a écouté pour la première fois en 1910 à Urga (aujourd'hui Ulanbatar), capitale de la République de Mongolie, le gouvernement mongole s'adresse aux autorités compétentes de Saint-Pétersbourg. La réalisation de cette tâche prestigieuse sera confiée à Ondrej Kadlec. Le compositeur s'inspire des airs mongoles qu'il obtient grâce à l'aide de la faculté des études orientales de l'Université de Saint - Pétersbourg. Après un choix minutieux, il met en musique une chanson très ancienne. A l'origine il s'agissait d'une prière écrite par le chanteur Cerensandev, récitée à l'occasion du serment de fidélité que prêtent les partisans du bouddhisme. Au fil des années la prière est devenue une chanson très populaire. Pour la première fois, l'hymne fut joué à Urga (Ulanbatar) en novembre 1914, par une fanfare militaire de neuf membres.

Dans les années vingt du XXe siècle, Ondrej Kadlec déménage à Samara dans la région de la rivière Volga chez son fils aîné pour poursuivre sa carrière de musicien et de compositeur. Il meurt sur scène en 1929 au cours de la répétition de la Ve symphonie de Beethoven, le violon à la main.