Oskar Nedbal, compositeur d’une musique qui donne envie de danser
En plein été, nous vous offrons un portrait rétro du compositeur Oskar Nedbal, accompagné de morceaux de musique dont il est l’auteur. Il était compositeur, mais il était également un très bon chef d’orchestre et un excellent violioniste au sein du Quator tchèque. Pendant quatorze ans il a été le manager du quator qu’il a fondé avec le célèbre compositeur en devenir Josef Suk, à la fin de leurs études au Conservatoire de Prague. L’oeuvre la plus connue d’Oskar Nedbal est le ballet Jean sans Peur (Hloupý Honza). Il a également composé trois autres ballets, un opéra et six opérettes, dont le Sang polonais (Polská krev), la plus connue.
Oskar Nedbal est né le 26 mars 1874 à Tábor en Bohême du Sud. Son père, avocat, est un grand passionnné de musique. Le talent d’Oskar se manifeste déjà dans son enfance et très jeune il commence à jouer du violon. Son père, qui découvre très vite le talent de son fils et son intérêt pour la musique, l’initie pour passer une audition au Conservatoire de Prague. Le jeune Oskar est admis sans problème. D’abord il prend des cours de percussions, de violon, de viole et de trompette chez des professeurs de renom, tels que Ferdinand Lachner ou Antonín Bennewitz. Puis il étudie la composition chez le célèbre Antonín Dvořák qui est très impressionné par le talent de son élève. D’ailleurs le concert de violon que ce dernier présente en fin d’étude a un tel succès que tous les journaux de Prague en parlent.
Oskar Nedbal n’était pas seulement un excellent musicien, il avait aussi l’étoffe d’un chef d’orchestre. A vingt-deux ans il dirige pour la première fois la Philharmonie tchèque avec laquelle il coopère pendant une dizaine d’années. Mais la joie des premiers succès est voilée par l’ombre d’événement dramatiques : le suicide de son frère aîné, le décès de sa jeune épouse Josefina et le décès de son père qui succombe à une grave maladie. Il faudra plusieurs années au jeune musicien pour se remettre de la dispariton de sa femme bien-aimée. Souvent il se réfugie pour travailler à Tabor, dans une maison qu’il loue, tout près du lieu du dernier repos de Josefina.
En 1907 Oskar Nedbal dirige son premier concert important à Vienne. La capitale de l’Empire austro-hongrois devient pour douze ans son domicile. Au cours de ces années il sera le chef d’orchestre de l’orchestre symphonique de Vienne, le Tonkunstler Orchester. En 1910 il se remarie avec Marie Hoffmannová et vit quelques années de bonheur autant côté affectif que sur le plan professionnel. C’est la période de grande créativité du compositeur qui compose les ballets De Contes en contes (Z pohádky do pohádky), La princesse Hyacinte (Princezna Hyacinta), et la Grand-mère du diable (D´áblova babička). L’opérette le Sang polonnais, dont la première a lieu le 25 octobre 1913 à Vienne, remporte un grand succès. Un an plus tard, en janvier, c’est un triomphe total à Prague. Au cours d’une seule année, l’opérette est présentée dans une centaine de théâtres en Allemagne et en Autriche. Il est à noter que le Sang polonnais a été adaptée au cinéma par le réalisateur tchèque Karel Lamač Anny. Le rôle principal étant joué par la célèbre actrice de l’époque Anny Ondra.
La fin de la Grande Guerre a marqué la vie du célèbre musicien, compositeur et chef d’orchestre d’un nouveau drame. Son fils meurt à la guerre. En 1918 l’Empire austro-hongrois est aboli et la Tchécoslovaquie est crée. Début avril 1919, Oskar Nedbal donne sa démission à l’orchestre symphonique de Vienne et retourne avec son épouse Marie dans sa patrie. Le couple loue un petit château à Chlum près de Třeboň en Bohême du Sud. Mais dans son pays natal, le compositeur ne trouve que refus, envie, jalousie, calomnies et intrigues. On ne le laisse même pas diriger le grand orchestre tchécoslovaque. On lui reproche ses relations passées avec l’Autriche-Hongrie, ce qui n’est que pur prétexte. L’artiste déçu se retire dans son château en Bohême du Sud et continue à travailler avec acharnement. Il compose l’opéra le Fermier Jacob (Sedlák Jakub) dont la première a lieu en automne 1922 à Brno, malheureusement sans succès.
Oskar Nedbal accepte la proposition au poste de directeur d’opéra du Théâtre national slovaque et quitte la Bohême pour la capitale de la Slovaquie, Bratislava. Il dirige avec grand succès son premier opéra, la Fiancée vendue de Bedřich Smetana. Les succès se suivent, dont l’opéra le Fermier, chevalier servant (Sedlák kavalír) présenté à Prague. Il faut dire qu’Oskar Nedbal a une grande influence sur l’évolution artistique de l’opéra et du théâtre à Bratislava. Mais l’admiration et la reconnaissance pour le chef d’orchestre et compositeur ne sera que de courte durée. Les problèmes commencent lorsque Oskar Nedbal accepte d’assumer le poste de directeur du théâtre. La gestion des finances fait partie de ses compétences et en reprenant la fonction de directeur, il ne réalise nullement que le théâtre a déjà de graves problèmes financiers. Il en devient le responsable. En 1928 il démissionne de la fonction de directeur financier du théâtre. La direction est reprise par son neveu Karel Nedbal. Oskar Nedbal est à bout de force. Il est criblé de dettes et sujet aux sanctions à cause de son incapacité à rembourser ses emprunts. Il se retrouve sans ressources et la misère le guette.
En décembre 1930 il part en Croatie pour diriger l’orchestre symphonique de Zagreb à l’occasion de la première de son ballet le Conte de Jean sans Peur. La vie a perdu de son sens, le futur se présente sous un angle sombre, sans espoir. La veille de Noël en 1930, Oskar Nedbal, qui au cours de sa carrière a fait jouer sous sa baguette des orchestres de renommée mondiale à Berlin, Vienne, Londres, Paris et Saint-Pétersbourg, se suicide en sautant par la fenêtre d’une salle de répétion du théâtre. Il a d’abord été enterré à Zagreb au cimetière de Mirogoj et ce n’est qu’en mai 2006, à l’initiative du Ministère des Affaires étrangères, que le corps du compositeur a été transporté à Prague.
En décembre 1984 le buste d’Oskar Nedbal a été dévoilé sur le Théâtre de Tábor qui porte le nom du célèbre musicien, compositeur et chef d’orchestre.