Ostrava et Plzeň : deux candidats au titre de Capitale européenne de la culture
La République tchèque et la Belgique ont été choisies pour désigner une ville qui portera le titre de Capitale européenne de la culture 2015. Il s’agit d’un titre qui est attribué chaque année à deux ou trois villes européennes. Pour la partie belge, la ville de Mons a déjà été sélectionnée. La Tchéquie, pour sa part, possède pour l’heure deux candidats, Ostrava et Plzeň, le vainqueur du duel à l’amiable entre les deux villes devant être désigné en septembre prochain. La tension monte donc en attendant le verdict du jury international, qui compte sept représentants étrangers et six représentants nationaux.
« Le lieu pour une vie heureuse » : tel est le slogan du projet Ostrava 2015, ville située en Moravie du Nord, connue surtout comme ville minière. L’ambition d‘Ostrava est pourtant bien plus large : depuis longtemps, elle entend se faire connaître comme une ville qui bouge et qui possède une intense vie culturelle et sociale. Pour sa candidature au titre de Capitale européenne de la culture 2015, elle a reçu un soutien de taille, celui de l’ex-président tchèque Václav Havel, qui a écrit à son sujet :
« Ostrava, toujours trop loin de la capitale Prague, est dotée d’un genius loci très spécifique. Synonyme de l’industrie lourde et du charbon, elle n’est pas reconnue comme centre culturel ou éducatif. Ce désavantage lui a permis en même temps de résister à l’ingeneering social ou à la pression de la mondialisation et de s’attendre à une forte revitalisation. C’est pour cette raison que j’appuie sa candidature, car il faut reconnaître, apprécier et développer la beauté discrète de notre paysage et de nos villes. »Depuis fin mai, Ostrava se présente à Prague avec un riche programme culturel – pièces de théâtre, concerts, expositions – qui rencontre d’ailleurs un joli succès.
Plzeň, chef-lieu de Bohême occidentale, est connue de par le monde comme une ville de la bière. Ses habitants aiment pourtant à souligner, avec un brin d’ironie, que ce n’est pas la célèbre marque Pilsner Urquell qui a donné le nom à la ville, comme certains voudraient le croire, mais vice versa.En présentant sa candidature au titre de Capitale européenne de la culture 2015, Plzeň veut non seulement accentuer et améliorer son potentiel culturel, mais démontrer aussi justement que la ville mérite d’être reconnue également pour autre chose que sa fameuse bière. Yvonna Kreuzmannová, directrice du projet « Plzeň 2015 », explique.
« Cette ville a donné son nom à une des bières les plus connues, mais je pense que la ville devrait se faire connaître aussi par ses activités culturelles et artistiques, par son développement créateur ».Le potentiel culturel de la ville est donc important…
« Il est très important, Plzeň possède une université, il y a alors beaucoup de jeunes gens qui veulent modifier un peu la vie culturelle de la ville qui est en ce moment un peu traditionnelle, mais on voit maintenant que le goût pour l’art contemporain dans toutes les disciplines artistiques est considérable ».
Vous êtes directrice artistique du projet, en quoi consiste votre travail ?
« Mon travail est assez difficile, car il faut créer en tout premier lieu une vision culturelle de la ville qui va aller au-delà de l’année 2015, on travaille donc sur toute la politique culturelle de Plzeň et de toute la région, j’essaie en même temps de donner de l’espace à toutes les petites activités dans la région, et je veux que tout ceci soit en lien étroit avec les habitants de la région. «
Impliquer les habitants dans ce projet, est-ce un défi difficile ?
« C’est assez difficile, car la mentalité des Tchèques est encore assez fermée. Voilà pourquoi, l’ouverture est le logo, le mot d’ordre de ce projet. Les gens de chez nous ne sont pas encore assez ouverts pour communiquer avec l’Europe. Mais je pense que ce n’est pas seulement un problème de Plzeň, mais de toute l’Europe de l’est. ».
Est-ce que les ressortissants étrangers, ils sont près de 10% des habitants de Plzeň, participeront également à ce projet ?
« Bien sûr. Le projet a beaucoup d’aspects sociaux, économiques et écologiques et l’intégration des immigrés qui sont nombreux à Plzeň fait une partie importante de notre projet. On a créé une ligne de programmation qui travaille avec ce potentiel étranger. »
Plzeň a-t-elle d’après vous plus de chance de gagner qu’Ostrava ?
« Je le crois bien, car Plzeň a beaucoup d’expériences de coopération artistique européenne, donc pas seulement au niveau régional. On utilise un slogan anglais : Plzeň, open up ».Plzeň et Ostrava espèrent que l’obtention du titre augmentera leur prestige tout en leur apportant des avantages économiques et un plus grand intérêt des touristes. Rappelons que c’est en septembre que le verdict tranchant entre les deux villes sera prononcé… En Tchéquie, Prague a déjà été Capitale européenne de la culture, en 2000.