Ouverture du plus important procès contre des anciens hauts fonctionnaires de la police secrète depuis la révolution

Les anciens hauts fonctionnaires de la StB, photo: CTK

Ce lundi, un procès au cours duquel sont jugés onze anciens hauts fonctionnaires de la funeste StB, la police secrète de l'ex-Tchécoslovaquie communiste, a été ouvert. C'est le plus important du genre depuis 1989 et le passage à la démocratie. Détails...

Les anciens hauts fonctionnaires de la StB,  photo: CTK
Près de quatorze ans après la Révolution de velours, la République tchèque poursuit son examen de conscience face à l'image que lui renvoie le miroir de quarante sombres années d'écoutes téléphoniques, de surveillance, d'interrogatoires, de torture, de mensonge et de délation. Aujourd'hui encore, les accents ténébreux du glacis totalitaire et de ses pratiques policières continuent de résonner aux oreilles et de marteler le cerveau de nombreux Tchèques et Slovaques.

Ce lundi, le plus important procès de l'histoire de la jeune République tchèque contre des hauts fonctionnaires de la défunte Statni bezpecnost (StB) ou Sécurité d'Etat a été ouvert devant le tribunal du VIe arrondissement de Prague. Onze anciens chefs de bureaux régionaux des services de renseignement et de sécurité de l'ex-Tchécoslovaquie communiste sont accusés d'avoir participé, dans les années 1970 et 80, à l'opération « Asanace », dite d' « Assainissement ».

Entre 1977 et 1985, la police secrète tchécoslovaque avait pris pour cible une cinquantaine de signataires de la Charte 77. Cette déclaration, rédigée par le mouvement dissident de l'époque, exigeait le respect par le gouvernement des articles de la Constitution relatifs aux libertés et aux droits fondamentaux de l'homme. En recourant aux pires menaces physiques et morales, le but de l'opération « Assainissement » était alors de contraindre les dissidents à un exil « volontaire » hors des frontières de la Tchécoslovaquie.

Le procès devrait durer plusieurs semaines. Les victimes réclament un dédommagement financier de sept millions de couronnes, soit 220 000 euros. Les accusés, de leur côté, aujourd'hui très âgés, risquent jusqu'à dix ans de prison. Tous, dans leur ensemble, ont dit ne pas comprendre pourquoi ils sont jugés et affirment ne pas se sentir coupables. Et lorsque ils se retrouvent confrontés à des preuves irréfutables ou aux dépositions des dizaines de témoins présents dans la salle, tous optent, pour l'instant, pour la même défense, celle du trou de mémoire : « Cela fait bien longtemps, je ne me souviens plus ».