The Painted Bird, le film choc choisi pour représenter le cinéma tchèque aux Oscars
C’est un film qui semble ne laisser personne indifférent. The Painted Bird vient d’être présenté dans des festivals prestigieux, à Venise en compétition officielle puis à Toronto – et il produit à chaque fois le même effet : une bonne partie du public sort de la salle, tandis que les critiques sont dans l’ensemble très favorables. Le film vient également de sortir en République tchèque, le pays du réalisateur de ce très long-métrage remarqué.
L’histoire relate l’errance d’un gamin dans une Europe centrale déchirée par la Deuxième guerre mondiale et la barbarie. Pendant le tournage, le réalisateur a dû faire appel à un psychologue :
« Le psychologue nous a aidés et a aidé Petr Kolár, l’enfant qui joue le rôle principal. J’avais une grande crainte qu’il soit trop marqué par le tournage de ce film, qui est vraiment très cruel. Le docteur Václav Mertin, l’un des meilleurs psychologues cliniciens du pays, a commencé par lui faire passer des tests. Il m’a dit que je pouvais être tranquille car ce garçon avait une personnalité en or qui lui faisait toujours voir le verre non pas à moitié plein mais complètement plein. Après des scènes difficiles, il allait gaiement grimper dans les arbres et sauter partout. »La performance des acteurs est indéniable, celle des enfants comme celle des vedettes charismatiques que sont le Suédois Stellan Skarsgard ou l’Américain Harvey Keitel.
A Prague, le film a été salué par une partie de la critique mais certaines ne sont pas tendres et dénoncent notamment une « spirale de violence plutôt inconsistante ».
En attendant de voir si son film, sorti le 12 septembre, va connaître un succès public dans son pays natal, Václav Marhoul est récemment revenu sur la longue période qui a précédé le tournage – onze années en tout, rythmées par l’obtention des droits du livre puis par de nombreux refus de financement, malgré l’obtention en 2016 à Cannes d’une mention spéciale récompensant le scénario de ce long-métrage :« La recherche de financements est un cauchemar pour tous les cinéastes, et moi en plus je ne fais pas de compromis artistiques. J’ai refusé de ne pas tourner en noir et blanc et ça m’a grillé en France, en Allemagne et en Israël auprès de potentiels coproducteurs. Dans d’autres pays, le fait que je refuse de tourner en anglais m’a aussi porté préjudice. »
Et dans le film, les rares dialogues sont en effet prononcés dans une espèce d’esperanto slave inventé il y a une dizaine d’années par un Tchèque passionné (dont nous reparlerons bientôt sur notre antenne).
Dans un des entretiens qu’il a accordés récemment à la presse locale, le réalisateur de cette adaptation de L’oiseau bariolé revient également sur les difficultés à trouver des coproducteurs en Pologne, où s’est déroulé le tournage.Selon Václav Marhoul, aucun producteur polonais n’a osé s’investir dans ce projet à cause des polémiques concernant l’Holocauste dans le pays, "surtout depuis les débats de l’année dernière à Varsovie sur une loi interdisant toute référence à une participation polonaise aux crimes contre l’humanité commis pendant la guerre".
Côté tchèque, le débat est moins passionné. The Painted Bird (Nabarvené ptáče en tchèque) a reçu des aides publiques du Fonds national du cinéma (environ 1 million d’euros) et vient d’être choisi pour représenter le pays aux pré-sélections pour le prochain Oscar du film étranger.