Cinéma : le film-choc The Painted Bird domine la cérémonie des Lions tchèques

Václav Marhoul, photo: ČTK / Vít Šimánek

Candidat malheureux dans la course aux Oscars, puisqu’il n’avait finalement pas été retenu pour concourir au titre de « meilleur film étranger », The Painted Bird de Václav Marhoul a raflé pas moins de huit récompenses, dont celle du meilleur film, samedi soir, lors de la cérémonie des Lions tchèques, l’équivalent des Césars. Grappillant le reste des prix principaux encore disponibles, les films Staříci (Old-Timers) et Vlastníci (Owners) sont les deux autres gagnants de la grand-messe du cinéma tchèque.

Václav Marhoul,  photo: ČTK / Vít Šimánek
C’est à l’écrivain britannique Simon Mawer, connu pour ses romans avec l’histoire tchèque comme toile de fond, qu’est revenue la tâche de remettre le prix traditionnellement le plus attendu de la soirée, celui du meilleur film.

Déjà lauréat du prix de la réalisation, de la photographie, du montage, des costumes et quelques autres, le film The Painted Bird (Nabarvené ptáče) est clairement le grand gagnant de la cérémonie des Lions tchèques.

Ce film-choc en noir et blanc de près de trois heures relate l’errance d’un enfant dans une Europe centrale déchirée par la Deuxième Guerre mondiale et la barbarie, un enfant à qui aucune horreur n’est épargnée. A l’issue de la soirée, le réalisateur Václav Marhoul a avant tout tenu à rendre hommage à l’équipe du film :

« Mon dieu je suis vraiment heureux, c’est une grande joie, surtout par rapport aux gens qui ont travaillé sur ce film. Pour moi aussi, évidemment, je ne m’y attendais vraiment pas et ce n’est pas de la fausse modestie. Je ne m’y attendais pas. Je suis heureux pour l’ensemble de l’équipe, c’est une satisfaction pour moi par rapport à tous ces gens qui m’ont accordé leur confiance. »

Et cette confiance, il fallait l’avoir chevillée au corps, car le projet de Václav Marhoul, adapté du livre L’oiseau bariolé de Jerzy Kosiński, a mis pas moins de onze ans à voir le jour. Servi par un éventail de stars impressionnant, comme le Suédois Stellan Skarsgård ou l’Américain Harvey Keitel, le film se distingue toutefois par la performance de l’acteur principal, Petr Kotlár, un jeune acteur tchèque d’origine rom d’une dizaine d’années :

« Harvey Keitel a joué avec moi et c’était le seul qui parlait avec moi pendant le tournage. Julian Sands et Stellan Skarsgård était plutôt concentrés sur leur rôle, donc ils ne discutaient pas trop avec moi. Avec Harvey Keitel, on parlait de l’école, de foot, on a même fait quelques passes. Et à la fin, il m’a même fait un cadeau d’adieu. »

Jiří Schmitzer,  photo: ČTK / Michal Krumphanzl
Dans la suite du palmarès de la soirée, Jiří Schmitzer et Ladislav Mrkvička les deux interprètes principaux du film Staříci (Old-Timers), récemment proclamé meilleur film lors de la cérémonie alternative de la critique tchèque, ont été sacrés, respectivement meilleur acteur et meilleur acteur dans un second rôle.

Ce road-movie de Martin Dušek et Ondřej Provazník est inspiré de faits réels sur la vengeance de deux seniors, victimes de procès stalinien dans les années 1950, qui partent à la recherche du procureur communiste qui les a fait condamner.

Indissociables à l’écran, les deux acteurs l’ont également été dans ce qui s’apparente finalement à un prix ex-aequo, ce qui n’a pas manqué de réjouir Jiří Schmitzer :

« Ça, c’est vraiment une grande joie pour moi, c’est ce qui me fait le plus plaisir. Parce que les deux rôles sont vraiment comparables. On peut même douter du statut de ces deux rôles, à savoir lequel est le rôle principal et lequel est un second rôle. Donc je suis d’autant plus content du résultat de ce prix. »

'Vlastníci,  photo: ČT
Pièce de théâtre adaptée au grand écran, la comédie Vlastníci (Owners), sur la réunion d’un syndic de copropriété qui donne lieu à de mémorables échanges entre propriétaires plus ou moins conciliants, a pour sa part consacré deux des actrices du film, Tereza Ramba pour la meilleure actrice et Klára Melíšková pour le meilleur second rôle.

La série télévisée Most !, feuilleton comique et atypique qui traite à sa façon de sujets sérieux tels que le racisme, la cohabitation entre Roms et non-Roms, la xénophobie ou encore la transphobie, s’est vue confortée dans son succès public par le Lion de la meilleure série dramatique.

A noter enfin que le documentaire tchéco-français L’ami retrouvé, de Joël Farges et Tereza Brdečková, consacré au grand maître de l’animation Jiří Trnka, n’a finalement pas transformé sa nomination en prix. Présente à la cérémonie, Bérénice Farges, la fille du réalisateur et étudiante en cinéma, n’en était pas moins satisfaite que le film soit arrivé aussi loin :

« Forcément il y avait un peu d’espoir de notre côté. Mais étant Français, les seuls étrangers, c’était forcément un peu compliqué. On a été nominés et on était très contents de ça. C’était déjà un grand honneur pour nous d’assister à toute la soirée ! »