« Pardon » : 30 ans après le boycott des Jeux de Los Angeles, le mea-culpa du Comité olympique tchèque
Il y a trente ans de cela, le 12 mai 1984, le Comité olympique tchécoslovaque, quelques jours après l’URSS, annonçait sa décision de ne pas envoyer ses sportifs aux Jeux de Los Angeles, qui doivent se tenir deux mois plus tard. Officiellement, Moscou, Prague et treize autres de leurs alliés affirment alors craindre la menace qui planerait sur la sécurité de leurs athlètes aux Etats-Unis et dénoncent l’utilisation politique que le grand ennemi occidental entend faire de l’événement. Mais quatre ans après le boycott américain des Jeux de Moscou, personne n’est dupe : il s’agit d’abord d’une réplique du bloc communiste. Ce lundi, à Prague, le Comité olympique tchèque a invité ses anciens sportifs pour leur présenter, pour la première fois, ses excuses.
Ces mots sont ceux de Gejtza Valent, ancien lanceur de disque dont les performances de l’époque, comme sa médaille de bronze décrochée l’été précédent aux championnats du monde d’Helsinki, laissaient à penser qu’il serait au moins monté sur le podium olympique à Los Angeles. Il n’était d’ailleurs pas le seul : Imrich Bugár, autre athlète tchèque à la carrure monumentale et champion du monde en titre de la discipline, aurait probablement complété ce podium.
Valent, Bugár, Jarmila Kratochvilová, la lanceuse de poids Helena Fibingerová, la gymnaste Hana Říčná, l’haltérophile Antonín Baraniak, les équipes de poursuite en cyclisme sur piste ou de handball… Même si la plupart d’entre eux étaient très probablement « survitaminés », ils étaient nombreux les sportifs tchèques et slovaques, tous déjà médaillés mondiaux ou européens, à espérer pouvoir briller en 1984. Seulement voilà, le contexte politique en a voulu autrement…
« Le Comité olympique tchécoslovaque a décidé à l’unanimité de ne pas envoyer nos sportifs aux prochains 23es Jeux olympiques d’été. […] Nous avons pour cela des raisons graves que nous avons exprimées à la réunion plénière du comité », annonce alors Antonín Himl, président du comité olympique et haut fonctionnaire communiste.Ces fameuses « raisons graves » sont multiples : la prétendue commercialisation des Jeux, la mauvaise qualité de l’air à Los Angeles ou encore, plus simplement, la volonté de l’URSS de briller par son absence aux Etats-Unis, comme le rappelait ce lundi, au siège du Sénat, l’actuel vice-président du Comité olympique tchèque, František Kolář :
« Deux organisations sont apparues, dont l’une s’appelait ‘Interdisez aux Soviétiques de participer’. Et la nouvelle garniture politique soviétique a commencé à faire croire que cela représentait un grand danger pour ses sportifs. De toute façon, il fallait trouver quelque chose pour justifier le boycott. Par ailleurs, de nombreux émigrants soviétiques venaient justement de s’installer en Californie, et Moscou a fait valoir que c’était une autre raison de ne pas se rendre à Los Angeles. »Loin de toutes ces préoccupations politiques et propagandistes, les sportifs tchécoslovaques apprennent alors la nouvelle à la radio ou à la télé et voient le rêve de leur vie se briser. Pour les consoler, ils sont invités à participer à une autre compétition organisée par le bloc de l’Est : les Jeux de l’Amitié. Si l’essentiel des épreuves sont disputées en Allemagne de l’Est, celles de gymnastique le sont à Olomouc, en Moravie.« A Los Olomouc », a précisé, ce lundi, Hana Říčná, 16 ans, vice-championne du monde à l’époque et émigrée… aux Etats-Unis depuis. Mais faute de médaille olympique, qui s’en souvient aujourd’hui…