"Pas de place pour la haine et le racisme dans les rues de Plzeň"
Ce samedi, des manifestations anti-rom sont organisés par des mouvements néo-nazis dans les villes de cinq régions de République tchèque. Ce climat de tensions racistes est très prégnant dans le pays depuis le début du printemps où les événements de ce genre se sont multipliés, conduisant parfois à des violences contre les populations tziganes et la police, comme à České Budějovice fin juin dernier. A Plzeň, en Bohême de l’Ouest, la plate-forme « V Plzni nácky nechceme », que l’on pourrait traduire par « Nous ne voulons pas des nazillons à Plzeň », a décidé d’organiser samedi à son tour un rassemblement afin de montrer que le racisme et la haine n’ont pas leur place en République tchèque.
« On veut montrer qu’il n’y a pas de place pour la haine et pour le racisme dans les rues de Plzeň. On veut montrer que tous les habitants de cette ville sont capables de vivre ensemble. »
Il est important pour Petr Šimon que les gens ne restent pas chez eux. Il ajoute :
« Si l’on organise ça à Plzeň, c’est aussi une forme de prévention. Parce que quand on compare Plzeň à des régions tchèques défavorisées ; la situation n’est pas si grave ici mais, nous les organisateurs, on se rend compte qu’il suffit vraiment de peu de choses pour que la situation devienne difficile même à Plzeň. »
Si l’on en croit le nombre de défilés anti-rom de ces derniers mois, ainsi que les inquiétudes des services de renseignements tchèques qui pointent du doigt la montée du racisme dans la population, l’atmosphère sociale en République tchèque se dégrade. Pour Petr Šimon, l’action de samedi doit aussi servir à prévenir cette montée des tensions. C’est pourquoi les organisateurs espèrent une mobilisation importante samedi. A l’image de Petr Vaněk, qui outre ses engagements citoyens à Plzeň, dirige une organisation non-gouvernementale :
« Nous nous attendons à ce que quelques centaines de personnes participent à cette action à l’appel de la plate-forme « Nous ne voulons pas des nazillons à Plzeň ». Jusqu’à présent près d’une vingtaine d’organisations ont déclaré leur soutien, par exemple la section de Plzeň de l’association Člověk v tísni (People in need), mais aussi des représentants de différents partis politiques tels que la formation TOP 09 de Bohême de l’Ouest, le parti des Verts, celui des Pirates tchèques ou encore Plzeňská Aliance (une formation politique locale). »
La plate-forme est toute récente puisqu’elle est née suite à la volonté de mouvements racistes de défiler à nouveau dans les rues. Petr Vaněk raconte :
« Nous sommes tombés d’accord sur le nom « Nous ne voulons pas des nazillons à Plzeň » car c’est une appellation que l’on retrouve pour plusieurs initiatives dans toute la République tchèque. Ainsi, nous montrons aux villes dans lesquels nous sommes actifs qu’elles méritent qu’il y règne le respect à l’égard de toutes les populations, ainsi que la solidarité et la démocratie. Aussi elles ne méritent pas qu’on y entende des vociférations stupides et mensongères. »
Des vociférations proférées bien souvent par des gens eux-mêmes précarisés comme le remarque Petr Šimon qui essaie de fournir une explication à la montée de ce climat de tensions :
« Chaque fois, les gens qui ne sont pas contents pour différentes raisons ont besoin de trouver quelqu’un qui est « plus faible » qu’eux. Dans le contexte tchèque, ce sont souvent les Tziganes. C’est une tension anti-rom, c’est une tension anti-sociale. Souvent, si vous regardez les manifestations anti-rom, il y a beaucoup de gens qui sont aussi dans une situation pénible. »
C’est pourquoi Petr Vaněk pense que c’est en travaillant à l’amélioration des conditions d’existence des personnes les plus fragiles de la société que ce racisme peut être combattu.