Pays du tourisme
Nous sommes heureux de vous retrouver à nouveau à l'écoute de notre page touristique, consacrée cette fois-ci aux charmes de la Moravie du sud. Cette région n'est pas que celle des bons vins, on y trouve aussi des traces de notre histoire la plus ancienne.
Nous commençons notre excursion dans la ville d'Uherske Hradiste. Elle a été fondée par le roi tchèque de la dynastie des Premyslides, Otakar II, en 1257 comme forteresse frontalière contre les invasions hongroises. On a conservé de cette époque le plan du noyau historique de la ville avec des vestiges des remparts gothiques. De la charnière des 15ème et 16ème siècles datent l'église du couvent des Franciscains et du vieil hôtel de ville avec une tour prismatique, élancée et fort perchée. L'inspiration par l'église du Jésus de Rome est indéniable dans l'architecture de l'église paroissiale primitivement jésuite Saint-François Xavier. De nombreuses sépultures avec des fondations du complexe de l'architecture sacrale du 9ème siècle découvertes par des archéologues témoignent de l'existence d'un centre important de l'empire de la Grande Moravie sur le confluent des rivières Olsava et Morava.
Non loin d'Uherske Hradiste, on trouve la localité de Mikulcice qui se distingue comme centre probable, longtemps cherché, de la Grande Moravie, qui a été, rappelons-le, la première formation étatique des Tchèques et des Slovaques, fondée vers 845. Les fouilles archéologiques ont dévoilé les fondations d'un grand oppidum et d'une acropole avec un palais princier et une chapelle construite à la charnière des 8ème et 9ème siècles. La découverte d'églises, au nombre de onze, témoigne de l'importance de cet oppidum. Des objets exceptionnels ont été trouvés dans une vaste sépulture près de la rotonde découverte sur une autre colline, appelée Kostelisko, située au sud-ouest de l'oppidum. L'aire de l'oppidum slave de Mikulcice est devenue monument culturel classé. Les fouilles de Mikulcice, Stare Mesto et Pohansko, anciennes villes de Grande Moravie, se poursuivent et apportent de nouvelles découvertes. Celles déjà terminées ont dévoilé les ruines de bâtiments religieux en pierre. Au voisinage des églises, mais aussi dans les intérieurs, ont été dégagées des tombes maçonnées et près de dix mille sépultures abritant des richesses surprenantes: bijoux en or et en argent, éperons en bronze doré ou en fer, épées de fer, lances, haches de guerre, récipients en terre cuite, seaux en bois, etc.
Il convient de rappeler que bien avant la naissance de la Grande Moravie, le territoire de la Moravie du sud a été le centre d'un autre empire, plus ancien, celui de Samo. C'est le rapport du chroniqueur franc, Frédégaire, datant de la première moitié du 7ème siècle, qui nous apprend son existence. On peut y lire qu'en la 40ème année du règne de Clotaire II, roi des Francs, un homme, nommé Samo, par son origine Franc du Sénonais, actuellement la France, a rassemblé un assez grand nombre de marchands avec lesquels il s'est rendu dans le pays des Slaves appelé Vinidi pour y faire du commerce. Les Vinidi, voyant la valeur de Samo, l'ont élu roi. La zone centrale du royaume de Samo s'étend de la Moravie méridionale jusqu'aux environs de Bratislava. C'est là, également, que certains historiens tentent de trouver Vogastisbourg, au voisinage duquel les Slaves conduits par Samo ont fait subir, en 631, une défaite à Dagobert, roi des Francs.
Mais revenons à l'Etat de la Grande Moravie. C'est le prince Mojmir qui a réuni, après 820, la Vieille Moravie à la principauté de Nitra en un seul Etat. Pour faire front aux efforts systématiques des Francs germaniques visant à dominer spirituellement et politiquement le pays, les princes se sont adressés à l'empereur byzantin, le priant d'envoyer à leur cour des évangélisateurs parlant la langue slave. En 863 ont été envoyés de Thessalonique deux apôtres érudits, Cyrille et Méthode. Leur mission en Grande Moravie a donné lieu à un essor de la culture chrétienne orthodoxe. Ces "frères" ont traduit la Bible et les livres liturgiques en langue slave.
Les traces que leur mission a laissées en Moravie du sud sont le plus vivantes à Velehrad. Ce complexe ecclésiastique monumental de couvents dominé par l'église baroque est l'un des rares endroits où la liturgie vieille-slave, dont les origines remontent justement à l'époque de la Grande Moravie, a été sauvegardée jusqu'à présent. L'église de Velehrad a été construite comme basilique à trois nefs, avec un nef perpendiculaire en cinq absides. Le remaniement baroque du couvent et de l'église a été terminé au 18ème siècle et, depuis, le complexe a gardé cet aspect baroque. C'est ici, à Velehrad, que les célébrations de la fête de Saint-Cyrille et Saint-Méthode sont les plus grandioses, en présence d'éminents d'hommes d'Eglise. Des milliers de croyants s'y réunissent, chaque année, à cette occasion.
Autre ville à ne pas rater lors de la visite de la Moravie du sud, Straznice. Celle-ci est située au centre de la région viticole, typiquement ethnographique de la Slovaquie morave. Elle ne devrait pas être méconnue des amateurs du folklore, puisque c'est là que les festivals folkloriques internationaux sont organisés chaque année en juin. Straznice possède le château, dont le parc est réservé au déroulement des festivals de chansons et de danses populaires. Il est aussi le siège de l'Institut de l'art populaire, avec une exposition permanente d'instruments et de céramique populaire. Sous le château se trouve un musée d'architecture typique en plein air avec un ensemble très intéressant de constructions ayant trait aux vignobles. Je noterai encore qu'un complexe original de caves à vins du 18ème et du 19ème siècles, appelé Plze, fait partie des curiosités de la commune de Petrov, située à 4 km de Straznice. Un des monuments techniques intéressants et accessibles au public est le moulin de Kuzelov, datant de 1842. C'est un des rares moulins à vent conservés en Moravie, où, autrefois, les moulins étaient très nombreux.
La dernière ville que nous visiterons aujourd'hui, Znojmo, se distinguait parmi les oppidums moraves du 11ème siècle de même que Brno: Znojmo est devenue siège des princes consorts, après l'annexion de la Moravie à l'Etat tchèque. L'importance du château fort princier de Znojmo à cette époque est illustrée par la rotonde Sainte-Catherine conservée de la première moitié du 11ème siècle et décorée de fresques monumentales représentant la généalogie des Premyslides. Dans la ville, située au-dessus de la vallée pittoresque de la rivière Dyje et développée pendant dix siècles, non sans le sens de l'harmonie avec le paysage, on a conservé sur un plan moyenâgeux un nombre exceptionnel de monuments. Autour de ce noyau historique se développe une ville moderne, connue notamment comme centre viticole.