Petr Hájek critiqué pour ses propos sur un conte de fées intitulé Ben Laden

Petr Hájek

« Oussama Ben Laden est une fiction médiatique. Sa naissance tout comme sa mort se sont déroulées dans des conditions mystérieuses. C’est un conte de fées pour adultes. » Ces propos n’auraient pas suscité autant d’intérêt s’ils n’avaient pas été prononcés, la semaine dernière, par Petr Hájek, directeur adjoint du cabinet du président tchèque Václav Klaus. Indigné, le ministre des Affaires étrangères Karel Schwarzenberg a dit ce week-end que ces déclarations, remarquées par plusieurs médias américains, dont le Wall Street Journal, avaient porté atteinte à la réputation de la République tchèque et à ses intérêts.

Petr Hájek, 59 ans, est ancien journaliste et, depuis plusieurs années, un des collaborateurs les plus proches et les plus fidèles du chef de l’Etat. Dans le milieu tchèque, il est réputé pour ses opinions controversées. « Moi, je ne descends pas du singe », a-t-il déclaré en 2009 à Prague, devant un auditoire scientifique stupéfait, en mettant en cause la théorie de l’évolution de Charles Darwin. Ce même Petr Hájek, qui fait un parallèle entre darwinisme et marxisme, qui qualifie Václav Havel de néo-marxiste et qui considère la lutte contre le tabagisme comme une atteinte à la liberté, partage également la « théorie du complot » des attentats du 11 septembre. Récemment, il s’est expliqué à ce sujet à la Télévision tchèque :

« Il y a de très nombreuses lacunes dans l’enquête sur les attentats du 11 septembre, même la commission d’enquête du Sénat américain l’a constaté. Mais jusqu’à présent, ces lacunes n’ont pas été comblées et personne ne se penche dessus. C’est étrange. »

Photo: CTK
Dans une interview publiée suite à l’annonce de la mort d’Oussama Ben Laden sur le site Internet tchèque Parlamentní listy.cz, Petr Hájek s’est opposé à ce qu’il estime être la présentation médiatique de cet événement. D’après lui, l’interprétation simplifiée des faits produit des raisonnements et émotions simplifiées. On l’écoute :

« J’insiste sur le fait que Ben Laden est une fiction médiatique. Son histoire est présentée comme un conte de fées sur le bien et le mal. Oussama Ben Laden est le diable barbu. Après son exécution, l’univers sera soulagé et tout se passera bien. Moi, je dis que ce n’est pas vrai. Je pense que cette histoire est plus complexe, qu’elle commence à l’époque où Ben Laden était un allié des Etats-Unis, un collaborateur de la CIA. »

Karel Schwarzenberg,  photo: CTK
Ces propos ont valu à Petr Hájek une première critique officielle : samedi, dans un communiqué de presse, le ministre des Affaires étrangères Karel Schwarzenberg a qualifié ces déclarations publiques, d’« outrageuses à l’égard de l’allié de la République tchèque ». « Je tiens à m’opposer catégoriquement à ces propos formulées par un haut fonctionnaire de l’Etat », a affirmé Karel Schwarzenberg en précisant que sa réaction n’était pas le fruit d’une pression diplomatique exercée par les Etats-Unis pour obtenir des excuses.

Pour une fois, le président de la République, Václav Klaus, qui, d’habitude, apprécie l’originalité des théories de Petr Hájek, s’était distancé de l’opinion de son collaborateur. Sur son site web, le président juge le discours de Petr Hájek de « malheureux », mais s’empresse de préciser que le directeur adjoint de son cabinet a seulement voulu « remuer la poussière médiatique autour de la personnalité et de la mort d’Oussama Ben Laden », sans évaluer l’impact de ses propos.