Petr Uhl reçoit le prix Charles IV décerné par les Allemands des Sudètes

Petr Uhl et Bernd Posselt, président de l'Association des Allemands des Sudètes, photo: CTK

Samedi, à Nuremberg en Allemagne, la Landsmannschaft, association des Allemands des Sudètes a organisé un grand rassemblement. Le ton de ses représentants a baissé ces derniers temps au sujet des décrets Beneš, qui ont eu pour conséquence l’expulsion parfois violente de la population allemande hors du territoire tchécoslovaque. Et pour la troisième fois de l’histoire, c’est à un Tchèque, l’ancien dissident, militant et journaliste Petr Uhl que l’association a remis son prix, le prix Charles IV. Petr Uhl qui nous a expliqué pourquoi ce prix lui a été décerné:

Petr Uhl et Bernd Posselt,  président de l'Association des Allemands des Sudètes,  photo: CTK
« Depuis la Charte 77 et surtout après la révolution de Velours, j’écris ou parle ouvertement sur la situation des Allemands tchécoslovaques qui ont été chassés, déportés juste après la guerre en 1945-46. Trois millions de personnes, et des milliers d’entre elles ont été tuées. Des crimes, qui malheureusement n’ont pas été condamnés – on ne peut plus les condamner juridiquement – et on n’a pas reconnu que c’est l’Etat tchécoslovaque – qui se voulait démocratique – qui a utilisé les mêmes méthodes que les nazis ont utilisées en Tchécoslovaquie occupée entre 1938 et 1945. Dans un Etat démocratique on ne peut pas dire ‘parce qu’ils ont fait le mal, c’était la réponse justifiable’. Je trouve cette lacune dans notre histoire commune, il faut en parler. »

Ce prix vous a-t-il fait plaisir ? Vous n’allez peut-être pas vous faire des amis à Prague…

« Bien sûr, pour moi c’était vraiment un grand honneur. C’est une reconnaissance, et je ne suis pas le seul. Il y a beaucoup d’intellectuels ici qui réagissent de la même façon. »

On a l’impression après la réunion de ce week-end que l’ambiance s’est un peu calmée, du côté allemand comme du côté tchèque. On sent des efforts pour parler avec moins de passion qu’avant de la problématique des décrets Beneš.

« Pour des raisons tactiques ou stratégiques peut-être, la nouvelle direction de la communauté des Allemands chassés des Sudètes – ce n’était d’ailleurs pas seulement les Allemands des Sudètes, je n'avais que quatre ans mais je me souviens qu’à Prague aussi – a choisi un ton beaucoup plus amical. Ils ne manquent aucune occasion pour louer les positions du gouvernement tchèque. Mais d’une manière constante, dans la presse tchèque on présente les Allemands chassés comme les partisans de Hitler ou de Henlein, mais ce sont aujourd’hui des gens qui étaient enfants à l’époque qui sont à la tête de ces activités. Ceux qui avaient 20 ans à l’époque sont pratiquement tous morts, les fascistes comme les anti-fascistes. »