Philippe Marini : « La République tchèque est appelée à rejoindre la zone euro dans les années 2010 »
Le sénateur français Philippe Marini, rapporteur général de la commission du budget au Sénat, était à Prague lundi et mardi. Au cours de cette visite, il s’est notamment entretenu avec le ministre des Finances tchèques Miroslav Kalousek. Radio Prague lui a demandé de détailler l’objet de leurs discussions
Dans le cadre des réformes menées pour combler le déficit des retraites, la République tchèque va adopter un taux de TVA unique à 20%. Or ce taux unique fait débat puisqu’il va toucher des secteurs tels que l’édition. Ne craignez-vous pas que justement cela ralentisse l’économie et que les gens finissent par consommer moins ?
« Déjà j’observe que le taux réduit est ici à 10% alors qu’en France il est à 5,5% ce qui fait une vraie différence. D’autre part je suppose que le Parlement tchèque, la majorité, trouvera un bon équilibre. Comme souvent, on peut partir de positions assez extrêmes pour arriver à des compromis raisonnables. Je rappelle que nous avons eu des discussions en France sur le taux de TVA pour les livres immatériels, dans la loi de Finances pour 2011, pour aligner ces taux sur le taux le plus bas, c’est-à-dire 5,5%. La comparaison avec la situation tchèque montre que nous avons de la distance à parcourir et que dans notre pays on a fait un peu trop de cadeaux fiscaux. »Les dirigeants de la zone euro doivent se retrouver le 11 mars pour discuter de mesures à prendre sur la gouvernance économique. Il sera notamment question du plan de compétitivité franco-allemand. Or de nombreux « petits pays », comme la République tchèque, ne voient pas ce plan d’un très bon œil. Est-ce un sujet que vous avez abordé avec Miroslav Kalousek ?
« J’ai trouvé paradoxalement que la position tchèque était plus ouverte que je ne l’aurais pensé. En ce qui concerne la gouvernance, j’ai eu le sentiment que nos arguments étaient bien compris. Je pense qu’au Conseil européen, nous ne devrions pas être sur des positions antagonistes. J’ai eu l’occasion, avec différents experts tchèques, d’évoquer les progrès de la construction européenne. Je m’attendais à des propos finalement beaucoup plus eurosceptiques que ceux que j’ai entendus en particulier sur la zone euro. Je crois qu’il est clair aux yeux de beaucoup d’experts et de personnes concernées à Prague, que ce pays est appelé à rejoindre la zone euro quelque part dans les années 2010. Il faut se défier des caricatures. Il y a probablement une caricature du Français type qui circule à Prague et il y aussi une caricature du Tchèque eurosceptique voire ‘eurohostile’ qui circule à l’Ouest, et tout cela me semble devoir être combattu. »