Budget prévisionnel : coupes dans l'éducation et la recherche scientifique
Le ministère des Finances ne sait plus quoi faire pour réduire les dépenses publiques. Dans le budget prévisionnel 2013 présenté lundi par le ministre Miroslav Kalousek, plusieurs secteurs, tels que la culture ou l’environnement sont durement affectés. Surtout, ce plan prévoit une saignée massive de la recherche scientifique et une réduction des salaires des enseignants, pourtant déjà nettement inférieurs à la moyenne européenne.
Le budget alloué à la recherche scientifique pourrait diminuer de près de 10% l’an prochain. Une baisse de 107 millions d’euros suivie l’année suivante par une nouvelle coupe de 100 millions : c’est l’un des volets du nouveau budget prévisionnel présenté lundi par le ministère des Finances. Il touche particulièrement l’Académie des sciences et pourrait avoir comme conséquence des pertes d’emplois massives dans le secteur ainsi que l’arrêt d’un certain nombre de projets. Et ce n’est pas le seul poste de réductions des dépenses : la plupart des domaines qui représentent des investissements sur l’avenir comme l’éducation, les transports ou encore l’environnement sont concernés. Il s’agissait de trouver 25 milliards de couronnes (un milliard d’euro) d’économies supplémentaires par rapport au précédent budget prévisionnel que les députés ont indirectement rejeté en refusant un paquet de réformes fiscales. Et il faut ajouter à cela une coupe de 16 milliards de couronnes (630 millions d’euros) dans les coopérations avec l’Union européenne. Le ministre Miroslav Kalousek regrette surtout que le précédent budget n’ait pu être adopté :
« Il est essentiel de trouver ces 25 milliards de couronnes à économiser et il est naïf de penser qu’on puisse le faire sans affecter certains secteurs que nous souhaitions épargner car ce sont des économies qui ne sont pas forcément profitables. C’est pourquoi je ne dis pas que c’est la meilleure solution. La meilleure solution est d’accepter le ‘plan de stabilisation’ et le budget prévisionnel originel qui a dû être retiré. »Ce « plan de stabilisation », qui prévoit notamment une hausse d’un point des deux taux de TVA a été rejeté début septembre par la Chambre basse avec le vote de certains députés membres du principal parti de la coalition gouvernemental, l’ODS. Il conditionnait l’adoption du premier budget prévisionnel pour l’année 2013 et doit à nouveau être discuté cette semaine au Parlement, avec en prime un vote de confiance. L’avenir du gouvernement de Petr Nečas est donc en jeu. A noter que ce projet de budget ne semble pas non plus convenir à tous les membres de la coalition gouvernementale, certains y voyant une manœuvre de M. Kalousek. Mais ce sont les secteurs concernés par les baisses prévues qui sont les premiers à s’alarmer et qui s’unissent pour le dire, à l’image de la Conférence tchèque des recteurs, de l’Académie des sciences et du Conseil des écoles supérieures. Jiří Zlatuška est le vice-président de cette dernière :
« Si nous ne disposons pas des moyens pour assurer les standards élevés requis dans nos établissements, cela aura pour conséquence une baisse de la qualité des écoles supérieures ou une possible mise à l’écart de certains étudiants hors du système scolaire qui deviendraient alors une charge sociale supplémentaire. »Cette baisse du budget des écoles supérieures risque donc d’engendrer un coût social plus important que les économies réalisées. Jiří Zlatuška note également que le système scolaire public sera plus fortement touché, puisqu’il devra s’endetter à long terme. Les enseignants devraient également voir leurs salaires baisser. Ceux-ci sont pourtant déjà bien maigres, en tout cas largement inférieurs à la moyenne européenne, tant en valeur absolue qu’en valeur relative. Les syndicats parlent d’une provocation et attendent de discuter avec leur ministère, qui semble lui-même réservé sur ce budget prévisionnel, pour envisager des actions de protestation. L’opposition n’est pas en reste et critique vertement le texte présenté lundi, à l’image du social-démocrate Lubomír Zaorálek :
« Je ne suis pas surpris de la façon de procéder du ministre des Finances. C’est qu’il ne s’agit pas d’un ministre des Finances mais d’un ministre des coupes budgétaires. Il est capable en quinze jours de trouver 41 milliards de couronnes d’économies, simplement comme ça, d’un coup de sifflet. »Pour M. Zaorálek, le ministère des Finances devrait plutôt travailler à harmoniser les recettes fiscales, constatant notamment que la première hausse de la TVA en début d’année n’a pas engendré les rentrées escomptées et qu’elle a au contraire baissé la consommation des ménages. Le débat houleux qui a suivi la présentation de ce budget prévisionnel reprendra mercredi. Le texte doit être présenté aux députés le 23 novembre.