Pour le nouveau « Monsieur Europe » tchèque, l’UE est une chance historique
Cette nouvelle revue de presse propose tout d’abord le regard que pose le nouveau secrétaire d’Etat tchèque chargé des affaires européennes sur les défis à relever pour la Tchéquie. Deux autres sujets abordés relèvent de l’agenda international : une réaction aux résultats des élections législatives en France et un rappel de l’héritage laissé par l’ancien chancelier allemand Helmut Kohl. Et puis quelle valeur accorder aux sondages sur les intentions de vote ? C’est la question qui sera également soulevée dans cette émission.
« Notre principal intérêt est de maintenir le marché intérieur et l’UE telle qu’elle est actuellement. La Tchéquie et les autres pays d’Europe centrale et de l’Est ne peuvent pas rester en périphérie. En ce qui concerne la zone euro, il importe que nous participions à toutes les négociations sur ses transformations... L’Etat tchèque existe depuis plus de mille ans, et durant toute son histoire, il a été confronté aux pressions extérieures d’autres puissances sans pouvoir définir les règles du monde environnant. Pour la première fois, nous avons la possibilité de participer aux décisions prises sur des questions d’intérêt commun. Et ce n’est pas tout, car nous bénéficions de subventions européennes servant au développement de notre pays. Ce sont des choses qui ne nous sont jamais arrivées. C’est pourquoi il s’agit d’une chance historique. »
Aleš Chmelař estime qu’il existe en Tchéquie, en dépit des apparences, un consensus tant au niveau gouvernemental qu’au sein de l’opposition quant à l’utilité de l’UE. Ce qui, selon lui, fait l’objet de discordes, ce sont des détails. Il existe, par exemple, des regards différents sur l’ampleur des compétences dont l’UE devrait disposer ou sur la nécessité d’approfondir l’intégration européenne.Le phénomène Macron – un espoir pour l’Europe
Parmi les analyses qui ont fait suite aux résultats des élections législatives en France et ont été publiées dans les médias locaux, nous avons retenu celle qui a été publiée dans le quotidien Lidové noviny sous le titre « Le tremblement de terre français ». Considérant le fait que les législatives ont confirmé que la victoire de Macron à l’élection présidentielle n’était pas le fruit du hasard mais la conséquence de son approche positive et proeuropéenne, son auteur écrit :
« La France est désormais gouvernée par une force nouvelle. Une force vague en quelque sorte, d’un profil peu dessiné, mais qui porte en elle l’espoir d’un changement du climat, une force dynamique qui a acquis de l’expérience dans la vie civique... La France est devenue le théâtre d’un tremblement de terre dont le caractère et la portée ne se dessineront que plus tard. Les Français qui ont voté pour le centre libéral ont refusé les deux extrêmes, la droite de Marine Le Pen comme la gauche de Jean-Luc Mélenchon. C’est un grand espoir pour l’Europe qui, lasse des partis établis, a vu apparaître des formations telles que Podemos, Syriza ou le Mouvement cinq étoiles. »Avec Macron, nous avons affaire à un nouveau phénomène qui n’a pas encore été entièrement décrit. L’auteur du texte publié dans Lidové noviny se pose d’ailleurs la question de savoir si ce phénomène restera un cas exceptionnel français ou si la même voie sera empruntée par d’autres pays aussi. « Et si cela était le cas, par exemple, de la Tchéquie ? », s’interroge-t-il avant de conclure :
« On peut se demander ce que Macron signifie pour nous. En sa personne, l’UE dispose certainement d’un acteur fort qui voudra approfondir l’intégration européenne, agir de concert avec Berlin, et avancer rapidement. Serons-nous en mesure de relever ces défis, compte tenu de nos conflits avec Bruxelles et sans l’euro ? Ce sera difficile. »
Le tandem Kohl – Mitterrand, source d’inspiration aujourd’hui encore
Le rappel de l’apport de l’ancien chancelier allemand Helmut Kohl, récemment décédé à l’âge de 87 ans, est un autre sujet international auquel la presse tchèque a voué une grande attention tout au long de la semaine écoulée. Dans une note publiée dans l’hebdomadaire Respekt, nous avons pu lire :« Helmut Kohl n’avait pas le charisme de ses rivaux politiques, il n’était pas non plus un géant intellectuel ou un brillant orateur. Pour ce qui est des Tchèques et des Slovaques, cet homme réservé n’a pas su les séduire au lendemain de la chute du régime communiste, au contraire d’une Margaret Tchatcher ou de présidents américains décontractés. Dans les années 1990, ce n’est pas l’Allemagne sûre d’elle, efficace et un peu ennuyeuse qui a servi de source d’inspiration, mais la Grande-Bretagne et les Etats-Unis. Bien que sous-estimé durant toute sa carrière à cause de sa ‘normalité’, Helmut Kohl a pourtant laissé un immense héritage. »
C’est ainsi que devrait être perçu la relation entre Helmut Kohl et François Miterrand. Une amitié personnelle et politique entre un conservateur et un socialiste qui a donné naissance à une heureuse coopération entre la France et l’Allemagne qui a permis de faire avancer toute l’Europe. La signature du Traité de Maastrich, l’entrée dans l’UE de nouveaux Etats membres d’Europe du Sud et de Scandinavie, l’adoption de l’euro sont quelques-uns des fruits de cette coopération. L’auteur observe encore :« Cette amitié et l’art du compromis entre les leaders des deux Etats européens les plus influents représentent la plus grande source d’inspiration aujourd’hui, alors qu’Angela Merkel et Emmanuel Macron s’efforcent de réparer le moteur européen de façon à ce que celui-ci puisse avancer à la vitesse requise sur l’autoroute du XXIe siècle. »
Quelle est la pertinence des sondages sur les intentions de vote ?
On ne devrait pas accorder trop d’importance à ce que révèlent les sondages sur les intentions de vote. C’est ce que rapportent les textes mis en ligne cette semaine sur deux sites différents. Echo24.cz rappelle que d’après les sondages et les médias, c’est le mouvement ANO Andrej Babiš, qui remportera les élections législatives à l’automne prochain. Estimant que cette perspective offrira aux uns l’occasion de jubiler tout en plongeant les autres dans le désespoir, l’auteur ajoute :« Ces derniers ne devraient pas se laisser envahir par des idées noires. Actuellement, on ne peut pas croire les sondages et les analyses des médias. Il est vrai que Babiš promet de transformer l’Etat de façon à ce que celui-ci fonctionne comme une entreprise et que ses paroles dissimulent sa volonté de réduire la démocratie. Mais il est tout aussi vrai qu’il n’a pas encore gagné, même si le dernier sondage de l’agence STEM lui donne près de 30 % des voix. »
L’hebdomadaire Reflex remarque pour sa part que les résultats du dernier sondage, selon lequel le mouvement ANO (avec 92 sièges supposés) et le Parti communiste (32 sièges) atteindraient la majorité à la Chambre des députés, peuvent inquiéter une grande partie de la population. Cela n’est pas étonnant, car vingt-huit ans après la chute du communisme, un tel résultat peut sembler apocalyptique. Selon l’auteur, il ne faut cependant pas céder à la panique. Il explique pourquoi :« Les résultats des prochaines élections législatives seront différents, car le sondage en question semble avoir été mal effectué. Par ailleurs, à plusieurs reprises dans le passé, on a constaté que les sondages se trompaient considérablement. Lors des élections tchèques, d’autres éléments entrent en jeu, dont en premier lieu le taux de participation qui aura une influence déterminante sur les résultats. Un faible taux de participation profiterait probablement à tous les principaux partis, sauf le mouvement ANO et le Parti social-démocrate (ČSSD). En revanche, les sympathisants du parti ODS, principal parti de droite dans l’opposition, et des communistes apparaissent régulièrement comme des électeurs très disciplinés ».
Les élections législatives qui auront lieu en octobre prochain s’annoncent donc très ouvertes et leurs résultats peuvent être foncièrement différents de ce que « disent » les sondages, conclut l’hebdomadaire Reflex.