Pour sa réouverture, le jardin botanique arbore des couleurs printanières
Depuis le 12 avril, il est à nouveau possible de visiter les espaces extérieurs des jardins zoologiques et botaniques. Radio Prague Int. s’est rendue au jardin botanique de Prague pour prendre la température auprès des responsables et des visiteurs, une dizaine de jours après sa réouverture.
Situé sur les hauteurs de la colline de Troja, cet espace naturel de 52 hectares, créé en 1969, surplombe la Vltava ainsi que le zoo de Prague. Un véritable havre de paix pour les quelque 25 000 à 28 000 espèces d’arbres et de plantes qui y prennent racine et y bourgeonnent au milieu des visiteurs venus s’émerveiller.
Des visiteurs qui peuvent habituellement également profiter des différentes serres et lieux clos ainsi que des nombreuses expositions. Un lieu paisible, un personnel passionné et une flore éblouissante, l’ouverture du jardin botanique apporte un peu d’espoir, l’espoir d’un retour à la normale. Même si la vie du jardin botanique n’a pas toujours été rose, entre les projets d’agrandissement et les tensions avec le voisinage, il n’avait jamais connu une telle période.
Une réouverture attendue
Fortement touchée par la pandémie depuis l’automne dernier, la République tchèque s’est vite retrouvée dépassée par la situation. Pendant plusieurs mois, les espaces et lieux accueillant du public ont dû fermer leurs portes, afin de ralentir la circulation du virus. Les équipes du jardin botanique ont dû être réorganisées pour éviter un sous-effectif qui aurait pu nuire aux soins des plantes. Mais pour le chef de la division botanique, Vlastík Rybka, le personnel a surtout profité de cette fermeture pour réaliser des travaux et rénover certaines parties du parc:
« Nous avons créé un nouveau design pour une partie de la serre pour qu’elle soit plus agréable à voir et photographier pour les visiteurs. C’est mieux pour nous, les équipes qui y travaillons, c’est aussi plus sûr et plus simple pour gérer les travaux. Le projet le plus important est la préparation de l’ouverture d’une nouvelle entrée pour la serre Fata Morgana. C’est une opportunité que la serre soit fermée pour que nous puissions vérifier tous les détails. Nous commençons tout juste à mettre en terre les plantes, les arbres et nous espérons que d’ici un mois tout soit prêt et que le public soit satisfait du résultat. Dans une année normale, tout cela aurait été plus stressant et plus difficile à gérer. »
Les équipes du jardin ont donc saisi l’opportunité pour créer et réaliser des projets, dont certains sont toujours en cours. Mais la fermeture de l’établissement a aussi été l’occasion de développer leur communication auprès du public, qui a répondu présent :
« Nous avons fait des conférences en ligne, et en réalité nous avons eu plus de participants qu’en temps normal, parce que des personnes du monde entier pouvaient y assister. D’un côté, c’était un avantage car plus de gens ont pu participer aux conférences, mais d’un autre côté, ça n’avait pas la même saveur que d’organiser une conférence en présentiel, et d’avoir un contact direct. »
Avec la fin de l’état d’urgence, les jardins botaniques et zoologiques du pays ont pu rouvrir leurs portes au public. Une réouverture attendue car c’est à cette période de l’année qu’ils réalisent leurs plus grosses entrées, mais qui n’a pu se faire qu’à certaines conditions, avec une capacité d'accueil limitée à 20%.
Cette réouverture est aussi très importante pour les responsables du jardin, qui sont très attentifs à l’expérience des visiteurs :
« Le retour du public est très important. Nous recueillons leur avis, critiques comprises, et les avis sont majoritairement positifs. Donc ça veut dire que si l’on va plus loin dans les infrastructures, espérons, les personnes seront encore plus satisfaites de leur expérience ici. Mais évidemment, nous acceptons aussi les critiques négatives et nous essayons de trouver des solutions pour qu’ils soient contents de leur visite du jardin. »
Un bol d’air frais et une toile chatoyante
Entrer dans le jardin botanique, c’est faire un pas vers le dépaysement, loin des nuisances sonores et du tout-béton de l’espace urbain. La réouverture du jardin en ce mois d’avril vaut le détour, et on peut facilement se laisser tenter d’y passer une journée. Malgré le manteau de froid qui persistait dans le pays il y a encore quelques jours, les fleurs offrent aux visiteurs leur plus vifs pigments et les arbres marquettent le ciel de leurs feuilles vertes.
On se perd facilement entre les sentiers, les couleurs et les senteurs qui se mélangent. On aime s’y égarer, déambuler près des magnolias et des jonquilles en pleine floraison puis découvrir au détour d’un chemin de pierres le jardin japonais et ses fiers bonsaïs. Le jardin botanique est divisé en plusieurs expositions florales uniques et harmonisées.
Les amoureux d’espaces boisés trouvent aussi leur bonheur ici. Il suffit de quitter les décors soignés, où chaque plante est en représentation, pour rejoindre une étendue verte ceinturée de conifères. Surplombés par les pins, l’agitation de la ville ne réussit pas à troubler le calme qui règne dans ce cocon de nature.
Ici, la faune se fait discrète, mais on peut avoir la chance de croiser des tortues aquatiques ou un lièvre si on sort des sentiers battus. Dominant le zoo de Prague et le château baroque de Troja, les hauteurs du jardin offrent une vue privilégiée sur la ville. Autant pour les familles, que pour un groupe d’amis ou un promeneur solitaire, le parc est pensé pour rendre la visite agréable et relaxante, en évitant un effet de foule qui ruinerait toute l’expérience. Vlastík Rybka confie :
« Nous disons toujours que nous sommes différents du zoo, qui accueille un nombre plus important de visiteurs. Nous souhaitons être une sorte d’oasis de calme donc nous ne cherchons pas à avoir un nombre très élevé de visiteurs. Ce serait une contradiction pour beaucoup de nos visiteurs actuels, il faut réussir à trouver un équilibre. »
Jan, un habitant du voisinage, a expliqué au micro de RPI les raisons pour lesquelles il aime fréquenter ce jardin :
« Dans le jardin botanique, il y a une concentration plus importante de fleurs et de toutes sortes de plantes. Dans un parc, généralement, il y a moins d’entretien, alors qu’ici il y a des parterres de fleurs et la diversité des plantes est beaucoup plus intéressante. »
Avec l’arrivée des beaux jours, le jardin botanique offre l’occasion de respirer un peu entre des restrictions qui limitent toujours la vie culturelle et sociale du pays. Depuis sa réouverture, un peu plus de 6 500 visiteurs sont venus prendre un bon bol d’air frais et parfumé !