Pour vivre heureux vivons non-mariés : les couples tchèques évoluent

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En septembre dernier, le ministère du Travail et des Affaires sociales a rendu son Rapport national sur la famille, qui brosse le tableau de l'état des familles en République tchèque. Ce rapport doit servir de base au gouvernement dans son élaboration, en 2005, de sa politique familiale. Quelles en sont les conclusions les plus marquantes ? Anna Kubista

Pour le meilleur et pour le pire ? Sans doute, mais pas à n'importe quel prix non plus. C'est ce raisonnement qui explique, sans doute, la montée en flèche, en seulement quinze ans, du pourcentage de jeunes couples tchèques qui, plutôt que de se précipiter pour se passer la bague au doigt, préfèrent d'abord vivre quelques temps ensemble. A l'heure actuelle, ces couples « à l'essai » représentent 55 % contre 10 % avant. Pendant la période communiste, le régime en Tchécoslovaquie avait mené des politiques familiales encourageant un modèle classique de la famille nucléaire et une natalité élevée, notamment dans les années soixante-dix. 1989 et la chute des régimes totalitaires explique ce brusque saut de la société tchèque d'un modèle à l'autre : aux changements économiques radicaux correspond l'adoption de modèles et de comportements culturels et sociaux similaires à ceux déjà enclenchés dans les pays occidentaux. Le Rapport national sur la famille révèle ainsi le schéma-type du nouveau couple tchèque : cet essai de vie à deux avant le mariage, ce sont plutôt des couples aux idées non-conservatrices qui choisissent de le faire, il s'agirait plutôt de personnes au-delà de 25 ans, et souvent d'étudiants ou de personnes qui ont un niveau d'éducation universitaire. Ce sont des personnalités plus indépendantes, qui ont moins d'enfants et plus tardivement, ils habitent plus volontiers dans leur propre appartement, au contraire d'un cinquième des couples mariés qui n'ont pas vécu cette période d'essai et qui sont plus nombreux à partager leur logement avec les parents d'un des deux partenaires. Trois ans : c'est la durée moyenne pendant laquelle les Tchèques « sortent ensemble » avant de se marier, mais en ayant comme projet à long terme de vivre ensemble au bout du compte.

Cette catégorie de population est donc de celles qui ne considéreraient pas le mariage comme une fin en soi : selon l'étude du Ministère du travail et des affaires sociales, il découle de ces types de couples que d'un côté, ils ne sont pas réfractaires à la vie à deux ou au mariage dans l'absolu, mais qu'en même temps, ils n'excluent ni le divorce ni le remariage. Néanmoins, cette volonté d'essayer son couple, de « faire un bout de chemin » ensemble et de tester si l'élu(e) de son coeur l'est vraiment avant de faire le grand saut, tendrait plutôt à démontrer un besoin de s'engager en connaissance de cause, et sur des bases solides, le mariage venant plus comme une confirmation que comme une obligation. La société change et la forme du couple aussi : cette évolution des moeurs sera particulièrement intéressante à étudier à long terme, lorsque ces premières générations de couple à l'essai auront - ou n'auront pas - une autre quinzaine d'années derrière eux à leur actif.