Les Tchèques se marient plus et ont davantage d’enfants hors mariage

Photo illustrative: tompumford / Pixabay, CC0

Pour le meilleur et pour le pire : la formule consacrée du mariage semble attirer davantage de couples tchèques puisque le nombre d’unions maritales a augmenté ces dernières années, tandis que celui de divorces tend à diminuer. D’autres phénomènes démographiques sont également révélateurs des changements qui ont traversé la société tchèques ces dernières années.

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Au cours des neuf premiers mois de 2018, quelque 47 800 mariages ont été célébrés dans le pays, soit 1 500 mariages de plus que pendant la même période de l’année précédente. Ce chiffre est plus important que le nombre annuel de mariages conclus dans la période 2010-2014. Le nombre de divorces a légèrement baissé, passant de près de 19 000 en 2017 à 17 515 en 2018.

Pour les experts, cette observation relève toutefois plutôt d’une fluctuation fortuite pour laquelle il faut attendre au moins trente ans avant de pouvoir parler de phénomène à proprement parler. La 13e édition de la Semaine nationale du mariage est en tout cas l’occasion de se pencher sur la situation en République tchèque, alors qu’il y a peu encore, un mariage sur deux se soldait par un divorce.

« Je crois que la raison la plus fréquente de l’échec d’un mariage, c’est que nous avons perdu l’habitude de réparer les choses. Quand quelque chose ne va plus, qu’une relation n’est plus aussi parfaite que ce que nous espérions ou ce que nous voulions, nous en sortons. C’est comme avec les objets cassés : on en achète un nouveau. Dans le cas présent, on se trouve une autre relation. Personnellement, je trouve que les choses qu’on a dû réparer soi-même sont beaucoup plus touchantes et plus belles. »

Kateřina Šimáčková,  photo: ČT24
Kateřina Šimáčková est juge à la Cour constitutionnelle. Si les divorces ne sont pas sa préoccupation quotidienne, son ancien métier d’avocate puis de juge ainsi que ses discussions avec ses collègues spécialisés dans le droit de la famille la place en bonne position pour avoir été confrontée en pratique au nombre important de divorces qui, tous les ans, se retrouvent dans les cours de justice de République tchèque.

C’est sans doute une des raisons pour lesquelles l’édition 2019 de la Semaine nationale du mariage a choisi de se concentrer sur les tue-l’amour dans le mariage : les enfants ou l’absence d’enfants, les soucis financiers, l’infidélité, pour ne citer que quelques exemples.

Cela peut paraître une lapalissade, mais une des clés de la réussite ou non d’un mariage reste le dialogue et la communication, comme le rappelle Pavel Rataj, vice-président de l’Association des conseillers matrimoniaux et familiaux :

« La crise dans le couple arrive forcément quand il est habituel pour les partenaires de ne pas régler les problèmes, de laisser couler, de mettre les soucis sous le tapis et d’éviter d’agir de manière préventive. Quand ce type de mécanismes est en place dans un couple, la crise est inévitable. Celle-ci peut être ensuite l’occasion de s’arrêter et de regarder ce qui se passe, et éventuellement d’en sortir grandi. Mais la plupart du temps, les gens prennent peur, et préfèrent se séparer. »

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Rien de nouveau sous le soleil donc, en République tchèque, puisque ce type de constatations sur le nombre élevé de divorces et la nécessité de communiquer peut sans doute être fait dans de nombreux pays de l’Union européenne au moins.

Mais un phénomène plus intéressant est à observer en République tchèque selon la démographe Jitka Rychtaříková :

« L’âge moyen d’un premier mariage pour une femme est plus important que l’âge moyen lors de la naissance d’un premier enfant. C’est un changement fondamental : les femmes ont d’abord un premier enfant, et seulement ensuite vient le mariage. C’est lié au fait que près de 50% des enfants naissent aujourd’hui hors liens du mariage et de mères plutôt jeunes. Et enfin, le taux de naissance d’enfants hors mariage est plus important que le taux d’enfants nés d’un mariage. Voilà, je pense, de vraies tendances de fond dans la société tchèque. »

Si l’institution du mariage n’est plus nécessairement la panacée pour les couples hétérosexuels, elle représente par contre le but à atteindre pour de nombreux couples homosexuels, notamment pour la reconnaissance sociale et juridique qu’elle implique. Il y a deux ans, l’initiative « Jsme fér » (Nous sommes pour l’équité) lançait une campagne en faveur du mariage pour tous. La pétition soutenant le mariage pour les couples homosexuels avait alors été signée par plus de 70 000 personnes.

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Alors que le débat autour d’une éventuelle loi l’autorisant a été ouvert au Parlement en novembre, son ajournement n’a pas donné lieu à de nouvelles discussions des parlementaires. En attendant, d’après les résultats d’une enquête réalisée par l’agence Median l’an dernier, les trois quarts de la population tchèque estiment que les gens devraient avoir la possibilité de se marier, quelle que soit leur orientation sexuelle.