Prague, cinq ans après les inondations (II)

Les inondations en 2002, photo: www.zoopraha.cz

Parmi les événements marquants des inondations de 2002, tous les Praguois se souviennent de l'évacuation en catastrophe du zoo, situé dans le quartier de Troja, non loin de la Vltava. Radio Prague a demandé à son directeur, Petr Fejk, quels étaient ses souvenirs les plus intenses :

Petr Fejk
« Je me souviens d'absolument tout. Cela fait partie des moments les plus extrêmes de ma vie. Et c'est la plus grande tragédie qu'ait eu à vivre le zoo de Prague. Je revis souvent les inondations, à la fois dans mes souvenirs ou en rêve. Avec mes collègues nous avons vécu quelque chose que je ne souhaite à personne. C'était extrême et dans certains cas, ça ne s'est pas bien fini. C'est vrai que sur le moment, les inondations ont été pour moi une suite de décisions rationnelles et l'aspect émotionnel n'est venu qu'après coup. Mais l'histoire de certains animaux est restée gravée dans nos mémoires. »

Petr Fejk se souvient ainsi de la difficile évacuation des gorilles, des éléphants ou la chasse aux otaries le long de la Vltava et de l'Elbe. Certains animaux ont alors été transférés dans les parties plus élevées du zoo, d'autres ont été accueillis par d'autres jardins zoologiques de la RT, certains animaux regroupés ensemble comme les pingouins qui ont dû cohabiter avec les loutres...

A quelque chose malheur est bon, pourtant, car les inondations ont permis au zoo de vivre un nouveau départ, comme le reconnaît Petr Fejk :

« La partie inférieure du zoo a été complètement détruite ce qui nous a permis de la reconstruire selon tous les critères d'un zoo du 21e siècle. On s'est vraiment investi. Nous avons eu la chance de recevoir des financements de la part de la mairie de Prague, de l'assurance, grâce aux dons. On peut dire qu'aujourd'hui, le zoo est devenu un des jardins les plus modernes d'Europe. Pour preuve, l'augmentation du nombre de visiteurs qui est passé de 600 000 avant les inondations à 1 200 000, mais aussi le nombre d'animaux, passé de 2000 à 5000. Enfin, au niveau des naissances en captivité, qui prouvent que les animaux s'y plaisent : avant les inondations, nous avions environ 300 petits en moyenne par an, l'an dernier, 1 000 animaux sont nés. »

Le temps est donc loin où, comme se souvient Petr Fejk, certains animaux, sous le coup de la panique et du stress, en ont oublié jusqu'au plus élémentaire instinct de survie jusqu'à refuser d'être évacués par les sauveteurs... A l'époque, des centaines de personnes ont aidé les employés du zoo : volontaires, pompiers, policiers, militaires pendant l'évacuation proprement dite, puis après pour le long travail de nettoyage et de déblayage.

Aujourd'hui, le zoo connaît donc une affluence record et le chapitre des inondations est refermé. Mais fort de ce succès, le zoo entend continuer de se développer, notamment en liant plus étroitement jardin zoologique, botanique et château de Troja, ce qui a déjà commencé avec un billet d'entrée commun. Côté infrastructures, Petr Fejk nous détaille les deux projets envisagés :

« Le premier consiste dans le déménagement du pavillon des éléphants et des rhinocéros dans les parties hautes du zoo, car leur pavillon actuel est ancien et se trouve malgré tout dans la zone inondable. Dans la partie haute, il devrait y avoir des expositions plus modernes, avec de meilleures conditions de vie et surtout des conditions de sécurité maximales. Le deuxième projet concerne les infrastructures hors du zoo : d'ici 2010, nous voulons régler le problème des transports et du parking car le développement du zoo à l'intérieur a été bien plus rapide que celui des infrastructures en tant que telles. »