Prague est de moins en moins propre
A Montréal se déroule le sommet de l'ONU sur la lutte contre l'échauffement global de la Terre. Dans ce contexte, il est bon de savoir où en est la capitale tchèque en matière de propreté.
Le quotidien national, Mlada fronta Dnes, s'est intéressé à la propreté de Prague dans son édition de lundi et y revient dans celle de mardi. Il ne craint pas de titrer : « La saleté de Prague se trouve au niveau mondial ». Cela pourrait faire sourire, mais d'après les études les plus récentes sur la qualité de l'air que les Pragois respirent, on devrait plutôt avoir la larme à l'oeil. Les normes nationales ou européennes sur la quantité de produits nocifs dans l'air de Prague sont largement dépassées. Il s'agit surtout de la poussière, omniprésente, à tel point que certains Pragois affirment même qu'ils ne peuvent plus aérer leurs appartements, dans certains quartiers. Outre la poussière, l'air pragois contient beaucoup trop d'oxyde de carbone, de soufre, d'azote et autres matières qui nuisent à la santé. Quels sont les responsables d'une telle situation ? En ce qui concerne la poussière, ou même les autres agents polluants, il faut prendre en compte la situation géographique de la capitale tchèque : elle se trouve dans une cuvette qui devient une sorte de dépotoir de tout ce qui se produit en son sein, mais aussi aux alentours. Depuis les changements amorcés par la Révolution de velours, en 1989, avec les restitutions de biens, l'arrivée des investisseurs étrangers, la renaissance de l'économie tchèque, on assiste à un véritable boom de la construction. On reconstruit aussi beaucoup et comme la cuvette de Prague n'est pas particulièrement aérée, la poussière y retombe constamment. Pour ce qui est des oxydes toxiques, ils sont dus surtout à l'augmentation faramineuse du trafic automobile, l'augmentation donc du nombre de véhicules, mais aussi leur âge, car nombreux sont ceux qui ne répondent pas aux normes européennes et sont extrêmement polluants (surtout les camions et les autobus). En plus de cela, Prague ne dispose pas encore d'un réseau complet de périphériques. Ainsi donc, la voie rapide qui relie le nord au sud de la capitale, la traverse en plein centre. Elle devrait devenir en partie souterraine dans quelques années. Ajoutons à la pollution chimique la pollution sonore, avec des moyens de transports, certes écologiques, mais très bruyants, les tramways. Une autre réalité pas très réjouissante pour l'image de la « Ville aux cent tours » : les trottoirs ne sont pas suffisamment nettoyés des excréments qu'y laissent les meilleurs amis de l'homme, les toutous qui sont très nombreux à Prague. Campagne d'information des différents quartiers, utilisation de « moto-crottes », installation de paniers à ordures spéciaux avec sachets en papier... Tout cela ne suffit pas, il vous arrive toujours de marcher dans quelque chose qui ne sent pas bon. Avec les hausses constantes des prix du gaz et de l'électricité, l'odeur caractéristique et piquante des fumées de cheminées provenant de poêles, où les habitants brûlent un peu de tout, réapparait. Un phénomène fâcheux qui avait disparu depuis des années. Les solutions, afin que Prague devienne plus propre ? Terminer les voies de communication périphériques, améliorer le stationnement avec la construction de garages souterrains, inciter les Pragois à l'utilisation des transports en commun, éventuellement instituer un système de péage pour entrer dans le centre, contraindre les entrepreneurs en bâtiment à respecter les normes d'hygiène en matière de poussière et, dernier défi et non des moindres, contraindre les propriétaires de chiens, les gérants d'immeubles, les commerçants, à respecter la propreté sur la voie publique.