Première condamnation d'un néo-nazi pour la négation de l'holocauste

Antonin Cermak, photo: CTK

C'est un jugement sans précédent : un certain Antonin Cermak, 21 ans, est le premier Tchèque a avoir été condamné à une peine de prison pour avoir mis en cause l'holocauste.

Antonin Cermak,  photo: CTK
C'est un tournant pour notre pays, se réjouissent les spécialistes. Car jusqu'alors, la police avait du mal à pointer du doigt les auteurs de crimes motivés par la haine raciale et, par conséquent, de les traduire devant les tribunaux. L'année dernière, par exemple, une brochure intitulée « Auschwitz-les faits contre la fiction » et niant ouvertement l'holocauste, a circulé dans certaines écoles tchèques. Pour l'instant, son auteur demeure inconnu et introuvable.

Mais revenons au dossier Cermak. En octobre 2005, il a participé à une manifestation néo-nazie, organisée à Prague en soutien à Ernst Zündel, inculpé en Allemagne pour avoir nié le génocide juif. Lors d'un débat agité entre les extrémistes et leurs adversaires, un homme âgé a accusé les nazis d'avoir tué, pendant la Seconde Guerre mondiale, 1,7 millions d'enfants juifs. « Que ça ? », a rétorqué Antonin Cermak. Trois agents de police ont enregistré ses propos sur une bande vidéo et l'ont interpellé. Lundi dernier donc, Antonin Cermak a été condamné à 15 mois de prisons avec sursis. « S'il ne fait pas appel et si la Cour suprême confirme le verdict, on pourra désormais parler d'une certaine norme définissant ce qui n'est plus tolérable pour la justice tchèque », estime le politologue Miroslav Mares. « La police s'est enfin rendue compte qu'elle ne pouvait plus fermer les yeux devant des centaines de cas d'extrémisme politique, » ajoute le sénateur Jaromir Stetina. Le politologue Jan Rataj, affiche, quant à lui, un optimisme modéré : « je connais les mouvements extrémistes et je pense qu'au contraire, cela les mobilisera, » s'inquiète-t-il. Effectivement, il y a bien des actes de provocations : le dernier s'est produit tout récemment à Lety, dans le sud du pays, où se trouvait un camp de concentration destiné principalement aux Roms. Le Parti national extrémiste, selon lequel il s'agissait d'un simple camp de travail allemand, où les Roms n'auraient pas souffert, vient d'y créer son propre « monument en hommage aux prisonniers » : sur une pierre ordinaire, au bord d'un bois, le parti a inscrit un seul mot : « obetem » (aux victimes). L'incident n'est pas resté sans écho sur la scène politique. Le statut et le programme du Parti national devraient être examinés par le ministère de l'Intérieur.

Auteur: Magdalena Segertová
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