Présidentiellle : les candidats ne se mouillent pas avec leurs clips de campagne
Depuis le 29 décembre 2012, les clips de campagne des neufs candidats à la première élection présidentielle au suffrage universel direct sont diffusés à la Télévision publique tchèque. Des candidats qui disposent d’environ une minute pour convaincre les électeurs de se rallier à leur cause. Un exercice difficile dans un pays où le président dispose en réalité de peu de prérogatives et où il est donc assez complexe de se démarquer avec un programme politique original. Radio Prague vous propose un petit tour d’horizon de ces spots électoraux, qui, si l’on en croit les commentateurs politiques, ne brillent ni pas leur qualité ni par leur originalité.
La plupart des candidats à la magistrature suprême semblent ne pas avoir voulu prendre de risques avec ces clips de campagne diffusés sur les chaînes de la Télévision publique et sur certaines stations de la Radio publique. Ainsi, un premier groupe de ces personnalités qui rêvent de déménager au Château de Prague, là où réside le président de la République, ont simplement choisi de réciter un texte sous les yeux et les oreilles des spectateurs/auditeurs dans une mise en scène souvent économe de ses moyens. C’est le cas pour la conservatrice et eurosceptique Jana Bobošíková qui, face caméra sur un fond tapissé de drapeaux tchèques, se contente d’évoquer sa foi en une République tchèque forte et indépendante dans quatre clips relativement similaires réalisés sans artifice.
« Je dirai ce que je pense et je ferai précisément ce que je dis. Sinon ce ne serait pas moi : Jana Bobošíková. »La candidate du parti chrétien-démocrate Zuzana Roithová a également choisi de s’adresser directement aux électeurs mais en posant sa voix sur quelques notes de piano apaisantes qui permettent au spectateur de se concentrer sur son message. Elle n’apparaît jamais mais les grands thèmes de sa candidature sont représentés par des mots stylisés : responsabilité, dignité humaine, République tchèque… Un clip sobre donc dans lequel elle tente de se démarquer en précisant ne jamais avoir été mêlée à quelque scandale de corruption que ce soit :
« J’ai les mains propres et je ne suis liée à aucun groupe d’influence du fait de ces élections présidentielles. La vie que j’ai menée est la preuve que je suis capable de rassembler les gens, et qu’avec eux, je parviens à rendre le monde meilleur. »Le clip de Jan Fischer mobilise également un air musical, mais celui-ci est épique et va crescendo. Il s’agit d’ancrer dans les esprits le fabuleux destin auquel semble être promis cet ancien chef de gouvernement. Des images en slow motion illustre le caractère exceptionnel des moindres faits et gestes d’un homme qui appelle au changement :
« Changeons la galaxie ! Changeons le monde ! La première étape du changement, nous la ferons ensemble… dès ce mois de janvier. »Il faut mettre ce clip en parallèle avec celui de l’autre favori des sondages et également ancien Premier ministre Miloš Zeman. Celui-ci, fidèle à lui-même, récite un texte qui se veut profond, clair et pertinent sur une musique qui doit mettre en relief et donner une dimension présidentielle à la chose.
« Notre politique est grisâtre et ennuyeuse et les gens en ont assez des voleurs et des scandales. Plutôt que de maudire l’obscurité, il vaut mieux allumer au moins une bougie. »
Ceci étant dit, la particularité du clip de campagne de l’ancien président du parti social-démocrate consiste en la belle déclaration d’amour faite à sa fille :« J’ai toujours vécu de sorte à ne pas ressentir de honte et que ma fille Katerina n’en ressente pas à mon égard. Tout président doit travailler pour le futur, et le futur ce sont aussi nos enfants, » déclare-il sous le regard complice de sa fille.
Přemysl Sobotka, le candidat soutenu par le parti de droite ODS, fait également référence à sa famille et plus précisément à son père, « grand sportif et démocrate ». Quelques mois après les bons résultats des communistes aux élections régionales, il met surtout en avant son anticommunisme :
« Je suis pour que l’on se souvienne sans cesse des injustices du précédent régime et contre un gouvernement composé avec les communistes. Votez pour notre pays, votez pour moi. »Jiří Dienstbier pour le parti social-démocrate, Karel Schwarzenberg pour le parti conservateur TOP 09 et la progressiste Táňa Fisherová ont fait un autre choix puisqu’ils n’interviennent pas ou peu dans leur clip : une succession d’individus connus ou inconnus se chargent de vanter leurs nombreux mérites. Une série de personnalités politiques, scientifiques ou artistiques pour Jiří Dientsbier avec par exemple l’historienne de l’art Milena Bartlová :
« Jiří Dienstbier est le seul candidat de la gauche moderne et c’est à elle qu’appartient l’avenir. »
Petite variante pour Karel Schwarzenberg et Táňa Fischerová puisque les personnes intervenantes, des célébrités et des hommes et des femmes du peuple pour le premier, seulement cette deuxième option pour la seconde, dressent le portrait idéal du président de la République. Sans surprise, c’est eux qui raflent le gros lot à la fin du clip. La palme de l’originalité revient toutefois au neuvième et dernier candidat, le compositeur tatoué des pieds à la tête Vladimír Franz qui propose quatre clips à bord d’un avion de la compagnie « Air Franz One », pour mettre en avant sa respectabilité, son non-conformisme, ses qualités d’écoute et son intention de rendre l’Etat aux citoyens.