Que sont devenus les anciens signataires de la Charte 77?

Le 1er janvier, 25 années se sont écoulées depuis la publication du premier document du mouvement de dissidents tchécoslovaques - la Déclaration de la Charte 77, attirant l'attention sur le non respect des droits civiques fondamentaux que la Tchécoslovaquie avait adoptés mais qui sont restés lettre morte. Entre la publication de la Charte, en 1977, et la chute du régime, en 1989, 1883 personnes l'ont signée. Novembre 1989 a marqué un tournant dans la vie des signataires. Que sont-ils devenus après que la surveillance policière, les interrogatoires, la prison, le chômage forcé ont cessé? Jarka Gissubelova.

Il est bien entendu impossible de récapituler les sorts des anciens signataires de la Charte 77. Prenons au moins l'exemple des personnages les plus connus. Le dramaturge Vaclav Havel, le philosophe Jan Patocka, et le chef de la diplomatie de 1968, Jiri Hajek, étaient les premiers porte-parole de la Charte. Vaclav Havel, inutile de le rappeler, a été porté à la tête de l'Etat. Le philosophe Jan Patocka est devenu la première victime des représailles communistes: il est mort après un des nombreux et interminables interrogatoires à la police politique, la StB. Après 1989, le Forum civique a été créé sur initiative des signataires de la Charte 77, qui avaient une part décisive de responsabilité à la chute du régime communiste. La Charte a eu ses représentants dans chaque gouvernement d'après 89. L'un de ses anciens signataires, Petr Pithart, préside le Sénat. L'avocat des dissidents, Otakar Motejl, est médiateur de la République. D'anciens signataires - Rita Klimova, Alexander Vondra et Martin Palous ont occupé le poste d'ambassadeur aux Etats-Unis, tandis que Rudolf Slansky et Lubos Dobrovsky ont été nommés à Moscou. D'anciens signataires se sont trouvés à la tête de partis politiques, dont Jan Ruml, ex-chef de l'Union de la liberté, un parti présidé actuellement par une autre ancienne signataire, Hana Marvanova. La Charte 77 a cessé d'exister en 1992. "L'héritage de la dissidence est d'abord dans l'appel à bâtir une société civique", a dit alors un des dissidents marquants, le pasteur protestant Milos Rejchrt. Deux fois, il s'est fait élire membre du Conseil de la télévision tchèque, qu'il a fini par quitter, l'estimant devenu indigne de confiance. A noter que pour son attitude ferme pendant la crise de la télévision, il y a un an, Milos Rejchrt a été décoré du prix Frantisek Kriegel, décerné tous les ans par la fondation de la Charte 77.