Quel avenir pour la radio en République tchèque ?
La radio, c’est l’univers du son par excellence. Pourtant, au XXIe siècle, les choses semblent avoir pris une tournure un peu plus complexe. Les radios ne proposent plus seulement des formats audio, mais également des images et des vidéos. Elles sont désormais diffusées sur internet et on peut les écouter quand on le souhaite grâce aux podcasts. A l’occasion de ce 13 février 2017, qui correspond à la sixième édition de la Journée mondiale de la radio, une manifestation instituée par l’UNESCO, Radio Prague vous propose une émission un peu spéciale, consacrée à la situation actuelle de ce média et à son avenir en République tchèque.
Les nouvelles formes de la radio
La radio est un média très important en République tchèque. La Radio publique tchèque, la plus grande et la plus vieille société de radiodiffusion dans le pays, possède une histoire et une tradition parmi les plus longues en Europe : l’année prochaine, elle célèbrera les 95 ans de son existence. Quant à ces diffusions vers l’étranger, elles remontent à 1936. Quatre-vingts ans plus tard, ces émissions en six langues existent toujours et sont connues sous le nom de Radio Prague.Pourtant, ces dernières années, toutes les stations radiophoniques de Tchéquie et d’ailleurs doivent faire face à d’importants changements provoqués par une révolution technique. Avec l’arrivée massive d’internet, il y a vingt-cinq ans de cela, la plupart des radios se sont équipées d’un site internet où elles peuvent publier des articles écrits, des images et des vidéos. Radio Prague a d’ailleurs été, en 1994, l’une des premières stations tchèques à être connectées.
De plus, une question importante se pose sans cesse : comment toucher le jeune public et tous ceux qui n’ont plus la patience d’attendre devant leur poste le moment de leur émission préférée ? Les podcasts permettent de répondre à ce nouveau mode de consommation de contenu radiophonique « à la carte ». Edita Kudláčová du département en charge de l’innovation à la Radio publique tchèque présente cette alternative :
« Le podcast est grosso modo un contenu audio que je peux télécharger et écouter sur des appareils mobiles. C’est-à-dire que je peux télécharger un son et l’écouter quand je veux, par exemple en ville, en voiture ou à la maison. Je peux aussi interrompre l’écoute et la reprendre plus tard. C’est donc une présentation simplifiée de ce qu’est un podcast. Quant à la radio, le grand avantage des podcasts, ce qui les rend de plus en plus populaires, c’est que les auditeurs peuvent les écouter quand ils le veulent. De plus, ils peuvent choisir ce qu’ils veulent écouter. Je peux choisir uniquement des émissions qui m’intéressent et les mettre dans ma ‘playlist’. Je peux ensuite les écouter par exemple quand je vais au travail ou quand je suis dans le métro. »Rappelons que Radio Prague propose elle aussi de découvrir ses émissions sous la forme de podcasts.
La radio et les réseaux sociaux
Facebook, Twitter, mais aussi Instagram ou Youtube : une grande place est aujourd’hui réservée également aux réseaux sociaux. Désormais très utilisés par les médias tchèques, ils n’ont cependant pas vocation à remplace le média radio comme le détaille Edita Kudláčová :« Les réseaux sociaux représentent pour nous un instrument de marketing important. Quand nous voulons par exemple propager un thème ou annoncer que nous avons préparé quelque chose d’intéressant, ils peuvent nous aider à nous adresser à un large groupe de personnes. Cependant, il n’existe pour l’instant pas de bons moyens pour écouter les formats audio directement sur les réseaux sociaux. Les auditeurs continuent donc de se retrouver sur les sites web ou les applications de la station. Mais il s’agit d’un instrument idéal pour vous faire connaître et pour trouver de nouveaux publics. »
Les diffusions analogique et numérique
C’était un thème très discutés dans les médias. En janvier dernier, la Norvège a commencé à débrancher sa radio FM. D’ici la fin de l’année, la radio norvégienne sera entièrement numérique. Où en est la République tchèque ? Edita Kudláčová :
« La situation en République tchèque dépend de la loi sur la Radio tchèque qui ne permet pas pour l’instant d’abandonner la diffusion de la radio analogique et de passer au tout numérique. L’attitude tchèque à l’égard du numérique est assez prudente. Jusqu’en 2024 ou 2025, nous allons pouvoir tester le numérique avec la diffusion de neuf stations, dont trois nationales et six régionales. Mais le signal n’est malheureusement pas assez puissant. Nous ne pouvons donc diffuser pour l’instant que dans trois grandes villes, à savoir Prague, Ostrava et Brno. »Bien que de nombreuses voix disent que la radio telle que nous la connaissons ne survivra pas à l’évolution de la technique et aux nouveaux goûts des auditeurs, Edita Kudláčová reste plutôt optimiste :
« Même si je travaille pour le département en charge de l’innovation et que nous discutons abondamment du fonctionnement de la radio à l’avenir, je ne crois pas que la ‘forme traditionnelle’ de la radio disparaisse complètement. Je pense que les gens écouteront toujours la radio puisqu’ils aiment le faire. Certes, le nombre d’auditeurs sera plus limité. Les diffusions classiques seront peut-être abandonnées, mais les gens continueront de s’intéresser à des contenus audio. »
Même après la création de la télévision, puis la percée de l’ère numérique, la radio n’a pas disparu, rassemblant toujours un public convaincu. Il est donc à prévoir qu’elle continuera de se moderniser et d’innover, à l’image des autres médias.