Quelques lettres...

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Cette semaine, dans le Courrier des auditeurs, peu de lettres et de mails, malheureusement... A croire que ce qu'on appelle en tchèque la « saison des cornichons » pour signifier que c'est la saison des vaches maigres au niveau de l'information touche aussi le courrier... Mais c'est bien normal après tout... La période des vacances touche à sa fin, et qui dit vacances, dit en général qu'on a bien moins le temps de prendre sa plume ou moins envie de s'asseoir devant un ordinateur.

Toutefois, un de nos auditeurs a pris le temps de relever un problème de terminologie qui relève de réalités sociales et historiques différentes entre la France et la République tchèque. Un problème épineux dont nous sommes bien conscients.

« Je suis abonné de longue date à la lettre journalière de Radio Praha dans laquelle j'apprécie surtout les chroniques littéraires de M. Richter. Je profite de l'occasion pour signaler à M. Richter qu'il n'est pas approprié, dans son dernier article sur Egon Bondy, d'utiliser le terme H.L.M. Le terme H.L.M signifie en France : Habitations à Loyer Modéré. Je connais un peu Prague et je ne pense pas que ce terme peut s'y appliquer au vu de la libéralisation des loyers qui s'y pratique. Cette remarque me fait dire qu'il est dommage dans les chroniques de vos collègues et confrères de ne jamais rien mentionner sur la vie quotidienne et ordinaire des Tchèques (ordinaires) et surtout des Praguois (ordinaires). Avec l'entrée du pays dans l'UE, les prix des loyers et de l'immobilier sont repartis à la hausse à Prague. Un appartement qui valait à peine 5 000 euros dans la Vieille Ville en vaut aujourd'hui cent fois plus. Dans la banlieue, un trois-pièces se vend entre 85 000 et 100 000 euros. Quant aux loyers, le gouvernement a décidé de mettre fin à la régulation des derniers loyers administrés pour préparer l'adhésion à l'euro. Cette mesure, qui concerne plusieurs centaines de milliers d'habitations, va se traduire par une augmentation annuelle de 19% par an d'ici 2012. Cette augmentation est bien sûr aussi appliquée pour les appartements possédés et gérés par les mairies d'arrondissements. Celles-ci se comportent presque comme des spéculateurs de l'immobilier. La dimension humaine de leurs anciens locataires n'est pas pris en charge, les loyers ne sont pas adaptés à leurs salaires, les relogements de sont pas assurés ni garantis. Pour une majorité de Tchèques, dont le salaire moyen tourne autour de 600 euros, cela signifie qu'une plus grande partie de leur revenu sera consacrée au loyer. Avec la fin des loyers administrés (entre 100 et 120 euros), ceux-ci vont vite croître pour atteindre 300 euros par mois, sinon plus. Les retraités, encore nombreux à habiter dans le centre-ville et dont le revenu moyen se situe autour de 300 euros, n'auront d'autre alternative que d'aller habiter dans la périphérie de Prague. C'est ainsi que le centre-ville se vide de sa composante populaire. Donc vous voyez qu'Egon Bondy peut revenir poétiser la ville vidée de son "petit peuple" ... »

Nous remercions bien entendu Pascal Château de Paris pour ses remarques qui montrent l'attention qu'il porte à nos émissions... Vous pointez très justement du doigt ce problème terminologique. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que nous discutons de ce point, au sein de la rédaction, d'autant que comme vous le savez, elle est composée de Tchèques et de Français. Nous sommes bien conscients donc, que le terme HLM n'est pas heureux et ne recouvre pas la réalité des « panelaky ». Seulement, vous qui connaissez la RT, vous savez bien que « panelaky » est un terme intraduisible en Français. Nous avons donc opté pour une facilité de langage, choix arbitraire, nous en convenons, mais qui nous permet d'évoquer simplement ces immeubles, avec un terme compréhensible pour les francophones. D'autant que si en effet, ces « panelaky », contrairement aux HLM, ont pu représenter à l'époque communiste des appartements attrayants et plus « modernes » pour les Tchèques, il n'en reste pas moins que visuellement ils ressemblent clairement aux cités que l'on peut retrouver en France. Voilà ce que l'on peut donc dire sur ce choix que nous avons fait.

Quant à la suggestion de M. Château sur les sujets qui devraient concerner plus les Tchèques ordinaires, rappelons qu'il existe tout de même la rubrique la République tchèque au quotidien, animée par notre collègue AR, qui s'intéresse fréquemment à cette problématique. Rien que cette semaine, il a évoqué les jeunes Tchèques et la connaissance que ceux-ci ont des événements de 1968. Et puis divers aspects de la vie quotidienne des Tchèques sont également régulièrement évoqués dans nos Faits et événements. Rien que pour le mois d'août, nous pourrions citer, par exemple, les changements qui attendent les Tchèques avec l'adoption de la réforme sociale, la consommation d'alcool chez les jeunes, la hausse prochaine des prix des denrées alimentaires, les scouts tchèques ou encore même le surpeuplement du gros gibier dans les bois et forêts du pays. Quant à la rubrique intitulée Le miroir de la société, le phénomène des maisons de campagne y a récemment été évoqué.

Nous remercions les auditeurs qui nous ont envoyé leurs rapports de réception : Kristian Peeters de Belgique, Philippe Obre, Hervé Brien de Talence. Mais aussi Jean Spaeth de Varennes sur Loire qui a complété son rapport d'écoute par une gentille carte du Château de Brézé :

« En juillet, je n'ai pas été beaucoup à votre écoute (...). Ce château près de Saumur a été construit sur une ancienne forteresse datant de 1300 environ. Je l'ai visité il y a quelques jours. La forteresse était bâtie sous terre et pouvait tenir un long siège car tout était aménagé pour résister aux ennemis : boulangerie, écuries, glacière et bien d'autres pièces. Le tout à 20 à 30 mètres de profondeur, curieux à voir. »

En effet, et merci de nous avoir fait partager cette visite... D'autant que les Tchèques sont amateurs de châteaux, ruines et autres forteresses... Le territoire de la République tchèque a beau être peu étendu, il est littéralement quadrillé par les châteaux.