Qui étaient les premières artistes professionnelles en Bohême ? Témoignages...

Château de Roztoky
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Le Musée de la Bohême centrale, situé dans le château de Roztoky, à une quinzaine de kilomètres de Prague, a organisé, cette semaine, une conférence autour des femmes artistes tchèques à la charnière des XIXe et XXe siècles... Retour à l'époque de longues robes lamées en or, de larges chapeaux et de salons tenus par les bourgeoises, retour aux débuts de leur émancipation...

Château de Roztoky
Il ne faut pas chercher loin pour comprendre pourquoi la conférence a eu lieu à Roztoky : cette petite ville charmante doit sa réputation notamment au peintre tchèque, Zdenka Braunerova. Femme artiste, mais aussi femme moderne, peut-être même trop, aux yeux de son entourage, Zdenka a partagé sa vie, au tournant des XIXe et XXe siècles, entre Roztoky, Prague et Paris, dont elle était éperdument amoureuse. Marcela Sasinkova, organisatrice de la conférence :

« Au printemps 2005, nous avons ouvert un atelier qui abrite une exposition permanente, consacrée à Zdenka Braunerova. A l'époque, c'était en réalité son atelier : elle l'a fait construire dans les années 1903-1904 et jusqu'à sa mort, en 1934, il a été un lieu de rencontres de personnalités culturelles tchèques, slovaques, russes, françaises, britanniques... Car Zdena parlait plusieurs langues et entretenait des liens étroits avec un bon nombre d'artistes étrangers dont elle a fait connaissance notamment en France. »

« En inaugurant cet atelier, l'idée nous est venue de convoquer une conférence, dédiée non seulement à Zdena Braunerova, qui n'était qu'une des pionnières de l'art tchèque, mais aussi à d'autres femmes artistes professionnelles de sa génération. Nous avons donc mis sur pied une conférence pluridisciplinaire, qui a rassemblé des archivistes, historiens, historiens de l'art et de la littérature et musicologues. Ce qui a été intéressant, c'est qu'ils ont tous abordé le thème sous des angles différents. »

A Rozoky, on a beaucoup parlé des salons littéraires, mis en place par des familles d'intellectuels pragois : le premier qui vient à l'esprit est celui de la famille de l'homme politique, Frantisek Ladislav Rieger. Un « salon de thé littéraire » assez particulier a été présenté : celui organisé par l'écrivain Tereza Novakova, dans un petit village aux confins de la Moravie qui ouvrait ses portes à ses habitantes, toutes classes sociales et confessions confondues. A la conférence, il a été question aussi d'une pléiade de jeunes femmes tchèques et slovaques, formées au Bauhaus, depuis la fondation de ce célèbre Institut allemand d'arts et métiers, en 1919 à Weimar, et jusqu'à 1933. Surprise pour certains, les épouses d'artistes célèbres n'ont pas été omises : soutenant leurs maris, et reléguées volontairement à la sphère domestique, elles n'ont pourtant pas renoncé à leurs propres ambitions artistiques. Un nom pour tous : Otilka, fille du compositeur Antonin Dvorak et épouse de son disciple Josef Suk, elle-même musicienne et poète.

L'émancipation des femmes artistes tchèques au début du XXe siècle et notamment l'histoire de la première association des femmes à Prague, nommée Americky klub dam, Le Club américain des dames, seront au coeur d'une de nos prochaines émissions.

Auteur: Magdalena Segertová
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