Rappel du 21 août 1968 et la polémique autour de František Kriegel
Le 46ème anniversaire de l’entrée dans l’ancienne Tchécoslovaquie des troupes du Traité de Varsovie. La polémique autour de František Kriegel, le seul membre de la délégation tchécoslovaque emmenée en août 1968 à Moscou à avoir refusé de se soumettre aux injonctions du Kremlin. L’image de l’Afrique dans les médias tchèques en proie à des clichés. Le marché iranien intéresse désormais les exportateurs tchèques. Tels sont les sujets choisis dans la presse écrite et électronique de ces derniers jours.
« 46 ans après cet acte d’agression, nous sommes assez indifférents à l’égard des menaces qui planent sur notre liberté. Nous avons des expériences avec l’occupation du pays par les chars russes, appelée ‘l’aide fraternelle’, et pourtant, l’occupation de la Crimée nous a laissé presque calmes... Ce qui se passe en Crimée et en Ukraine n’est pas loin de nous. De tous les conflits mondiaux, celui-ci nous touche le plus. »
Selon Martin Fendrych, il est bon et nécessaire de se rappeler les événements du 21 août 1968 en regardant les photos de l’époque, avec les chars russes dans les rues des villes tchèques. Et de noter :
« Du coup, le mois d’août 1968 est d’une grande actualité. Nous savons ce que les Russes sont capables de faire. Nos réactions sont cependant indignement matérialistes. Nous avons peur d’affronter le poutinisme, nous craignons de faire des sacrifices. Les réactions aux sanctions à l’égard de la Russie par l’Union européenne sont foncièrement différentes, par exemple, de celle que l’on voit en Allemagne. Nous évaluons surtout les ‘dégâts’de ces sanctions. »
En conclusion, l’auteur du commentaire écrit :
« Tout comme il y a 46 ans, c’est la liberté qui est aujourd’hui en jeu. Nous pouvons facilement la perdre en se transformant, en l’espace de quelques années, d’un pays occidental en un pays oriental. Mais nous, on ne craint pas de perdre notre liberté, mais de ne pas pouvoir exporter en Russie nos fromages. Les Tchèques sont incorrigibles. »
Le psychiatre Cyril Höschl se penche dans une interview publiée sur ce même serveur sur les aspects psychologiques de l’occupation de la Tchécoslovaquie considérant que ses traumatismes influencent la vie duTchèque encore aujourd’hui, plus qu’ils ne veulent l’admettre. Selon ses propres paroles, « il porterait cette expérience perçue comme une injustice historique très dure, dans son for intérieur, jusqu’au bout de sa vie. »
Polémique autour de František Kriegel
Une grande polémique s’est développée ces derniers jours dans les médias autour de František Kriegel. L’homme, connu comme le seul membre de la délégation tchécoslovaque emmenée au lendemain de l’invasion soviétique en Tchécoslovaquie, en 1968, à Moscou, à avoir refusé de se soumettre au diktat du Kremlin et de signer le protocole approuvant l’acte de l’occupatin. La polémique a été provoquée par la décision du conseil municipal du 2ème arrondissement de Prague de ne pas lui octroyer la citoyenneté d’honneur de cet arrondissement, proposée par un conseiller de l’opposition. Le principal argument des conseillers des partis de droite contre cette proposition, c’est que Kriegel était un communiste engagé déjà depuis le coup de Prague de 1948. Parmi les nombreuses réactions à cette décision, voici un extrait de celle de la plume de Zbyněk Petráček, parue dans l’édition de ce mercredi du quotidien Lidové noviny :« Si l’on devait peser la vie et les actes de František Kriegel, alors son acte du mois d’août 1968 où il a pris des risques face aux mitraillettes prévaut hautement sur son échec du mois de février 1948 où il a fait armer les Milices populaires. En 1948, il y en a beaucoup qui ont commis des erreurs, tandis qu’en 1968, il était le seul des élites tchécoslovaques enlevées par les occupants à s’être de son propre gré opposé... Pendant les vingt années suivantes, toute une génération a puisé dans son acte un espoir. Pour elle, Kriegel demeure un héros. »
Rappelons que la Fondation de la Charte 77 décerne chaque année un prix qui porte le nom de František Kriegel. Il récompense le courage de ceux et celles qui luttent pour les droits de l’homme, les valeurs démocratiques, l’impartialité et l’indépendance.
Ecrire autrement sur l’Afrique
Un article publié dans la dernière édition de l’hebdomadaire Respekt s’interroge sur la manière dont les médias tchèques informent des sujets relatifs à l’Afrique. D’après son auteur, le continent africain subit des transformations historiques et, pourtant, les médias tchèques n’en parlent presque pas. Des attaques terroristes, des maladies, des guerres civiles, la faim. Ce sont les sujets qui y prédominent et qui ne présentent pourtant qu’une partie de la réalité, la vie au quotidien, une ville normale et moderne sur le continent africain étant presque ignorée. Tomáš Lindner constate :« L’Afrique vit sa meilleure période depuis l’aquisition de l’indépendance d’une grande partie du continent dans les années 1960. Il est vrai que des conflits sévissent dans certains pays et que l’Afrique demeurera encore longtemps le continent le plus pauvre. D’un autre côté, sept pays africains font partie des dix économies mondiales qui se développent depuis 2000 le plus rapidement. Le taux de pauvreté absolue est en baisse, tandis que la classe moyenne, tout en vivant plus modestement que celle d’Europe, s’élargit... Mais le progrès ne concerne pas uniquement les aspects économiques, mais aussi les aspects démocratiques ».
Ce sont les choses qui sont, selon l’auteur de l’article, presque ignorés par les médias tchèques. Plus loin, il explique pourquoi:
« Les clichés ont une longue vivacité et il faut un certain temps pour les éliminer. Cela est aussi dû au fait que l’agenda international n’a pas la priorité dans la majorité des médias tchèques. En plus, faute de moyens, les médias privés ne peuvent pas se permettre d’envoyer des reporters dans des régions lointaines… Mais l’Afrique n’est pas le seul sujet qui soit traité dans les médias locaux différement que dans les médias occidentaux. Cela concerne aussi, par exemple, les changement climatique, la crise de l’euro et ses solutions, le Proche Orient, l’Union européenne. »
Les médias bien sûr n’existent pas dans la vide, reflétant dans une grande mesure l’intérêt du public qui, comme le souligne l’auteur de l’article, ne s’intéresse guère à ce qui se passe à l’étranger. Et d’émettre l’espoir que la situation va changer avec la génération « Erasmus » qui est liée à l’Europe et au monde beaucoup plus que ses parents.
Le marché iranien – un nouvel espoir pour les exportateurs tchèques
Une des récentes éditions du quotidien Lidové noviny a informé de ce que la Chambre de commerce tchèque prépare, en ce mois de septembre, une première mission d’entrepreneurs tchèques en Iran. Son but consiste à sonder les possibilités qui s’offrent dans ce pays. L’article qui est consacré à ce sujet constate que l’Iran constitue un des marchés permettant des diversifier les exportations tchèques dans une situation où de nombreuses entreprises cherchent, en rapport avec la crise ukrainienne, de nouveaux débouchés. Pour les entrepreneurs tchèques, il s’agit de renouer avec les contacts traditionnnels qui existaient entre les deux pays au XXe siècle. Le journal en rappelle certains moments clés :« Entre les deux guerres, les firmes tchécoslovaques ont fortement contribué à l’industrialisation de l’Iran, qui représentait à l’époque le plus grand partenaire commercial de la Tchécoslovaquie au Moyen Orient. Ce sont notamment des groupes de construction mécanique et de bâtiment qui y ont développé d’importantes activités... »
Cette coopération commerciale ayant été interrompue après la guerre, elle a été rétablie dans la deuxième moitié des années 1960, tant dans l’industrie que dans le domaine culturel, pour être de nouveau étouffée avec la révolution islamique.