Réactions et analyses : un accord symbolique, mais qui doit être étendu à d’autres pays
Le nouveau traité START sur la limitation de l'arsenal nucléaire des Etats-Unis et de la Russie été signé ce jeudi. Cette signature met Prague sous le feu des projecteurs internationaux. Vu de République tchèque, comment perçoit-on cet accord ? Tour d’horizon des commentateurs tchèques.
Un traité qui selon le diplomate tchèque prend d’autant plus d’importance à quelques jours de l’ouverture à Washington d'un sommet sur la sécurité nucléaire, première grande initiative internationale de la présidence Obama, et à quelques semaines de la conférence d'examen du Traité de non-prolifération, en mai. Mais, la signature du traité START II est-il le signe d’une amélioration conséquente des relations entre les deux grandes puissances ? Pas si sûr, d’après Jefim Fištejn, de Radio Free Europe :
« Tout dépend de l’évolution de la situation en Russie. Il faut bien voir que la signature du traité ne signifie pas pour autant sa ratification. En Russie, il ne devrait pas y avoir de problème. Le président du conseil des affaires étrangères de la Douma a dit qu’il pourrait être ratifié d’ici un mois. Aux Etats-Unis, il peut y avoir blocage : au Sénat, il faut 67 voix pour, et ce n’est pas gagné. Mais tout va dépendre de l’harmonisation du traité avec la conception russe de la politique étrangère. Contrairement à la politique nucléaire américaine, la nouvelle stratégie militaire russe prévoit une réplique nucléaire à n’importe quelle attaque de l’extérieur, même avec des armes conventionnelles. »
En somme, derrière les sourires et les flashs de photo, les avis des deux grands continuent de diverger sur l’interprétation même du traité. Jefim Fištejn :
« Il existe un déséquilibre dans les points de vue : la Russie continue d’avoir une conception autoritaire, voire agressive vis-à-vis de ses voisins, avec la possibilité d’utiliser des armes nucléaires, le cas échéant, tandis que les Etats-Unis renonce à ce principe totalement. »
Lukáš Visingr, expert militaire, relève ce qui, selon lui, fait toutefois défaut à la signature de ce traité, et aux paroles exprimées par les deux chefs d’Etat :« La question qui subsiste est la suivante : à quand un accord qui concernera d’autres pays ? Rappelons-nous le discours d’Obama l’an dernier, à Prague : il avait parlé d’inclure d’autres puissances nucléaires dans ce processus de désarmement. Comment on peut le constater et comme le soulignent certains critiques, une fois encore, il ne s’agit que d’une organisation bipolaire du monde. En outre, personne n’évoque la Chine. On suppose qu’elle possède entre 150 et 200 ogives stratégiques. Ce que l’on peut espérer, c’est que la Chine soit amenée à la table des négociations et qu’elle déclare au moins, dans un premier temps officiellement, le nombre de ses ogives nucléaires. »
Un accord historique, donc, mais qui ne peut être qu’une étape dans le cadre du désarmement mondial.