Rebondissement dans l’affaire des deux entomologistes tchèques aux prises avec la justice indienne

L’histoire des deux entomologistes tchèques écroués en Inde pour avoir transgressé les lois indiennes sur la protection de la nature, a pris un tournant spectaculaire. L`un des deux hommes, l’entomologiste Emil Kučera, a refusé d’attendre en Inde l’issue de son procès et s’est enfui. De retour à Prague, il a expliqué à la presse les raisons de son acte.

L’acquittement pour Petr Švácha, trois ans de prison ferme pour Emil Kučera - tels ont été les verdicts de la justice indienne tombés en septembre dernier. Les deux entomologistes avaient été écroués le 22 juin dernier non loin de la réserve naturelle de Singalia, à 90 kilomètres de Darjeeling. La police avait trouvé chez eux deux centaines d’insectes collectés sans autorisation. Les deux hommes affirment cependant dès le début qu’ils ne sont même pas entrés dans la réserve naturelle. Le verdict de septembre a provoqué une vague de soutien pour Emil Kučera notamment dans les milieux scientifiques. L’entomologiste condamné a immédiatement fait appel et a été libéré sous caution. Il explique pourquoi il a finalement refusé d’attendre en Inde l’issue de son procès :

«Nous avons été accusés d’avoir violé deux lois : le ‘Wildlife act 1972 (La loi sur la faune)’ et le ‘Biodiversity act 2002 (La loi sur la biodiversité)’. En ce qui concerne cette deuxième loi, nous ne la connaissions pas et l’avons vraiment transgressée en collectant des insectes en Inde. En ce qui concerne le ‘Wildlife act’ on a utilisé contre nous de fausses accusations que nous ne voulions pas accepter. En tout cas pas moi. (...) Je savais d’avance que si le procès aboutissait à un résultat positif pour moi, en ma faveur, les formalités et la délivrance du passeport ne seraient terminés qu’au mois de février au minimum. Au cas où le résultat du procès serait négatif pour moi, je serais obligé d’y rester au moins jusqu’à la moitié de l’année prochaine. Je ne voulais pas prendre un tel risque. Vu que toute l’affaire est tellement absurde et basée sur de fausses accusations, je n’arrivais même pas à imaginer d’y rester encore si longtemps.»

L’autre entomologiste, Petr Švácha, reste encore en Inde où il règle les formalités nécessaires pour son départ. La longueur et le caractère compliqué de ces formalités étaient pour Emil Kučera une raison de plus pour s’enfuir :

«Je me suis rendu en jeep à un endroit situé à quatre kilomètres de Darjeeling, un endroit que je connaissais. J’ai mis deux heures à passer la frontière du Népal où j’ai poursuivi mon chemin en jeep et puis j’ai pris le bus jusqu’à Katmandou. Là, j’ai été obligé de me rendre au bureau d’immigration où k’on m’a infligé une amende pour être entré au Népal sans visa. Après avoir payé l’amende, j’ai discuté avec des fonctionnaires de Katmandou qui m’ont finalement délivré le visa. Une agence de voyage m’a réservé les places d’avion et je suis revenu à République tchèque, via Bangkok et Francfort sur le Main.»

Emil Kučera a déjà présenté ses excuses à l’Ambassade de République tchèque en Inde car sa fuite risque de provoquer un incident diplomatique. Quelque soit l’issue de son affaire, il semble que son aventure cauchemardesque prenne fin car la Tchéquie n’a pas signé avec l’Inde d’accord sur l’extradition des personnes poursuivies par la justice.