Reconnaissance faciale : la police de Prague veut « ouvrir le débat »

Photo illustrative: Štěpánka Budková

La direction de la police de Prague a demandé à la mairie son accord pour activer le système de reconnaissance faciale sur des caméras placées dans six endroits différents du centre de la capitale tchèque. Une potentielle avancée « orwellienne », qui devra faire d’abord l’objet d’une analyse de la part de l’Office pour la protection des données personnelles (Úřad pro ochranu osobních údajů).

Photo illustrative: Štěpánka Budková,  Radio Prague Int.
Selon le porte-parole de la police municipale, il s’agit seulement « d’ouvrir le débat » sur cette épineuse question de la reconnaissance faciale. Si tel est l’objectif, alors il a déjà été en tout cas partiellement atteint, car la publication de cette information mardi matin par iRozhlas.cz a suscité de multiples réactions.

Petr Hlubuček (STAN), le chef de la commission pour les questions de sécurité à la mairie, a confirmé que la police municipale souhaitait tester ce système controversé, mais que l'Office pour la protection des données personnelles devra d'abord être consulté sur la question :

« Tous les visages seraient scannés et les données seraient envoyées et stockées sans que nous puissions vraiment contrôler comment la police les utilise. Comme il s’agit d’un enjeu très sensible relatif à la protection des données personnelles, nous ne souhaitons pas autoriser ce genre de pratiques de manière illimitée mais seulement dans des cas concrets bien définis liés par exemple au terrorisme ou à des crimes. »

Le conseiller municipal précise que parmi les six différents endroits où la police souhaite utiliser cette nouvelle technologie se trouvent des entrées de métro du centre-ville et la gare centrale.

Petr Hlubuček | Photo: Filip Jandourek,  ČRo
La capitale tchèque est équipée d’un réseau de caméra de surveillance de plus en plus dense et moderne, en surface et sous terre, dans le métro.

Récemment consulté sur la problématique de la reconnaissance faciale pour des cas de hooliganisme dans et à l’extérieur des stades de foot, l’Office pour la protection des données personnelles a déjà rendu un avis défavorable.

Son équivalent français, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), a publié la semaine dernière une note dans laquelle est recommandée une utilisation minimale et très encadrée de la reconnaissance faciale.

La presse tchèque de ce mercredi relève que la technologie fonctionne déjà dans l’aéroport de Prague, où les 145 caméras installées peuvent scanner tous les visages et les comparer avec la base de données des personnes recherchées.

Nombreux sont ceux qui contestent l’efficacité et l’utilité d’une telle technologie. Jan Vobořil est avocat, spécialisé dans les questions de défense de la vie privée :

Photo illustrative: Pixabay,  CC0
« Le nombre de délits est en baisse à Prague, donc il n’y a pas de raison de mettre en place ce système. L’administration doit être prudente en la matière et prendre en compte la subsidiarité dans l’application de nouvelles mesures, pour ne pas que la reconnaissance faciale devienne seulement le jouet grâce auquel la police pourra suivre tout ce qu’elle veut. »

Les récentes manifestations à Hong Kong ont à nouveau mis en évidence le niveau inquiétant atteint par cette technologie utilisée à grande échelle par les autorités chinoises. Le débat sur la reconnaissance faciale est désormais mondial. En Afrique aussi, des caméras intelligentes de reconnaissance faciale sont en train d'être installées par l'entreprise chinoise Huawei dans de nombreux pays.