Après ACTA, le Parti pirate tchèque se mobilise contre INDECT
Une cinquantaine de personnes ont protesté ce samedi à Prague contre le projet européen INDECT, un système de surveillance intelligent qui vise à repérer automatiquement les menaces criminelles à l’aide de la vidéosurveillance. Mais nombreux sont ceux qui y voient surtout une nouvelle menace liberticide, s’inscrivant dans la droite lignée du traité ACTA (Accord commercial anti-contrefaçon), lequel a finalement été rejeté par le Parlement européen au début du mois de juillet. La manifestation, initiée à l’échelle européenne par le mouvement Anonymous, n’a pas manqué de faire référence au roman d’anticipation de George Orwell : 1984 et son fameux « Big Brother is watching you. ».
Il s’agit cette fois-ci d’un nouveau projet de surveillance, initié en 2009 par l’Union européenne et conçu par certaines universités du continent. Le Parti pirate tchèque, à la pointe de la lutte contre le traité ACTA, est l’une des organisations à avoir répondu à l’appel à la manifestation du mouvement Anonymous, appel qui a trouvé un écho dans 41 villes de onze pays d’Europe. Selon le vice-président de ce jeune parti, Mikuláš Ferenčík, il existe une volonté des dirigeants européens d’encadrer les comportements des citoyens :
« Ce projet Indect et les autres systèmes de surveillance qui sont mis en place amènent les gens à plus de conformité, afin qu’ils se comportent comme des moutons de Panurge, qu’ils ne puissent rien faire qui aille à l’encontre des normes dominantes. C’est un problème car on a besoin de gens qui vont à contre-courant. »INDECT signifie « système d’information intelligent soutenant l’observation, la recherche et la détection pour la sécurité des citoyens en milieu urbain ». Il s’agit de repérer automatiquement des évènements dits « anormaux » qui pourraient potentiellement être à l’origine de crimes ou de délits à l’aide des caméras de vidéosurveillance et d’y apporter une réponse mécanique. Pour cela, ce système devrait pouvoir coupler les informations obtenues avec des données du web, les fichiers de la police et les fichiers biométriques. Aussi, Miroslav, l’un des manifestants, craint-il que toutes ces bases de données sur les simples citoyens puissent être utilisées par un pouvoir malintentionné ou tomber entre de mauvaises mains :
« Ces données peuvent facilement être volées à partir de ce système, et être utilisées contre vous. »Pour Ferenčík, il s’agit surtout d’une belle opportunité offerte aux entreprises travaillant dans le domaine de la sécurité. De plus, il doute de l’efficacité de la vidéosurveillance et prend un exemple :
« Trois personnes tombent dans le métro. Un groupe d’une dizaine de personnes se forme autour et la police intervient automatiquement. Et dans le même temps, à l’autre bout de la ville, un crime est commis. Nous ne pensons tout simplement pas qu’il est adéquat de surveiller tout le monde du fait d’une poignée de terroristes qui apparaissent dans la société, qui apparaîtront immanquablement. »
Selon lui, sous prétexte de protéger les populations contre des menaces potentielles contre lesquelles il est très difficile d’agir efficacement, les Etats renforceraient leur contrôle sur les citoyens. Pour les autorités européennes, il n’en est rien puisque le public aurait accès à l’intégralité des données d’un projet qui n’empièterait sur aucun droit fondamental. Près de onze millions d’euros ont été nécessaires au financement de ce système de surveillance que la Commission européenne souhaite voir opérationnel au plus tôt.