Remaniement : la social-démocratie à la recherche d’un second souffle
C’est une réaction à la déroute du principal parti de gauche du pays aux récentes élections régionales, une manière aussi de reprendre des forces dans l’optique des législatives qui se tiendront à l’automne 2017 : le Premier ministre social-démocrate Bohuslav Sobotka a annoncé le départ de son gouvernement, à compter du 30 novembre prochain, du ministre de la Santé Svatopluk Němeček et de celui en charge des droits de l’Homme, Jiří Dienstbier.
Dans leurs analyses, les médias estiment que c’est précisément une stratégie claire et compréhensible pour ses onze derniers mois à la tête du gouvernement qui manque au Premier ministre. « Vu de l’extérieur, nous avons l’impression d’avoir d’ores et déjà Andrej Babiš pour Premier ministre », peut-on lire dans le quotidien économique Hospodářské noviny qui fait allusion au fait que les deux ministres remplacés étaient critiqués surtout par le ministre des Finances Andrej Babiš, dont le mouvement ANO a remporté les élections régionales en octobre dernier.
Depuis les dernières législatives de 2013, la coalition gouvernementale composée du Parti social-démocrate, du Parti chrétien-démocrate et du mouvement ANO avait jusqu’alors été l’objet de quatre remaniements : ceux-ci avaient concerné trois ministres ANO et un ministre social-démocrate. Cette fois, nous assistons à l’entrée au gouvernement du juriste et député social-démocrate Jan Chvojka, pour l’instant très discret sur la scène politique et inconnu du grand public. Jan Chvojka succède, au portefeuille des droits de l’Homme, à Jiri Dienstbier, candidat à la présidence de la République en 2013 et représentant, pour beaucoup, de l’aile libérale et moderne de la social-démocratie. Le Premier ministre Bohuslav Sobotka explique son choix de s’en séparer :« J’aime bien Jiří Dienstbier, mais ce qui posait problème chez lui, c’était le déficit de compréhensibilité de sa politique vis-à-vis de nos électeurs. Nous avons besoin d’une meilleure communication y compris dans le domaine des droits de l’Homme, car du côté de la législation, il ne nous reste plus beaucoup de choses à accomplir. Un changement intéressant, de mon point de vue, a lieu au portefeuille de la Santé. Alors qu’il a été dirigé pendant plusieurs années par des médecins, c’est désormais un économiste, avec une expérience de la Santé publique, qui sera à sa tête. Les priorités de la social-démocratie restent inchangées : nous voulons faire le maximum pour que le système de la Santé publique soit le plus résistant possible auxtentatives de sa privatisation. »
Miloslav Ludvík, qui sera le 22e ministre de la Santé dans l’histoire de la République tchèque, dirige, depuis l’an 2000, le plus important établissement hospitalier dans le pays, l’hôpital universitaire de Motol. La nomination de Miloslav Ludvík au poste de ministre constitue une surprise, son nom restant associé à une affaire très médiatisée et qui date de 2011 : dans une vidéo affichée sur le site YouTube, le directeur de l’hôpital de Motol parlait alors très ouvertement de pratiques de corruption dans le milieu hospitalier.Le Premier ministre Bohuslav Sobotka a laissé entendre que d’autres changements au sein de son cabinet, qui ne se limiteraient pas à la social-démocratie, pourraient suivre. Les médias évoquenet notamment le ministre des Transports, Dan Ťok du mouvement ANO, et le ministre chrétien-démocrate de la Culture, Daniel Herman.