Retraites : le second pilier n'a pas convaincu les Tchèques
C’était l’une des mesures phares de l’ancien gouvernement Nečas : la promotion d’un second pilier du système de retraites, basé sur la capitalisation, et censé s’adapter à la problèmatique du vieillissement démographique dans un contexte de crise économique persistante. Les Tchèques n’ont visiblement pas été convaincus.
Pour souscrire auprès de fonds de pension privés, les personnes intéressées doivent y transférer 3 % de leur assurance sociale et cotiser au moins deux points supplémentaires de leur propre poche. Mais les Tchèques se montrent peu enclins a déposer leur argent chez ces compagnies. Le gouvernement tablait sur l’inscription d‘un demi-million de personnes six mois après l’entrée en vigueur de ce nouveau système. Aujourd’hui, ce sont seulement 32 000 personnes qui ont rejoint le deuxième pilier. L’une des principales sources de réticence est l’impossibilité d’en sortir jusqu’à la retraite. La coalition gouvernementale considérait que cette réforme était avantageuse au moins pour la moitié de la population, mais selon les spécialistes, ce sont surtout les hommes de 20 à 30 ans disposant de revenus confortables qui ont manifesté un intérêt.
Economiste à l’institut CERGE, Jiří Šatava considère que ce système s’adresse avant tout aux jeunes gens :« Plus vous êtes jeune, plus les limites du revenu mensuel nécessaire pour rejoindre le second pilier diminue. Pour les jeunes de 20 à 25 ans, c’est autour de 13 500 couronnes. Pour les personnes atteignant la cinquantaine, ce revenu serait de l’ordre de 30 000 à 40 000 couronnes. Cela veut dire que pour les hommes qui rejoignent ce système à vingt ans, il peut y avoir un bénéfice très important. »
L’opposition sociale-démocrate n’a jamais contesté la nécessité d’une réforme des retraites mais s’oppose au système par capitalisation et a annoncé vouloir revenir sur cette mesure si elle accédait au pouvoir. A l’heure actuelle, il y a un 1,8 actif pour un retraité. En 2050, ce chiffre sera descendu à 1,2. Mais il faut en même temps aussi prendre en compte l’augmentation de la productivité. L’échec de la mise en place d’un second pilier par capitalisation dans des pays comme les Pays-Bas ou la Hongrie a conduit ces derniers à faire machine arrière et tenter de renforcer le système par répartition.
Selon Roman Sklenák, ministre du Travail et des Affaires sociales du cabinet fantôme de la social-démocratie, la préservation de la retraite par répartition est en jeu :« Le gouvernement prétend s’efforcer de stabiliser le système de retraite, mais il fait tout le contraire. La population vieillit en effet, mais ce second pilier ne résout rien. Notre priorité n’est pas d’en finir avec le système par répartition. C’est le problème de cette réforme des retraites. De plus en plus de gens vont entrer dans le second pilier, et vont donc quitter le système par répartition. Pour les retraités actuels et futurs, le système leur rapportera moins d’argent. »
La fin progressive du système par répartition pourrait gravement toucher les catégories sociales fragiles.