Roland-Garros : la belle histoire se poursuit, Šafářová en finale !
Lucie Šafářová n’en finit pas de surprendre son petit monde aux Internationaux de France de tennis. Après avoir sorti la tenante du titre Maria Sharapova en huitièmes de finale, elle s’est offert, jeudi, en demi-finales, une nouvelle victoire en deux sets (7-5, 7-5) contre une autre ancienne gagnante du tournoi, la Serbe Ana Ivanovic. A 28 ans, Lucie Šafářová disputera ainsi, ce samedi, la première finale d’un tournoi du Grand Chelem de sa carrière. La première aussi d’un Tchèque à Roland-Garros depuis Petr Korda en 1992 et la première d’une joueuse tchèque depuis Hana Mandlíková en 1981.
Mais après des débuts pusillanimes, grâce à son coup droit puissant de gauchère et son service de plomb, la native de Brno a refait surface de façon spectaculaire. Remportant les échanges clefs, elle a repris sa consistance et ses esprits alors que de l’autre côté du filet, la fébrilité gagnait peu à peu la Serbe. En alignant cinq jeux d’affilée, Šafářová s’est finalement offert le gain du premier set (7-5) et refait le plein de confiance, comme elle l’a expliqué après le match :
« Il m’a fallu un peu de temps pour bien rentrer dans le match, tandis qu’Ana, elle, a tout de suite bien joué. Mais j’ai trouvé mon rythme progressivement et à temps pour la breaker et remporter le premier set. A cinq-quatre dans le deuxième set, j’ai pris conscience que je servais pour le gain du match et que je touchais mon rêve du doigt. Beaucoup de choses me sont passées par la tête, j’ai été un peu nerveuse et j’ai perdu mon service. Mais j’ai su rapidement me ressaisir pour quand même conclure le match. »
Trois balles de match pour venir à bout de la Serbe
La joueuse tchèque, assurée d’intégrer le Top 10 mondial à compter de lundi, n’a pas laissé Ivanovic reprendre ses esprits à l’entame du deuxième set. Tranchante, Šafářová a remporté ses mises en jeu et n’a pas raté l’occasion de breaker la Serbe à trois jeux à un. Désemparée, Ana Ivanovic a semblé s’étioler et finalement déjouer… De son côté, Lucie Šafářová a maintenu le rythme et contrôlé son avantage. Un grain de sable éphémère a enrayé la machine à cinq jeux à quatre lorsqu’elle gâchait sa première balle de match par une double faute avant de se faire débreaker par Ivanovic. Mais à cinq jeux partout, la Tchèque n’a pas tremblé et s’est tout de suite ressaisie en reprenant le service de son adversaire. Après une heure et quarante-huit minutes de bataille, il ne lui restait alors plus qu’à gagner son service pour réaliser son rêve. Obtenant deux balles de match supplémentaires, Šafářová concluait sur la seconde, histoire de jouer un peu plus avec les nerfs de son entraîneur canadien Rob Steckley (7-5). La légendaire Martina Navrátilová est revenue sur ce succès et a donné son analyse :« Elle a joué de façon fantastique, comme depuis le début du tournoi. Ses balles sont plus hautes et plus longues, et Lucie varie bien son jeu. Ses adversaires ne savent pas à l’avance ce qu’elle va faire. Elle a beaucoup amélioré son coup droit et, surtout, non seulement elle sait ce qu’elle veut faire sur le terrain, mais elle parvient à l’appliquer. »
Tout aussi emballée par la prestation de sa compatriote, Jana Novotná, victorieuse de Wimbledon en 1998 et actuellement commentatrice pour la BBC, s’est montrée très enthousiaste :
« C’était un beau match à commenter avec beaucoup d’intensité et un renversement de situation dans le premier set, alors que Lucie avait raté son entame et était peut-être un peu paralysée par l’enjeu. Mais le plus marquant reste sa performance d’ensemble, sa concentration et la manière avec laquelle elle a conclu le match. Je suis sincèrement très heureuse pour elle. Lucie a toujours été très régulière. Cela fait déjà quelques années qu’elle se situe parmi les vingt-cinq premières au classement mondial, mais il lui manquait un coup d’éclat, une grande performance qui reste gravée dans la mémoire des gens et dans l’histoire du tennis féminin. Et c’est exactement ce qu’elle est parvenue à faire ici. »A l’issue de cette demi-finale, Šafářová demeure la seule joueuse à ne pas avoir concédé le moindre set depuis le début du tournoi. Et si cette invincibilité se poursuivait le temps d’un ultime match ? Seulement, en finale samedi après-midi, elle retrouvera un monument du tennis féminin : Serena Williams. Une montagne qui n’effraie pas forcément la Tchèque :
« Bien sûr que j’y crois. L’idée sera de profiter au maximum de ce moment exceptionnel pour ne pas avoir de regrets. Parvenir jusqu’en finale est déjà un grand succès, car cette demi-finale n’était pas simple à gérer émotionnellement. Je suis fière d’avoir su garder ses nerfs et d’avoir gagné de cette manière-là. »
L’Américaine de 33 ans est l’actuelle numéro un mondiale et son palmarès, long comme le bras, comporte dix-neuf Grands Chelems, dont deux sacres à Roland-Garros en 2002 et 2013. Moins souveraine qu’à l’accoutumé et grippée, Serena Williams a néanmoins laissé entrevoir quelques faiblesses en laissant filer un set contre la Suissesse Timea Bacsinszky avant de reprendre les commandes de l’autre demi-finale. Une impression confirmée par Martina Navrátilová au micro de la Radio tchèque :
« Serena est la numéro un. Elle joue le meilleur tennis au monde et ce n’est pas un hasard si elle a remporté autant de titres du Grand Chelem depuis le début de sa carrière. Serena perd rarement une finale, mais… qui sait ? En tennis, tout est possible. »Désormais rompue à l’élimination d’anciennes gagnantes du tournoi (Sharapova et Ivanovic), Lucie Šafářová devra accrocher un troisième scalp de prestige à sa ceinture pour espérer ramener le Saladier d’argent tant convoité que seule Hana Mandlíková a remporté depuis 1981…