Rostislav Osicka
Rostislav Osicka, boxeur poids welter, puis poids moyen, médaille de bronze au Championnat d'Europe, à Cologne, en 1979, champion de la Tchécoslovaquie, puis de la République tchèque, à quatre reprises, est renommé pour son redoutable crochet du droit. Au cours d'une carrière longue de quatorze ans, il a gagné plus de la moitié des quelque 300 combats auxquels il a participé. De pair avec Julius Torma, le champion olympique Bohumil Nemecek, Josef Nemec, Rudolf Kraj et Lukas Konecny, il fait partie des plus grandes figures du ring tchécoslovaque.
Rostislav Osicka, dit Rosta, passe son enfance dans un petit village pittoresque de la Moravie du sud, où il est né le 15 octobre 1956. Sa mère travaillait dans le secteur agricole et son père était fondeur. Mais quelle est la force motrice qui le pousse à monter sur un ring ? Rosta a quinze ans lorsqu'il se fait passer à tabac par des garçons beaucoup plus âgés. Il ressent le besoin d'être plus fort pour résister aux agressions et décide donc de devenir boxeur. Rosta commence à s'entraîner deux fois par jour, dans un club de boxe à Hodonin, ville en Moravie du sud.
Parallélement, il étudie au Centre d'enseignement spécialisé, également à Hodonin. Ensuite, il boxe pour l'Equipe nationale slovaque à Skalice, pendant une année et commence son service militaire. Au cours de celui-ci, il fait partie de l'union sportive de l'armée Dukla Olomouc, en tant que représentant de la Tchécoslovaquie. C'est la période de ses plus grandes victoires. Le boxeur livre alors des matches en Suède, Turquie, Finlande, Danemark, à Hambourg - où il se fait d'ailleurs casser le nez par son adversaire - en Corée, à Cuba, dans pratiquement tous les pays de l'ancien bloc de l'Est, mais aussi en France. Le pays du coq gaulois le marquera beaucoup. Montmartre, la façon de vivre des Français, l'art, la culture et un petit faible pour Edith Piaf.
Une carrière prometteuse se dessine devant le jeune boxeur, mais le destin lui fera faux bond ! En 1981, Rosta se prépare à un championnat d'Europe, en Finlande. Avant de rejoindre l'équipe pour un stage d'entraînement, près de Prague, il décide de passer deux jours dans la capitale. En s'y promenant au milieu de la nuit avec ses amis, il tombe sur deux filles qui se font agresser. Rosta et ses amis prennent leur défense. L'un des agresseurs reçoit une redoutable droite de R. Osicka en pleine figure. Le coup violent fait éclater l'arcade sourcillière, causant une grave blessure. Le boxeur est reconnu par l'agresseur. Cet incident brisera sa carrière ! Il est tout d'abord interdit de compétition à perpétuité, avant que la sanction ne soit réduite à un an et un mois. Le champion de Tchécoslovaquie reste au sein de l'armée, mais est exclu du club, réduit à un travail d'officier de service, par exemple. Rosta tombe dans la déprime, il se sent humilié et à bout. C'est à ce moment que vient le salut ! Frantisek Capl, entraîneur de boxe à Uhelne sklady - Prague, l'une des unions sportives les plus prestigieuses du pays, lui propose un engagement. Rosta n'hésite pas car il veut prouver de quoi il est encore capable sur un ring ! La capitale est quelque chose de nouveau pour lui.
Il s'y sent perdu et dérouté. Pas d'amis, un terrain inconnu, incertain, pouvant vaciller à tout moment. Une pièce minable et délabrée, prêtée par l'union Uhelne sklady, lui sert de logement. Un manque d'argent le pousse à livrer du charbon et à faire d'autres travaux de ce genre. Puis tout change ! Un ami, le peintre Vaclav Kovarik, lui présente beaucoup de gens, notamment du milieu artistique, ainsi que Jaroslav Tomsa, ex-boxeur et chef de l'équipe tchèque des cascadeurs, qui lui font découvrir les moeurs à de la capitale. Il boxe tout de même au niveau professionnel, mais désormais ne fera plus jamais partie de l'équipe nationale. Parmi ses matches de l'époque, retenons le 300ème, contre Miroslav Valtyr, champion de Tchécoslovaquie et excellent boxeur. Durant le combat, Rosta utilise surtout sa gauche, car les os de sa main droite ont été brisés lors d'un accident. C'est pourtant par son fameux crochet du droit qu'il envoie le champion au tapis. Peu après, il en termine avec la boxe professionnelle. Pendant un certain temps, il sera employé comme videur et garde du corps dans des salles de jeux clandestines. Puis il se lance dans une carrière d'entraîneur et fonde sa propre école de boxe OSA.
Il remonte sur le ring en 1995 ! R. Osicka réagit à une proposition intéressante de l'agence O.K.-K.O. Un match contre Youri Krivorucko, champion de boxe de Biélorussie et champion du monde de kickboxing. En douze ans de carrière, le Biélorusse n'a subi que sept défaites en 127 combats ! Sachant qu'il aura à faire face à un adversaire redoutable, R. Osicka s'entraîne pendant une année. Le match a lieu en décembre 1996 dans la salle des Congrès, au Palais de la culture, à Prague. Parmi les autres kickboxers présents à la réunion, le champion d'Europe Tomas Peterac contre le Français Tony Moreno. Les supporters de Rosta viennent de tout le pays ! Le premier coup de gong retentit ! Les deux adversaires se ruent au combat ! Rosta est défavorisé par son épaule droite, mal remise après une blessure précédente. Il ne touche pratiquement pas son adversaire avec sa droite. Résultat : R. Osicka est mis K. O au quatrième round. Ce sera alors son dernier match. Mais on ne sait jamais !
Actuellement, Rosta Osicka, que l'on peut souvent rencontrer au Box bar, lieu de réunion des boxeurs, près de la place Venceslas, entraîne les jeunes boxeurs au club, à son école OSA, tourne des spots avec des compagnies cinématographiques étrangères, ainsi que des scènes pour cascadeurs avec la société FILMKA. Marié depuis dix ans, il est père de Klaudie, neuf ans. Il est plutôt surprenant qu'un champion de boxe compose et publie des poèmes et fait également de la peinture. En somme, un dur au coeur tendre !