Rusalka, un opéra populaire

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Une immense foule a assisté, ce dimanche, à la représentation de l'opéra Rusalka (L'Ondine) d'Antonin Dvorak, donnée dans l'amphithéâtre naturel de Divoka Sarka près de Prague. Les spectateurs ont applaudi debout les chanteurs, dont quelques membres du Théâtre national de Prague, le choeur et l'orchestre dirigés par Jan Chalupecky. L'entrée a été libre.

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C'est une tradition vieille d'un siècle. Déjà en 1913, l'homme d'affaires Antonin Fencl, le chanteur du Théâtre national Emil Pollert et le dramaturge Jaroslav Kvapil ont fondé dans la charmante vallée de Divoka Sarka tout près de la capitale tchèque un théâtre à ciel ouvert. Et c'était la Fiancée vendue de Bedrich Smetana qui a inauguré une série de productions en plein air dans un beau cadre naturel qui allait durer neuf saisons. La dernière représentation a été donnée en 1922 et depuis ce temps-là le théâtre fermé est tombé en ruines. Ce n'est qu'en 2005 qu'on a ressuscité ce vieux projet et rappelé à la vie l'amphithéâtre envahi par la broussaille.
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En 2005 et 2006 on y a donné, tradition oblige, la Fiancée vendue de Bedrich Smetana. L'année dernière, le spectacle a attiré quelque 7500 personnes et les organisateurs ont décidé donc de continuer. Ce dimanche, le nombre de spectateurs venus pour assister à la représentation de l'opéra Rusalka d'Antonin Dvorak a été évalué à 12 000. Jana Divisova de l'équipe de l'organisation du projet estime qu'un tel intérêt du public démentit quelques idées reçues :

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« Les gens peuvent partir ou arriver quand ils veulent. Mais nos expériences démontrent que le nombre de spectateurs ne cesse d'augmenter et de nouveaux spectateurs arrivent au cours du spectacle. Les sponsors de cette production nous ont demandé de raccourcir l'opéra parce qu'ils croyaient qu'après vingt ou quarante minutes il n'y aurait plus personne. Mais c'était tout à fait le contraire. Même si l'opéra durait cinq heures, le nombre de spectateurs ne ferait qu'augmenter. »

Assis par terre, sur des souches, sur des chaises pliantes ou sur des branches d'arbres, ils ont assisté à un spectacle qu'ils n'iraient pas voir dans un théâtre classique. Selon l'organisatrice du projet Renée Nachtigallova, c'est pourtant un public potentiel de l'opéra :

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« Nous avons pu constater lors des deux productions de La fiancée vendue de Bedrich Smetana, l'année dernière et il y a deux ans, qu'il y avait beaucoup de gens qui aimeraient aller au théâtre, mais leur situation matérielle ne le leur permettait pas. Et je crois que tout le monde mérite un peu de musique vivante et un contact avec des artistes. Et quand vous voyez la réaction des gens, leur joie et parfois même leurs larmes aux yeux, vous vous dîtes que cela vaut la peine. »

Hommes et femmes, adultes et enfants, jeunes et retraités, ils ont suivi avec beaucoup d'attention l'histoire tragique de la fée des eaux qui a pris un corps humain pour pouvoir aimer un prince ingrat. Ils ont tous démontré que l'opéra, spectacle de luxe pour les couches privilégiées, est aussi un art populaire.