Ruzena Vackova : le centenaire d'une femme tchèque remarquable

Ruzena Vackova

Cent ans s'écoulent depuis la naissance de Ruzena Vackova : une femme remarquable à un destin hors du commun... Alena Gebertova.

Ruzena Vackova
Ruzena Vackova n'est pas très connue des Tchèques. Pourtant, sa vie, son destin, son intelligence, son dévouement et son courage la rangent parmi les femmes tchèques les plus intéressantes du vingtième siècle. Professeur d'archéologie classique et historienne d'art, Ruzena Vackova est née, en 1901, dans la petite ville de Velke Mezirici. Entre les deux guerres, elle est l'une des plus intéressantes figures du milieu intellectuel de Prague. Elle enseigne, écrit des études, publie des textes et des critiques. Elle a des contacts avec les plus grands esprits de l'époque. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle s'engage dans des activités clandestines. Arrêtée en février 1945, elle échappe de justesse à la mort. Son frère et son beau-frère ont eu moins de chance : ils avaient été exécutés quelques mois avant. Le temps de respirer et de travailler librement, après la guerre, est court. Ruzena Vackova est nommée professeur extraordinaire de la Faculté des lettres à l'Université Charles. Elle est la seconde femme dans le pays a bénéficier de ce grade pédagogique. En février 1948, elle est la seule parmi les professeurs à participer à la fameuse manifestation anticommuniste d'étudiants. L'interdiction d'enseigner suit peu après. Le 22 février 1952, Ruzena Vackova est arrétée. Lors d'un monstrueux procès politique tenu à Brno, elle est accusée d »espionnage au profit du Vatican et des Etats-Unis... et de préparatifs de haute-trahison ». Le verdict est dur : 22 ans de prison. Elle en purge 14, dans des prisons les plus lourdes du pays, pour être libérée à la veille du Printemps de Prague, en 1967. Dans les années de la normalisation communiste, Ruzena Vackova, de nouveau, ne s'incline pas. Elle signe la Charte 77, principal manifeste d'opposition contre le régime. Elle écrit des travaux scientifiques... Elle s'éteint à l'âge de 81 ans. L'ordre Tomas Garrigue Masaryk in mémoriam lui est décerné au début des années quatre-vingt-dix.

Deux ouvrages, publiés durant la dernière décennie, ont fait connaître Ruzena Vackova du public tchèque. « Le silence avec échos » est un menu livre, composé de lettres que leur auteur adressait de la prison communiste à ses deux neveux. L'autre comporte les conférences qu'elle donnait en prison à ses consoeurs dans le malheur et dont une grande partie a pu être conservée. « S'instruire, c'était une façon de maintenir son intégrité morale », dira plus tard l'une d'entre elles... Une preuve, aussi, de la force d'esprit et de caractère de Ruzena Vackova et des femmes en détention avec elle.