La deuxième édition du Grand Prix cycliste de Prague s'est soldée, mercredi, par un fiasco sans précédent. Bien que présentes dans la capitale, les principales têtes d'affiche du critérium disputé sur la place Venceslas, parmi lesquelles l'Allemand Jan Ullrich, troisième du dernier Tour de France, ont refusé de prendre part à la course pour ne pas avoir reçu les cachets qui leur avaient été promis par les organisateurs avant le départ.
(De gauche à droite) Ondrej Sosenka, Jan Ullrich et George Hincapie avant le Grand Prix cycliste de Prague, photo: CTK
A 17H30, horaire prévu pour le départ de la course, les milliers de spectateurs massés derrière les ballustrades installés tout le long de la place Venceslas se grattaient la tête se demandant où étaient passées quelques-unes des plus grandes vedettes du cyclisme international. Finalement, près de trois-quart d'heure plus tard, ils n'étaient que 27 parmi la cinquantaine de coureurs qui devaient initialement constituer le peloton du Grand Prix de Prague à s'élancer sur la longue avenue de 750 m, artère principale de la capitale tchèque. Avant cela, dans l'après-midi, Jan Ullrich, l'Américain George Hincapie, vainqueur de deux étapes cette année sur la Grande Boucle, l'Espagnol José Luis Rubiera, autre équipier de Lance Armstrong, ou encore le sprinter Jan Svorada, avaient fait part aux organisateurs de leur refus de participer à un critérium dont Lance Armstrong, en personne, avait été la grande attraction l'an dernier devant plus de 25 000 spectateurs.
Ondrej Sosenka au Grand Prix cycliste de Prague, photo: CTK
Arrivé peu après midi avec sa nouvelle petite amie à l'aéroport de Ruzyne, Jan Ullrich s'était montré souriant et disponible au moment de la conférence de presse en début d'après-midi. Aux journalistes tchèques, il avait même fait part de son désir d'aller boire une bière le soir après la course et de visiter la ville. Le vainqueur du Tour 1997 était alors encore loin de se douter de ce qui l'attendait. Deux heures avant le départ, alors qu'il se reposait dans sa chambre d'hôtel, les organisateurs lui annoncaient, en effet, qu'ils ne disposaient pas de l'argent destiné à lui régler le montant du cachet (environ 60 000 euros selon la presse tchèque) convenu entre les deux parties au moment de la signature du contrat. Après des négociations tendues entre son manager et les organisateurs, le coureur allemand décidait logiquement de ne pas participer au critérium, comme l'a expliqué, très embarrassé, le directeur de la course, Martin Dvorak :
« Dans ce conflit, il ne s'en est retourné que d'une seule chose, à savoir que Jan Ullrich exigeait de recevoir son cachet avant le début de la course, ce qui était effectivement convenu entre nous. Je me suis efforcé de lui fournir des garanties selon nos possibilités. Je lui ai assuré que cet argent lui serait versé au plus tard dans les deux jours à venir, malheureusement cela n'a pas suffi à le dissuader et à le faire changer d'avis. »
L'affaire devrait donc se poursuivre devant les tribunaux et l'avenir du critérium semble désormais très menacé par le manque de sérieux des organisateurs. La plupart des autres coureurs venus à Prague spécialement pour l'occasion ayant suivi Ullrich dans sa décision, seuls vingt-sept coureurs, dont le nouveau recordman de l'heure Ondrej Sosenka, ont donc participé au Grand prix remporté, pour l'anecdote, par l'Italien Gilberto Simoni, vainqueur du Giro d'Italie en 2001 et 2003.